A Berlin, Macron célèbre un couple franco-allemand « exigeant »
PARIS/BERLIN (Reuters) – Défense de la démocratie, célébration de l’amitié franco-allemande et soutien à l’Ukraine ont constitué les principaux messages délivrés par les présidents français et allemand, Emmanuel Macron et Franck-Walter Steinmeier, dimanche à Berlin.
A deux semaines des élections européennes, tous deux ont invité leurs concitoyens à voter au nom de la défense d’une démocratie qu’Emmanuel Macron juge menacée par les nationalistes.
« Il y a une forme de fascination pour l’autoritarisme qui naît dans nos propres démocraties », a-t-il dit peu après son arrivée dans la capitale. « On laisse les nationalistes et souvent les ennemis de la démocratie tirer tous les dividendes de la démocratie et la critiquer de manière existentielle ».
Le président français et son épouse Brigitte ont entamé une visite d’Etat de trois jours en Allemagne, la première d’un président français depuis 24 ans, qui les conduira, après Berlin, à Dresde et Münster.
Elle est l’occasion de faire le point sur les relations entre les deux grandes puissances économiques européennes alors que le continent fait face aux défis du changement climatique, de la guerre en Ukraine et de la possible réélection de Donald Trump à la Maison blanche en novembre.
« Nous ne savons pas ce que nous réserve cette année. Mais je suis sûr que si la France et l’Allemagne sont soudées, s’il y a confiance et la volonté de travailler ensemble entre Berlin et Paris, alors nous traverserons cette période et d’autres périodes difficiles à l’heure actuelle en Europe », a dit Frank-Walter Steinmeier aux côtés de son hôte au château de Bellevue.
Le couple franco-allemand « en est un », a dit Emmanuel Macron. « Il n’est ni vieux ni jeune, il est vivant, exigeant ambitieux pour nos deux pays, pour notre Europe. »
Les deux présidents ont rappelé le soutien de l’Europe à l’Ukraine, en difficulté sur le terrain face à la Russie, qui a envahi son territoire début 2022.
« Être du côté de la paix aujourd’hui, c’est donner la force au droit », a dit Emmanuel Macron. « La paix n’est pas la capitulation ».
Le chef de l’Etat français devait ensuite se rendre à la porte de Brandebourg aux côtés du bourgmestre-gouverneur de Berlin, Kai Wegner, avant un dîner d’Etat.
Depuis l’arrivée au pouvoir en 2021 du chancelier allemand Olaf Scholz, Paris et Berlin se sont ouvertement affrontés sur des questions allant de la défense à l’énergie nucléaire. Des compromis ont néanmoins été trouvés récemment, notamment sur les subventions au marché de l’électricité.
DÉFENSE EUROPÉENNE
Cette visite d’Etat est « une tentative au plus haut niveau politique de démontrer que la relation fonctionne », note Mujtaba Rahman, directeur général pour l’Europe du groupe de réflexion Eurasia. « Mais il existe encore des lacunes fondamentales sur les grandes questions qui pèsent sur l’UE ».
L’une des questions clés porte sur la stratégie de défense de l’Union européenne, notamment dans l’éventualité d’un nouveau mandat présidentiel de Donald Trump, considéré en Europe comme un allié peu fiable.
La France, puissance nucléaire à la différence de l’Allemagne, plaide pour une Europe plus autonome en matière de défense. L’Allemagne juge pour sa part qu’il n’existe pas d’alternative crédible au bouclier militaire américain.
Les deux pays tenteront également de s’entendre sur l’agenda européen à cinq ans, alors qu’une percée de l’extrême droite est attendue lors des élections européennes de début juin.
Lundi, Emmanuel Macron se rendra à Dresde, dans l’est du pays, où il doit prononcer un discours devant l’église Notre-Dame, la Frauenkirche, détruite par les alliés pendant la Seconde guerre mondiale. Il se rendra ensuite mardi à Münster, dans le Land occidental de Rhénanie du Nord-Westphalie.
Le point d’orgue de la visite devrait être, mardi à Meseberg, le conseil des ministres franco-allemand, qui sera suivi d’un conseil de défense et de sécurité. L’occasion de tenter de trouver un terrain d’entente sur deux principaux points d’achoppement : la défense et la compétitivité.
(Elizabeth Pineau et Michel Rose à Paris avec Blandine Hénault, Sarah Marsh et Andreas Rinke à Berlin)