La France reste au Sahel malgré « l’irresponsabilité » de la junte malienne, dit Le Drian
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.La France ne va pas se laisser détourner de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel, mais pas forcément au Mali, par un événement dû à « l’irresponsabilité » et « l’illégitimité » du gouvernement issu d’un coup d’Etat, a déclaré mardi le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, après l’expulsion de l’ambassadeur de France à Bamako.
Réitérant les propos qu’il avait tenus la semaine dernière et auxquels les autorités maliennes ont répondu en exigeant le départ du diplomate français, Jean-Yves Le Drian a souligné l’isolement de la junte sur la scène internationale après les sanctions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et celles à venir de l’Union européenne.
« Le seul partenaire aujourd’hui du Mali, c’est Wagner », a-t-il dit devant les députés en allusion au groupe de société privée russe dont les mercenaires ont, selon la France et ses alliés, commencé à se déployer dans certaines régions du pays. Le gouvernement de transition malien assure qu’il s’agit d’instructeurs russes présents dans le cadre d’une coopération bilatérale.
« Le combat contre le terrorisme se poursuivra au Sahel, il se poursuivra avec l’accord des autres pays de la région, il se poursuivra en soutien des pays du Golfe de Guinée qui aujourd’hui voient, en raison de la porosité des frontières, les groupes terroristes pénétrer dans le nord de leurs territoires », a assuré Jean-Yves Le Drian.
« Notre volonté est intacte et ce n’est pas un évènement dû à l’irresponsabilité, je réitère mes mots, dû à l’illégitimité d’un gouvernement de coup d’Etat qui va nous faire enrayer notre lutte contre le terrorisme », a-t-il insisté.
Outre l’ambassadeur de France, la junte malienne a exigé la semaine dernière le départ du contingent danois déployé sur son territoire, initiative à laquelle les pays européens engagés au côté de la France ont répondu en se donnant deux semaines pour décider de la suite de leur engagement.
La Norvège, qui devait engager cette année un contingent au sein de Takuba, le groupement européen de forces spéciales emmené par la France, a annoncé mardi qu’elle s’abstenait pour l’heure d’envoyer des troupes au regard de la situation politique au Mali.
« La situation politique dans le pays rend le déploiement temporairement impossible à court terme », explique le ministère norvégien de la Défense dans une déclaration transmise par courriel à Reuters.
Le Premier ministre français Jean Castex, qui s’exprimait lui aussi devant l’Assemblée nationale, a déclaré que Paris agissait « dans un cadre partenarial avec nos alliés africains et nos alliés européens », laissant entendre que le combat contre les groupes djihadistes pourrait se poursuivre en dehors des frontières du Mali.
« C’est dans ce cadre que nous allons apporter une réponse par rapport à ce qui se passe au Mali, certes, mais aussi par rapport à ce qui se passe dans toute la zone, pour nous réorganiser de façon à conserver l’objectif même et la finalité de notre présence dans cette partie de l’Afrique, à savoir la lutte contre le terrorisme », a-t-il dit.
(Tangi Salaün, édité par Sophie Louet et Matthieu Protard)