Les 93 membres du Conseil national de transition sont nommés au Tchad
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Le Conseil national de transition (CNT) est le 3ème organe majeur de gestion de la transition au Tchad, avec le Conseil militaire de transition (CMT) et le gouvernement de transition. Le CNT fera office de parlement au cours de la période de transition de 18 mois qui a commencé le 20 avril 2021.
La liste des 93 membres du Conseil national de transition (CNT) désignés par un comité ad hoc, est confirmé par un décret du Président du CMT le 24 septembre 2021. Ce comité ad hoc est présidé par le Vice-président du Conseil militaire de transition (CMT), le général Djimadoum Tiraïna.
L’on retrouve parmi ces membres du CNT quelques vieux briscards de la scène politique tchadienne. Dr Delwa Kassiré Koumakoye, deux fois Premier ministre sous Idriss Déby. Dr Haroun Kabadi Jacques, le Président de l’Assemblée nationale qui a renoncé à succéder au défunt Président Idriss Déby comme le dispoait la Constitution. Yorongar Ngarledjy, député fédéraliste et opposant emblématique à Idriss Déby. Romadoumngar Felix Nialibé, député et ancien chef de file de l’opposition politique. Ou encore, Béral Mbaïkoubou, philosophe, artiste-musicien et unique député non voyant de l’histoire du Tchad.
Suivant la liste de ses membres annoncée le 24 septembre 2021, le CNT compte 33% de femmes et 31% de jeunes. Il est composé de 26% d’anciens parlementaires et 74% de novices. Il compte également 75% de francophones et 25% d’arabophones, ainsi qu’un dosage géographique d’au moins trois membres par province. Pour mémoire, le Tchad compte à ce jour 23 provinces.
Comme cela a été précisé par les termes du décret 31 du 28 mai 2021 relatif aux composantes du CNT et aux critères de désignation de ses membres, les 93 membres nommés sont issus de 11 composantes. Les partis politiques, les organisations de la société civile, les autorités traditionnelles, les forces de défense et de sécurité, les organisations des jeunes, les organisations des femmes, les regroupements des syndicats, les personnes vivant avec un handicap, les ordres professionnels, la diaspora et les personnes ressources.
Pour être membre du CNT, il faut être de nationalité tchadienne, avoir au moins 25 ans révolus, jouir de ses capacités mentales, être de bonne moralité, savoir lire et écrire en français ou en arabe et résider sur le territoire de la République du Tchad à moins d’être désigné (e) au titre de la diaspora.
Interrogé en juin dernier par l’hebdomadaire français Jeune Afrique, le Président du CMT, le général Mahamat Idriss Déby, avait rappelé les rôles des organes en charge de la gestion de la transition dont le Conseil national de transition. « Le CMT est là pour assurer la continuité de l’État pendant cette période. (…) La mission confiée au Premier ministre et à son gouvernement est claire : organiser un dialogue national et des élections dans 18 mois. C’est à eux qu’il revient de proposer un chronogramme précis, sous le contrôle du Conseil national de transition. Il est en voie de formation, comptera 93 membres et jouera le rôle de Parlement ».
Au niveau de l’opinion nationale, la publication de la liste des membres du CNT n’a pas fait de vague. Globalement, c’est plutôt le scepticisme qui semble prévaloir. Certains Tchadiens expriment le pressentiment que le CNT ne serait pas différent de l’Assemblée nationale sortante. Autrement dit, une caisse de résonnance de l’Exécutif. Une posture plutôt considérée par d’autres comme un procès d’intentions.
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie