« Si violent, si soudain », un procès pour exorciser les attentats du 13-Novembre 2015 à Paris
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La vie de Christophe Naudin a basculé il y a six ans, quand une soirée de détente a viré au cauchemar lors de la pire attaque jamais connue par la France en temps de paix, menée par des djihadistes dans la salle de concert du Bataclan, où il se trouvait, sur les terrasses de cafés parisiens et au Stade de France.
A deux jours de l’ouverture mercredi à Paris du procès des attentats du 13-Novembre 2015, qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés, le professeur d’histoire de 45 ans espère que le temps de la justice permettra aux victimes et à leurs proches d’exorciser leurs démons, bien plus qu’à punir les coupables.
« Ce qui m’importe, c’est la parole donnée aux victimes et à leurs familles, que les gens comprennent vraiment (ce qu’elles ont vécu), au-delà de ce qu’on a entendu dans les médias », a-t-il confié à Reuters.
Ressorti physiquement indemne du Bataclan après s’être caché pendant deux heures, avec une vingtaine de personnes, dans une petite salle située contre la scène, qu’il appelle « le cagibi », Christophe Naudin reste hanté par les souvenirs de cette soirée.
« J’ai vu beaucoup de morts, surtout quand on a été évacués » par le Raid, unité d’élite de la police, peu avant que l’assaut ne soit donné contre les terroristes rétranchés à l’étage du Bataclan avec des otages. « Dans la fosse, il ne restait que des morts, une masse de corps. »
« On est fragilisé par le stress post-traumatique », poursuit l’enseignant, qui suit depuis des années une thérapie pour qu’un son du quotidien comme le claquement d’une porte, qui lui rappelle un tir de Kalachnikov, ne déclenche pas chez lui une crise de panique.
OBTENIR DES RÉPONSES
Comme tant de rescapés d’attentats, Christophe Naudin parle de ses « crises d’anxiété pour des broutilles », d’un « frein pour m’engager à faire des choses importantes par crainte du pire » et même, lui qui n’a pas été blessé, de séquelles physiques comme un bras qui s’ankylose.
Parce qu’il espère que le procès aura aussi une « valeur pédagogique », le professeur d’histoire s’est constitué partie civile. Pendant les neuf mois d’un procès fleuve qui doit s’achever en mai 2022, il assistera à certaines audiences de la cour d’assises constituée de magistrats professionnels en espérant obtenir des réponses sur le profil et les motivations des terroristes.
Mais leur sort, dit-il, lui importe peu, même celui du Franco-Marocain Salah Abdeslam, seul survivant des commandos djihadistes, qui s’est muré dans le silence pendant l’enquête.
« Ce qui va arriver aux accusés, à Abdeslam, ça ne m’intéresse pas du tout. Pour moi, ils étaient de simples outils (du groupe Etat islamique, qui a revendiqué les attentats). Leurs noms sont interchangeables, ce n’est pas important. »
Parmi les 19 autres accusés de ce procès que « la France entière va regarder », comme l’a dit lundi le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, certains sont poursuivis pour avoir fourni des armes ou des véhicules aux commandos venus de Belgique, d’autres – pour la plupart présumés morts en Syrie, comme les frères toulousains Fabien et Jean-Michel Clain – pour avoir planifié les attaques.
Comment des attentats d’une telle ampleur ont-ils pu être menés sur le sol français ? Cette question obsède depuis six ans Jean-Pierre Albertini, dont le fils Stéphane, qui dirigeait un restaurant à Neuilly-sur-Seine, près de Paris, est tombé à 39 ans sous les balles des djihadistes au Bataclan.
CATHARSIS
« Le jour où le terrorisme vous touche, c’est si violent, si soudain… Ça a frappé des gens qui avaient entre 20 et 40 ans, c’est une génération qui a été massacrée », raconte, la voix étranglée par l’émotion, le septuagénaire.
« Pendant le procès, et c’est pour ça que je ne voulais pas y aller au début, je sais qu’on va entendre des histoires qui seront toutes plus terribles les unes que les autres. Cette nuit-là nous a plongés dans l’horreur et la laideur. »
Jean-Pierre Albertini dit avoir finalement été convaincu d’y assister par des victimes d’autres attentats, notamment ceux de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015, qui lui ont dit avoir trouvé une forme d’apaisement dans cette catharsis.
« Elles m’ont dit que c’est le dernier moment où on peut exprimer publiquement ce qu’on a souffert, où on peut faire passer un message. J’ai compris qu’il fallait quand même y aller, même si c’est une épreuve », souffle-t-il.
En colère contre les failles des services de renseignement et du système judiciaire, qui n’ont pas su, à ses yeux, empêcher les attentats, le père de Stéphane Albertini dit espérer que les leçons de ces « ratés » permettront d’éviter de futures attaques.
Comme Christophe Naudin, il dit en revanche « ne pas attendre grand-chose » des interrogatoires des accusés, qu’il voit « comme des exécutants, qui ont été manipulés et à qui on a lavé le cerveau ».
Et surtout pas, ajoute celui qui a écrit un livre, « Mourir au Bataclan », pour faire vivre la mémoire de son fils, du réconfort pour lui-même : « Le procès ne va pas ressusciter les morts. »
(Reportage de Michaela Cabrera et Anthony Paone, avec la contribution d’Ingrid Melander, rédigé par Tangi Salaün, édité par Jean-Michel Bélot)
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