Niger: La France va débuter les évacuations de ressortissants français et européens
La France se prépare à évacuer à partir de ce mardi des centaines de ressortissants français et européens qui souhaitent quitter le Niger, a fait savoir la ministre des Affaires étrangères, après la prise de pouvoir mercredi dernier de la junte militaire dans le pays.
Le renversement du président nigérien démocratiquement élu Mohamed Bazoum – qui marque le septième putsch militaire en moins de trois ans en Afrique centrale et de l’Ouest – a envoyé une onde de choc dans la région et suscité la réprobation de l’Union africaine et de l’Union européenne notamment.
La France, ancienne puissance coloniale et qui est intervenue militairement dans la région pour aider à lutter contre une insurrection islamiste, a été prise pour cible par des manifestants qui ont attaqué dimanche l’ambassade française à Niamey.
« Compte tenu du coup d’Etat au Niger et de la persistance d’une situation préoccupante, la décision a été prise de permettre aux Français qui le souhaitent de quitter le Niger. Ils ne peuvent plus le faire par leurs propres moyens puisque l’espace aérien a été fermé par les auteurs du coup d’Etat », a déclaré la ministre des Affaires étrangères sur LCI.
Catherine Colonna a précisé que « quelques centaines » de ressortissants français ont exprimé leur volonté de quitter le Niger, ainsi que quelques centaines d’autres Européens.
La cheffe de la diplomatie a fait savoir qu’un « premier avion » était « en vol », avec l’espoir que les opérations d’évacuation se déroulent « dans les 24 heures ».
Selon le site du ministère des Affaires étrangères, il y avait un peu moins de 1.200 ressortissants français présents au Niger en 2022.
L’Allemagne a exhorté ses ressortissants à accepter l’offre des autorités françaises de se joindre à leurs vols d’évacuation. L’Italie a offert de mettre en place un vol de rapatriement pour ses nationaux présents au Niger, quand le gouvernement espagnol se prépare à évacuer par voie aérienne plus de 70 Espagnols.
ULTIMATUM
Le coup d’Etat au Niger a soulevé des craintes pour la sécurité dans la région du Sahel et sur l’approvisionnement en uranium, le pays étant le septième producteur mondial de ce métal utilisé notamment pour l’énergie nucléaire.
Le spécialiste français du combustible nucléaire Orano, ex-Areva, a indiqué plus tôt dans un communiqué poursuivre ses activités opérationnelles dans le pays, tout en disant assurer la sécurité de ses collaborateurs.
Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont imposé dimanche des sanctions au Niger et fixé un ultimatum aux putschistes.
L’UE, la France et d’autres pays affirment toujours reconnaître Mohamed Bazoum comme le président légitime du Niger.
Les dirigeants militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et en Guinée ont en revanche exprimé leur soutien à la junte nigérienne, tout comme le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, qui détient des intérêts importants en Afrique.
Dans un entretien lundi soir sur BFMTV, Catherine Colonna a dénoncé « tous les ingrédients habituels de la déstabilisation à la mode russo-africaine » après avoir démenti « formellement » les accusations concernant une intervention armée de la France devant l’ambassade française dimanche à Niamey.
La Russie a exprimé lundi son inquiétude concernant la situation au Niger et demandé le « rétablissement rapide de l’État de droit dans le pays ».
Dans la soirée, plusieurs dirigeants politiques nigériens issus du gouvernement renversé ont été arrêtés par la junte militaire. Le président déchu Mohamed Bazoum est pour sa part reclus depuis jeudi dans le palais présidentiel.
(Rédigé par Blandine Hénault, avec Zhifan Liu, Michel Rose, Sudip Kar-Gupta, Layli Foroudi, Charlotte van Campenhout et Laetitia Volga; avec la contribution d’Angelo Amante à Rome, édité par Kate Entringer)