Bolsonaro, rentré au Brésil, veut diriger l’opposition de droite
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Anthony Boadle et Ricardo Brito
BRASILIA (Reuters) – L’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro est rentré jeudi au Brésil, après trois mois d’exil aux Etats-Unis, et a été accueilli à l’aéroport de Brasilia par des centaines de partisans scandant « légende », avant de prendre part d’emblée à des réunions avec le Parti libéral auquel il est affilié.
Un membre du gouvernement du président de gauche Luiz Inacio Lula a qualifié de « flop » l’arrivée de l’ancien dirigeant, alors que les forces de l’ordre anticipaient un nombre bien plus important de ses partisans à l’aéroport de la capitale. Il a dit y voir le symbole du mauvais leadership de Jair Bolsonaro.
S’il n’a jamais reconnu sa défaite à l’élection présidentielle d’octobre dernier – un scrutin qui a divisé encore davantage le pays -, Jair Bolsonaro a promis de mener l’opposition, accentuant la pression sur l’administration Lula.
Dans une vidéo diffusée en direct depuis le siège du Parti libéral, l’ancien officier de l’armée a déclaré que les conservateurs contrôlaient le Congrès et que le gouvernement minoritaire de Lula ne serait pas en mesure « de faire ce qu’il veut avec l’avenir de notre pays ».
Il s’est aussi défendu d’avoir conservé sans les déclarer des bijoux d’une valeur de 3,2 millions de dollars offerts par le roi d’Arabie saoudite, un scandale qui a terni l’image de politicien irréprochable qu’il a toujours voulu renvoyer.
Jair Bolsonaro s’est exilé en Floride deux jours avant la cérémonie d’investiture de Lula le 1er janvier, disant avoir besoin de repos. Ses détracteurs lui ont reproché d’avoir fui le Brésil à cause des nombreux enquêtes judiciaires le visant.
Ces enquêtes portent principalement sur les accusations de défaillances du système de vote formulées sans preuve par Jair Bolsonaro et sur le rôle qu’il aurait joué dans les attaques contre les lieux du pouvoir à Brasilia, dans la foulée de la prise de fonction de Lula, en incitant ses partisans à la révolte.
Il a de nouveau rejeté mercredi toute orchestration de ces troubles, déclarant que les émeutes ont été spontanées et non pas, comme l’assurent ses détracteurs, une manière de mettre la pression sur l’armée pour qu’elle se retourne contre Lula.
Jair Bolsonaro, qui a pour modèle politique l’ancien président américain Donald Trump, a participé plus tôt ce mois-ci à une conférence de conservateurs à Washington lors de laquelle il a mis en doute les résultats de l’élection présidentielle d’octobre, remportée de peu par Lula, et dit que sa mission au Brésil n’était « pas encore terminée ».
Ce retour au pays était impatiemment attendu par le chef de file du Parti libéral, Valdemar Costa Neto, qui veut que Jair Bolsonaro soit la figure de proue du parti en vue des élections municipales de l’an prochain. Il compte notamment sur la capacité de l’ancien président à rassembler les foules et alimenter un sentiment anti-Lula.
Des analystes politiques estiment toutefois qu’il ne sera pas simple pour Jair Bolsonaro de mobiliser les 58 millions d’électeurs qui l’ont soutenu l’an dernier, alors que plusieurs de ses rivaux potentiels à droite jouissent de mandats publics et que son image a été ternie auprès du centre-droit par les émeutes de janvier.
(Reportage Anthony Boadle et Ricardo Brito; version française Jean Terzian, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)
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