Paris et Londres concluent un accord sur l’immigration dans le cadre d’un « nouveau départ »
par Michel Rose, Alistair Smout et John Irish
PARIS (Reuters) – Le Royaume-Uni va verser à la France plus de 540 millions d’euros sur trois ans pour tenter de réduire les arrivées de migrants sur ses côtes, ont annoncé vendredi Paris et Londres dans le cadre d’un sommet de réconciliation après des années de crispation autour du Brexit.
Avec force sourires et tapes mutuelles sur le dos, Emmanuel Macron et Rishi Sunak ont affiché à l’Elysée, qui accueillait ce 36e sommet franco-britannique, leur volonté de coopérer davantage et de « reconnecter » leurs deux pays, selon les termes du chef de l’Etat français.
« Si nous sommes honnêtes, la relation entre nos deux pays a connu des moments difficiles ces dernières années », a souligné le Premier ministre britannique lors d’une conférence de presse commune, avant de saluer une « entente renouvelée », allusion à l’Entente cordiale de 1904.
« Aujourd’hui, nous avons porté la coopération à un niveau sans précédent », s’est-il félicité.
Les deux dirigeants sont convenus d’avancer sur la coopération bilatérale dans le domaine de l’énergie nucléaire, ils ont réaffirmé leur intention de tout faire pour aider l’Ukraine et promis d’augmenter l’interopérabilité de leurs forces militaires, dans le développement de missiles et de systèmes anti-aériens notamment.
Mais pour Rishi Sunak, le sujet numéro un restait l’immigration clandestine, sujet particulièrement épidermique au Royaume-Uni, sur lequel il comptait obtenir du concret, après avoir conclu avec Bruxelles un compromis sur les échanges commerciaux entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne.
Depuis son accession au pouvoir en octobre dernier, le successeur de Boris Johnson et de l’éphémère Liz Truss a érigé en priorité l’arrêt des traversées d’embarcations de fortune transportant des migrants sur la côte sud de l’Angleterre, qui a grimpé à plus de 45.000 l’an dernier, soit une hausse de 500% au cours des deux dernières années.
SURVEILLANCE DES CÔTES RENFORCÉE
Dans le cadre du nouvel accord dévoilé vendredi, Londres contribuera au financement d’un nouveau centre de détention administrative dans le nord de la France et Paris déploiera davantage de policiers et de moyens technologiques tels que des drones.
La contribution britannique sera de 141 millions d’euros en 2023-24, 191 millions d’euros en 2024-25 et 209 millions en 2025-26, a détaillé le gouvernement britannique.
« Nous nous sommes accordés sur la nécessité d’augmenter nos capacités d’intervention et de surveillance. Et nous avons également décidé de renforcer un financement pluriannuel qui permettra d’engager des sommes à la hauteur du besoin actuel de part et d’autre », a déclaré Emmanuel Macron.
« Il s’agit pour nous d’agir ensemble dans un cadre pleinement partagé mais de pouvoir le faire aussi avec l’ensemble des Européens qui sont concernés par les transits et les passages de ces migrants et avec certains pays depuis lesquels sont organisés les trafics », a-t-il ajouté.
« Il s’agit de briser le modèle économique des organisations criminelles et mettre un terme aux facteurs d’attractivité qui font venir ces personnes sur les côtes de la Manche », a déclaré Rishi Sunak. « Les organisations criminelles ne doivent pas décider qui entre dans nos pays. »
Ce sommet, le premier du genre en cinq ans entre les deux puissances nucléaires et membres du Conseil de sécurité des Nations unies, a été aussi l’occasion pour les deux dirigeants de faire valoir leur unité sur la guerre en Ukraine, en promettant de former de nouvelles forces et de placer l’Ukraine en position de force pour le jour où débuteront des discussions afin de mettre un terme au conflit.
« La priorité est militaire », a souligné Emmanuel Macron.
(Blandine Hénault et Jean-Stéphane Brosse pour la version française)
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