Après Alep, les rebelles s’emparent de Hama dans le centre de la Syrie
par Suleiman Al-Khalidi et Timour Azhari
AMMAN (Reuters) – Après Alep le 1er décembre, les rebelles ont conquis jeudi la ville de Hama dans le centre de la Syrie, nouveau revers cuisant pour le régime de Bachar al Assad et ses alliés russe et iranien.
En treize ans de guerre civile, depuis 2011, la rébellion n’avait jamais réussi à s’emparer de cette localité stratégique verrouillant l’accès à Homs et Damas plus au sud.
Face à l’avancée éclair des groupes rebelles, coalition hétéroclite dominée par les islamistes de la Hayat Tahrir al Cham (HTC), l’ancienne branche syrienne d’Al Qaïda, l’armée syrienne a annoncé qu’elle se redéployait hors de la ville « afin de préserver les vies civiles et éviter le combat urbain », après ce qu’elle a qualifié d’intenses affrontements.
Des combats acharnés ont bien été signalés ces deux derniers jours à la périphérie de Hama mais la bataille a pris fin dans les heures qui ont suivi l’entrée des rebelles dans la ville.
Des insurgés ont été filmés jeudi soir en train de célébrer leur victoire dans les rues de Hama en tirant des coups de feu en l’air. La chaîne Al Jazeera a diffusé les images de certains d’entre eux juchés sur des véhicules militaires ou circulant à vélomoteur.
Partie de son bastion du nord-ouest de la Syrie, la rébellion s’était déjà emparée en quelques jours de la grande ville d’Alep plus au nord, illustrant la fragilité du régime de Damas depuis les coups portés depuis septembre par Israël à son allié le Hezbollah libanais pro-iranien.
La Russie, autre soutien indéfectible de Bachar al Assad pendant la guerre civile, est occupée par le conflit en Ukraine.
Dans un message vidéo annonçant la prise de contrôle de Hama par les insurgés, le commandant rebelle Abou Mohamed al Golani, chef de la HTC, a lancé un avertissement à un autre allié du gouvernement syrien, le Hachd al Chaabi, coalition de milices chiites irakiennes pro-iraniennes, dont certains combattants seraient entrés en début de semaine en Syrie.
Le Hachd al Chaabi dit avoir mobilisé des hommes le long de la frontière avec la Syrie pour des raisons purement préventives, afin d’éviter que le conflit ne déborde en Irak.
« Nous exhortons à nouveau (le Premier ministre irakien) à tenir l’Irak à distance de cette nouvelle guerre », a-t-il déclaré.
HOMS COMME NOUVEL OBJECTIF
Les rebelles visent désormais la capture de Homs, 40 km plus au sud, qui priverait le régime de Damas de tout accès à la Méditerranée et sa région côtière, fief de la minorité alaouite du clan Assad, où la Russie dispose d’une base navale (Tartous) et d’une base aérienne (Hmeimim près de Lattaquié).
« Assad ne peut plus s’offrir de perdre quoi que ce soit d’autre. La grande bataille à venir est celle de Homs. Si Homs tombe, on pourra parler d’un potentiel changement de régime », déclaré Jihad Yazigi, rédacteur en chef de la lettre d’information Syria Report.
Hama est un bastion historique de l’opposition à la dynastie des Assad. Hafez al Assad, le père de Bachar mort en 2000, y avait ordonné l’écrasement d’une révolte organisée par les Frères musulmans en 1982, avec un bilan de 10.000 morts en trois semaines.
Un événement auquel Abou Mohamed al Golani a fait allusion dans son message vidéo, souhaitant « refermer la blessure ouverte il y a quarante ans », en assurant exclure toute vengeance.
Hama commande aussi les routes conduisant à deux autres grandes villes comptant d’importantes minorités religieuses : Mouhrada, qui abrite de nombreux chrétiens, et Salamiya, où vivent de nombreux musulmans ismaéliens.
Abou Mohamed al Golani s’est engagé à protéger leurs habitants, dont certains redoutent des exactions islamistes, en les appelant à abandonner Bachar al Assad.
Dans des déclarations visant à adoucir son image et rassurer les puissances étrangères, Golani a également souligné avoir rompu avec Al Qaïda et l’organisation de l’Etat islamique depuis des années et rappelé qu’il s’était toujours opposé à des actions hors du territoire syrien.
A Alep, le HTC et ses alliés ont mis en place un « gouvernement de salut » comme dans leur enclave du Nord-Ouest.
Des habitants de la ville font état de pénuries de pain et de carburant et de coupures de télécommunications.
Le Programme alimentaire mondial estime que l’offensive éclair des rebelles a fait 280.000 déplacés.
La Turquie, tout en désavouant le HTC qu’elle considère toujours comme une organisation terroriste, soutient d’autres groupes rebelles combattant à ses côtés et son rôle sera crucial dans le scénario des prochains jours.
Ankara, qui nie avoir joué le moindre rôle dans l’attaque menée par les insurgés, s’est notamment fixé pour objectif de rapatrier en Syrie des centaines de milliers de réfugiés de la guerre civile entassés sur son territoire.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a invité jeudi le gouvernement syrien à « dialoguer d’urgence avec son peuple pour trouver une solution politique ».
(Reportage Suleiman al-Khalidi à Amman et Maya Gebeily et Timour Azhari à Beyrouth ; version française Kate Entringer et Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)
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