Les travaux du dialogue national ont repris ce 24 août, les Transformateurs résistent toujours
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.C’est finalement ce mercredi, 24 août 2022 que les travaux du dialogue national inter-Tchadiens ont repris à N’Djaména, soit 4 jours après la cérémonie d’ouverture du 20 août. Pourtant la durée des assises n’est que de 21 jours.
Les travaux débuteront par l’examen et l’adoption du règlement intérieur du dialogue national, puis la mise en place du présidium. Les discussions porteront ensuite sur 5 axes autour desquels seront constituées les commissions. Un coup d’œil à l’agenda des travaux rend forcément sceptique quant à la durée impartie de 3 semaines.
En effet, les axes de discussion sont les suivants. « Paix, cohésion sociale et réconciliation nationale », « questions sociétales », « droits et libertés fondamentales », « politiques publiques sectorielles », « forme de l’Etat, constitution, réformes institutionnelles et processus électoral ». Les très attendus sujets de la gestion de la transition et du calendrier du retour à l’ordre constitutionnel seront traités par une commission ad hoc.
En commençant les discussions ce 23 août, les organisateurs et les participants au dialogue national continuent sans doute à ressasser encore et encore les mots forts qui ont retenti à l’ouverture solennelle ce forum le 20 août dernier.
Le Représentant du Secrétaire Général de l’ONU, le Gabonais Parfait Onanga-Anyanga avait transmis une information précieuse d’Antonio Guterres. Ce dernier souhaite que « l’engagement se poursuive pour que les membres de la société tchadienne qui ne sont pas présents aujourd’hui s’inscrivent dans la dynamique de dialogue dans les jours ou semaines à venir ».
Le Président du Conseil Militaire de Transition, le général Mahamat Idriss Déby, quant à lui, avait lancé un « appel pressant » aux absents. Il s’est dit « extrêmement sensible à nos compatriotes qui sont restés en marge de ce grand rendez-vous ». De son point de vue, « les débats doivent être francs, démocratiques, sans tabou et axés sur la ligne directrice de la recherche de consensus et de solutions durables. Tous les échanges doivent se faire dans le respect mutuel, gage des débats sereins et constructifs en gardant toujours à l’esprit l’intérêt suprême de la Nation. »
Les propos les plus tranchants sont, à n’en point douter, venus du Président de la Commission de l’Union Africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, qui a d’emblée observé que « les Tchadiens (…) aspirent plus que jamais à être gouvernés autrement ».
L’ancien chef de la diplomatie et ancien Premier ministre du Tchad ne se fait pas d’illusion. « L’Union Africaine ne peut rien contre votre volonté, ni contre la volonté d’aucun peuple africain ». Il s’est toutefois insurgé avec une pointe d’indignation. « Vous voulez décider dans le sens de l’histoire et dans l’intérêt supérieur du peuple tchadien ? Alors décidez dans ce sens. Vous voulez continuer à tourner en rond ? Alors allez-y, têtes baissées à faire comme avant, ignorant les exigences d’une population longtemps silencieuse. C’est si simple et si terrifiant à la fois.
Extra muros, le Président du Parti Les Transformateurs, Succès Masra a choisi d’accorder « une chance supplémentaire à la junte » en renonçant aux manifestations annoncées. Celles-ci sont remplacées par « 60 jours de résistance » avec des « méthodes nouvelles ».
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie