Birmanie: L’armée suspend des textes encadrant les forces de sécurité
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.La junte au pouvoir en Birmanie a annoncé samedi la suspension de plusieurs articles de loi encadrant les activités des services de sécurité et ordonné l’arrestation de figures du mouvement de protestation contre le coup d’Etat du 1er février.
Ces annonces sont intervenues au huitième jour des manifestations dans plusieurs villes du pays contre le putsch et l’assignation à résidence de la dirigeante élue Aung San Suu Kyi, qui ont brutalement interrompu la transition démocratique entamée en 2011.
Un communiqué signé par le général Min Aung Hlaing ordonne la suspension de l’application de trois articles des lois « protégeant la vie privée et la sécurité des citoyens ».
Les articles concernés portent entre autres sur l’obligation d’une décision judiciaire pour toute détention de plus de 24 heures et sur les conditions dans lesquelles les forces de sécurité peuvent pénétrer dans un lieu privé pour des perquisitions ou des arrestations.
Leur suspension permet aussi aux autorités de surveiller toutes les communications privées.
Le communiqué ne précise pas la durée de cette suspension.
Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues samedi pour dénoncer notamment les arrestations de critiques de la junte.
Des manifestations importantes ont eu lieu à Rangoun, la capitale économique, à Naypyitaw, sa capitale administrative, à Mandalay, la deuxième ville du pays, et dans plusieurs autres villes.
SEPT OPPOSANTS VISÉS PAR DES MANDATS D’ARRÊT
L’armée a émis des mandats d’arrêt contre sept personnalités d’opposition en arguant de leurs déclarations sur les réseaux sociaux. Parmi les personnes visées figure Min Ko Naing, 58 ans, qui a passé en prison la majeure partie de la période 1988-2012 et est aujourd’hui l’un des principaux promoteurs du mouvement actuel de protestation et de désobéissance civile.
Reuters n’a pas été en mesure d’entrer en contact avec lui dans l’immédiat.
Le bureau des droits de l’homme des Nations unies a déclaré vendredi que plus de 350 personnes, parmi lesquelles des responsables politiques, des militants et des religieux, avaient été interpellées en Birmanie depuis le coup d’Etat.
La journaliste Shwe Yee Win, qui avait diffusé des informations sur les manifestations à Pathein, une ville de l’ouest du pays, a été interpellée par des policiers et des militaires jeudi et ses proches n’ont pas de nouvelles d’elle depuis, ont rapporté son site internet, TimeAyeyar, et sa mère.
Les autorités n’ont pas répondu à une demande de commentaire.
Le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a adopté vendredi une résolution appelant la Birmanie à libérer Aung San Suu Kyi et les autres responsables placés en détention ainsi qu’à s’abstenir de toute répression violente des manifestations.
Thomas Andrews, rapporteur spécial, a déclaré lors d’une session extraordinaire du forum que le Conseil de sécurité de l’organisation devait envisager des sanctions et un embargo sur les armes.
Myint Thu, l’ambassadeur birman à l’Onu à Genève, a déclaré lors de la même session que la volonté de son pays n’était pas d’interrompre « la transition démocratique naissante » et assuré qu’il poursuivrait la coopération internationale.
(Bureaux de Reuters, édité par Matthew Tostevin, version française Marc Angrand)