Nasrallah accuse Israël d’avoir « franchi toutes les lignes rouges »
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Laila Bassam et Maya Gebeily
BEYROUTH/JERUSALEM (Reuters) -Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a estimé jeudi qu’Israël avait franchi « toutes les lignes rouges » en menant des attaques à l’aide d’appareils de communication piégés ces derniers jours au Liban mais a assuré que l’Etat hébreu ne parviendrait pas à rétablir la sécurité dans le nord de son territoire.
Israël, qui n’a pas revendiqué ces explosions de bipeurs et de talkies-walkies ayant fait 37 morts et quelque 3.000 blessés, a de son côté promis de poursuivre ses opérations militaires contre le mouvement chiite pro-iranien dans le cadre d’une nouvelle phase militaire comportant des « opportunités » mais aussi des « risques importants », selon les termes de son ministre de la Défense, Yoav Gallant.
Dans la soirée, et malgré les appels à la retenue lancés par les Etats-Unis, la France ou encore la Grande-Bretagne, l’aviation israélienne a annoncé avoir bombardé au Sud-Liban des centaines de lance-roquettes du Hezbollah sur le point de tirer des projectiles contre le territoire israélien.
D’après des sources de sécurité libanaises, il s’agit des plus intenses bombardements israéliens sur le Sud-Liban, fief du Hezbollah, en près d’un an de conflit.
Dans un discours télévisé, Hassan Nasrallah a reconnu que son organisation, fondée en 1982, avait subi « sans nul doute » un coup très dur et « sans précédent dans l’histoire de la résistance au Liban » avec les explosions, en deux vagues mardi et mercredi, de milliers d’appareils de communication utilisés par ses membres.
« L’ennemi est allé au-delà de tout contrôle, de toute loi, de toute morale », a-t-il ajouté. Ces attaques, a-t-il poursuivi, « pourraient être considérées comme des crimes de guerre ou une déclaration de guerre ».
Pendant son allocution, retransmise à la télévision, des avions de chasse israéliens ont franchi le mur du son au-dessus de Beyrouth, comme ils le font régulièrement ces derniers mois, provoquant la panique parmi les habitants dans un contexte d’extrême tension.
Le gouvernement de Benjamin Netanyahu s’est fixé mardi comme nouveau but de guerre de permettre le retour dans leurs foyers des habitants du nord d’Israël, chassés par les bombardements du Hezbollah, quasi quotidiens depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza il y a près d’un an.
« UN TRIBUT DE PLUS EN PLUS LOURD »
« Notre objectif est d’assurer le retour en toute sécurité des communautés du nord d’Israël dans leurs foyers. Au fil du temps, le Hezbollah paiera un tribut de plus en plus lourd », a affirmé jeudi Yoav Gallant dans un communiqué.
« Le Hezbollah se sent persécuté et la séquence des opérations militaires va se poursuivre », a-t-il ajouté, après avoir annoncé la veille l’envoi de soldats et d’équipements vers la frontière nord d’Israël.
L’armée israélienne a parallèlement annoncé jeudi soir avoir bombardé au cours des dernières heures une centaine de lance-roquettes multiples représentant environ un millier de canons, qui étaient sur le point d’ouvrir le feu contre Israël.
Selon trois sources de sécurité libanaise, Israël a lâché des dizaines de bombes à travers le sud du Liban. Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat.
Des stations de radio israéliennes ont rapporté que plusieurs dizaines d’avions de chasse avaient participé à cette opération.
L’armée israélienne a aussi fait état de la mort de deux soldats dans le nord d’Israël.
Selon la chaîne d’information israélienne Canal 12, l’un d’eux a été tué par un drone et l’autre par un missile antichar tiré par le Hezbollah depuis le sud du Liban.
Dans son discours, Hassan Nasrallah a assuré qu’Israël ne parviendrait pas, ni par une escalade militaire, ni par une guerre ouverte, à atteindre son nouvel objectif à la frontière nord. Seul l’arrêt de la guerre dans la bande de Gaza permettra un retour au calme, a-t-il dit.
Cité par les médias de Téhéran, le commandant du corps iranien des Gardiens de la Révolution, Hossein Salami, a promis à Hassan Nasrallah qu’Israël subirait une « réponse écrasante de l’axe de résistance », qui désigne les groupes armés soutenus par l’Iran, dont le Hezbollah, les Houthis du Yémen et les Forces de mobilisation populaire en Irak.
En visite à Paris, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a exhorté toutes les parties à la retenue. Le président français Emmanuel Macron a fait de même dans une série de conversations téléphoniques avec les dirigeants libanais et le Premier ministre israélien.
Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a de son côté reporté une visite prévue la semaine prochaine en Israël, selon une source au fait du dossier.
(Avec Maayan Lubell et Steven Scheer à Jérusalem, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Sophie Louet et Bertrand Boucey)
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