Tennis: Cornet termine sa carrière sur une ultime défaite émouvante à Roland-Garros
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par Vincent Daheron
PARIS (Reuters) – Un air d’adieux flotte autant que la pluie depuis le début de ce Roland-Garros 2024 puisqu’au lendemain de la probable dernière participation de Rafael Nadal, Alizé Cornet a disputé et perdu mardi l’ultime rencontre de sa carrière en simple.
Sous le toit du court Philippe-Chatrier, la Française s’est inclinée au premier tour face à la Chinoise Zheng Qinwen (6-2, 6-1), finaliste de l’Open d’Australie en janvier dernier.
« J’étais déjà en larmes hier après le match de Rafa (Nadal), rebelote aujourd’hui », a-t-elle déclaré lors d’une cérémonie d’hommage organisée en son honneur, où une vidéo a retracé sa carrière conclue à l’issue de son 69e Grand Chelem consécutif (72 au total), un record féminin dans l’ère Open.
« Ça fait des semaines que je me prépare pour ce moment mais je crois qu’on est jamais prêt quand le moment est venu de faire ses adieux. C’est une sacrée page qui se tourne, une page de 20 ans de tennis professionnel mais en fait plutôt de 30 ans, parce que j’ai commencé le tennis à 4 ans. »
En 20 ans de carrière, la Tricolore a remporté six titres individuels dont le dernier en 2018 à Gstaad (Suisse), une Fed Cup en 2019 et atteint la 11e place mondiale en 2009 pour meilleur classement.
« Je vais devoir laisser tout ça derrière moi et entamer un deuxième chapitre de ma vie, c’est effrayant en un sens. J’avais tenu jusqu’à présent mais là, l’émotion me submerge », a admis la Niçoise de 34 ans, les yeux embués, devant les tribunes dégarnies du court Philippe-Chatrier.
« Je suis super fière de moi, de ce que j’ai accompli. J’aurais voulu faire plus, comme toujours, comme aujourd’hui. J’aurais voulu gagner, faire une meilleure prestation. On ne se refait pas. »
En plaçant la tête de série n°7 sur son chemin dès le premier tour, le tirage au sort n’avait pas fait de cadeau à Alizé Cornet pour son 20e Roland-Garros, auquel elle avait été invitée puisque son classement (106e à la WTA) ne lui permettait pas d’intégrer directement le tournoi.
« C’était compliqué de me projeter sur mon match en compétitrice, en essayant de me convaincre que je pouvais gagner et de ne pas trop me projeter sur la cérémonie, l’hommage », a-t-elle poursuivi en conférence de presse.
« J’ai plutôt bien dormi (la nuit dernière), j’ai rêvé de Rafa (Nadal) toute la nuit. J’ai rêvé qu’il me proposait un match en trois sets gagnants à Strasbourg (rires). »
Elle a mal commencé son match, menée 4-0 en subissant le coup droit de Zheng Qinwen autant que ses propres difficultés au service (16 balles de break concédées sur la rencontre).
Dans le deuxième set, la Française a bien remporté le premier jeu avant d’encaisser les six suivants pour s’incliner en 1h23.
Alizé Cornet a montré de nombreux signes d’agacement, à l’image de son jet de raquette au milieu de la seconde manche qui a provoqué une réaction du public.
« Le public de Roland-Garros n’est pas facile. J’ai eu de grands moments de solitude sur les courts et de grands moments de joie », expliquait-elle vendredi, en amont du tournoi. « C’est un public qui est toujours prêt à sauter sur une occasion pour montrer son mécontentement, pour s’exprimer. »
À Paris, la néo-retraitée, qui doit encore disputer cette semaine le double femmes et le double mixte, a atteint à deux reprises les huitièmes de finale (2015 et 2017) tandis que son meilleur résultat en Grand Chelem, un quart de finale à l’Open d’Australie, date de 2022.
« Ce qui m’a tenu pendant toutes ces années, c’est cet amour que j’ai reçu du public. Ce sont des émotions incroyables que vous m’avez procurées. C’est dur de se dire que je ne les aurais plus mais j’espère en avoir d’une autre manière », a-t-elle conclu.
Alizé Cornet pourra désormais s’orienter vers sa deuxième carrière, celle d’écrivaine, puisqu’elle compte déjà deux livres à sa bibliographie dont un premier roman publié en 2022.
« Je vais devoir commencer un deuxième chapitre avec un plongeon dans l’inconnu. Alors oui, j’écris mes romans, ça me rassure. Je sais que j’ai une reconversion professionnelle qui est quasiment toute faite mais le rythme de vie ne sera plus du tout le même et ça, ça fait peur. »
(Reportage de Vincent Daheron, édité par Blandine Hénault)
