Plus de 1 milliards d’euros promis pour aider l’Ukraine à passer l’hiver
PARIS (Reuters) – Le montant total des aides promises à court terme pour aider l’Ukraine à affronter l’hiver lors de la conférence internationale de solidarité organisée mardi à Paris s’est élevé à 1,05 milliard d’euros, a fait savoir l’Elysée.
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Le total « des dons et des contributions en nature » sera mobilisable à partir de maintenant et jusqu’à la fin de l’hiver en mars, a indiqué la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, lors d’un point de presse organisé à l’issue de la conférence internationale de solidarité avec l’Ukraine qui a réuni une cinquantaine d’Etats et une vingtaine d’institutions internationales dans la matinée à Paris.
Le président ukrainien Volodimir Zelensky avait déclaré lors d’une intervention en visioconférence en ouverture de cette conférence que l’Ukraine avait besoin d’au moins 800 millions d’euros d’équipements et d’aide d’urgence pour permettre à sa population de passer l’hiver, alors que de nombreuses infrastructures énergétiques ont été détruites par des frappes russes.
« Les générateurs sont devenus aussi nécessaires en Ukraine que les gilets pare-balles, c’est le seul moyen de protéger les gens ordinaires et la société ukrainienne alors que la Russie tente d’imposer un black-out », a plaidé Volodimir Zelensky.
Selon l’Elysée, quelque 415 millions d’euros seront notamment alloués au secteur de l’énergie, 38 millions à l’alimentation, 25 millions pour l’eau, 22 millions aux transports et 17 millions pour la santé, 493 millions d’euros restant encore à ventiler.
La conférence « Solidaires du peuple ukrainien », organisée par le président français en accord avec son homologue ukrainien, a donc atteint son objectif, qui était de répondre concrètement aux besoins immédiats de l’Ukraine pour lui permettre « de traverser cet hiver » et « soutenir la capacité du peuple ukrainien à résister », selon les termes employés par Emmanuel Macron en ouverture de la réunion.
Dans cette optique, la France va par exemple fournir rapidement à l’Ukraine 63 nouveaux générateurs électriques de haute puissance et plusieurs transformateurs, qui viendront s’ajouter aux 100 générateurs déjà livrés en novembre, a précisé le chef de l’Etat.
Sur le plan financier, l’aide fournie par la France représente un montant de 200 millions d’euros cette année – dont 48,5 millions « ces jours-ci » pour les priorités hivernales identifiées lors de cette conférence, a souligné Emmanuel Macron.
DES LED POUR SOULAGER LE RÉSEAU UKRAINIEN
« Nous allons en plus de ça ajouter une contribution exceptionnelle de 76,5 millions d’euros dans le domaine de l’électricité et de l’énergie pour l’acquisition de LED dans le cadre de l’initiative coordonnée avec l’Union européenne », a-t-il ajouté.
La Commission européenne va en effet mobiliser 30 millions d’euros qui permettront de fournir environ 30 millions d’ampoules LED » à l’Ukraine, a annoncé la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, lors de cette conférence.
« J’espère que d’autres partenaires nous suivront », a souligné la présidente de la Commission, en expliquant que les économies d’énergie correspondant au déploiement de 50 millions d’ampoules LED dans les foyers ukrainiens s’élèveront à un gigawatt d’électricité, soit l’équivalent de la production annuelle d’une centrale nucléaire.
« Ces économies d’énergie sont capitales pour réduire dès maintenant la pression sur le réseau ukrainien », a-t-elle ajouté.
« En ces temps d’obscurité et de souffrance – au sens littéral du terme – il est essentiel d’apporter de la lumière à l’Ukraine », a plaidé Ursula von der Leyen.
« Pour aider l’Ukraine à continuer de fonctionner malgré les bombes russes », l’Europe a également fourni 40 puissants générateurs provenant des réserves d’urgence du mécanisme de protection civile de l’UE, qui vont permettre d’alimenter en continu 30 hôpitaux à travers l’Ukraine, a dit Ursula von der Leyen. Ils s’ajoutent aux quelque 800 générateurs en train d’être envoyés en Ukraine en ce moment-même.
LE SECTEUR PRIVÉ AUSSI IMPLIQUÉ
Après cette première session de travail organisée mardi matin par le ministère des Affaires étrangères, une conférence bilatérale « pour la résilience et la reconstruction de l’Ukraine » est organisée dans l’après-midi à Bercy, au ministère de l’Economie et des Finances, en présence du Premier ministre ukrainien Denys Chmyhal.
Infrastructures, santé, agroalimentaire, énergie, tech: tous les secteurs vitaux de l’Ukraine seront passés en revue, en présence d’un demi-millier d’entreprises françaises et ukrainiennes, afin d’identifier les besoins d’un pays qui comptait 48 millions d’habitants avant le début de la guerre et qui frappe à la porte de l’Union européenne.
S’exprimant à l’occasion de l’ouverture de cette seconde conférence, Emmanuel Macron a salué la mobilisation de quelque 700 entreprises françaises et ukrainiennes en vue d’aider à la reconstruction de l’Ukraine.
« Ce ne sont pas seulement les soutiens politiques et financiers des Etats et des institutions internationales, aussi massifs qu’ils soient, qui vont permettre de reconstruire l’Ukraine, ce sont les entreprises qui vont mettre en oeuvre dans chacun des secteurs-clés leur réalisation technique, leur solution pour aider au redressement économique de l’Ukraine », a déclaré le chef de l’Etat français. « Et ce, sans attendre la fin de la guerre ».
« A chaque fois qu’un territoire est libéré par l’armée ukrainienne, il est indispensable de commencer la reconstruction, de réapporter les services vitaux et de commencer à rebâtir », a ajouté Emmanuel Macron.
Cette double conférence intervient alors que le chef de l’Etat français a récemment fait l’objet de critiques de la part de certains alliés européens et de l’Ukraine elle-même sur sa façon d’aborder la crise ukrainienne.
Les propos du président français sur les « garanties de sécurité » à apporter à la Russie, une fois la guerre terminée, ont été particulièrement ciblés.
L’Elysée a répondu que ces propos, tenus sur TF1 début décembre, avait été utilisés « en dehors de leur contexte » et rappelé le soutien de Paris à Kiev, y compris sur le plan militaire.
Emmanuel Macron est revenu à demi-mot sur cette polémique mardi matin, en précisant que « c’est à l’Ukraine, victime de cette agression de décider des conditions d’une paix juste et durable ».
Emmanuel Macron, dont la volonté de maintenir le dialogue avec la Russie – nécessaire à ses yeux pour bâtir les conditions d’une paix durable – a également été décriée, a affirmé une nouvelle fois sa détermination à ce que les « crimes de guerre » commis par la Russie ne restent pas impunis.
« Ces frappes qui visent ouvertement les populations et les infrastructures civiles, ces frappes, dont la Russie avoue ouvertement qu’elles ne visent qu’à saper la résistance du peuple ukrainien, constituent des crimes de guerre » qui « ne resteront pas impunis. »
(Reportage John Irish, Elizabeth Pineau et Michel Rose, avec les contributions de Myriam Rivet et Matthieu Protard, édité par Kate Entringer, Sophie Louet et Blandine Hénault)