Moscou et Kyiv s’accusent de nouvelles attaques mais échangent des prisonniers
(Reuters) – La Russie et l’Ukraine se sont mutuellement accusées mercredi d’avoir violé un accord tout juste annoncé visant à mettre fin à leurs attaques respectives contre leurs infrastructures énergétiques, mais les deux pays ont aussi procédé à un important échange de prisonniers de guerre.
Lors d’un entretien téléphonique avec Donald Trump, mardi, le président russe Vladimir Poutine a accepté d’arrêter les attaques russes contre le système énergétique ukrainien mais a refusé d’approuver un cessez-le-feu total de 30 jours, demandé par son homologue américain et déjà validé par l’Ukraine.
Après s’être déclaré disposé à appliquer le cessez-le feu limité aux infrastructures énergétiques tout en dénonçant le rejet par Moscou d’une trêve plus globale, le président ukrainien Volodimir Zelensky a commencé à s’entretenir à son tour avec Donald Trump mercredi après-midi, selon la Maison blanche.
Kyiv et Moscou ont également indiqué avoir procédé à un échange de prisonniers de guerre – l’un des plus importants depuis le début du conflit en février 2022, selon l’Ukraine – avec la restitution de 175 soldats de chaque côté et de 22 détenus ukrainiens grièvement blessés.
Selon le président ukrainien, la poursuite des attaques montre que les paroles de la Russie ne correspondent pas à ses actes et qu’elle n’est toujours pas prête à s’engager dans un processus de paix. Volodimir Zelensky, qui prévoit de dresser une liste des sites énergétiques ukrainiens, souhaite en outre que les États-Unis surveillent tout accord de cessez-le-feu.
« Si les Russes ne frappent pas nos infrastructures, alors nous ne frapperons pas les leurs », a-t-il dit lors d’une conférence de presse organisée à Helsinki en présence de son homologue finlandais, Alexander Stubb.
Le Kremlin a dit avoir annulé des attaques prévues contre les infrastructures énergétiques ukrainiennes, notamment en abattant sept drones déjà lancés vers l’Ukraine. Moscou a également accusé Kyiv de ne pas avoir annulé ses propres attaques, les qualifiant de tentative de sabotage de l’accord annoncé mardi.
« DÉCALAGE ENTRE LES MOTS ET LES ACTES DE MOSCOU », DIT PARIS
Des dirigeants européens ont déclaré que le rejet par Vladimir Poutine de la proposition américaine de trêve totale était la preuve que Moscou ne cherchait pas la paix.
L’offre de cessez-le-feu limité aux installations énergétiques ukrainiennes ne représente « rien » et Donald Trump devrait obtenir davantage de concessions, a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius.
« Les attaques contre les infrastructures civiles dès la première nuit suivant cet appel téléphonique soi-disant crucial et important n’ont pas diminué », a déclaré Boris Pistorius à la chaîne de télévision allemande ZDF.
« Poutine joue ici à un jeu et je suis sûr que le président américain ne pourra pas rester les bras croisés plus longtemps. »
Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne, a pour sa part estimé qu’on ne pouvait pas faire confiance à Vladimir Poutine.
« Si vous lisez les deux comptes rendus de l’appel (entre Trump et Poutine), il est évident que la Russie n’a pas l’intention de faire la moindre concession », a-t-elle déclaré mercredi à la presse.
Un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a pour sa part jugé que les frappes menées par la Russie sur le territoire ukrainien mardi soir attestaient d’un « décalage entre les mots et les actes de Moscou ».
D’autres se sont toutefois montrés plus optimistes.
Pour le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, l’appel de mardi entre Vladimir Poutine et Donald Trump est « une première étape » avant le début de nouvelles négociations, la Russie et les Etats-Unis étant convenues de discuter d’une trêve globale lors de réunions en Arabie saoudite prévues dans les prochains jours.
DEUX HÔPITAUX ÉVACUÉS EN UKRAINE
Selon le quotidien russe Kommersant, qui cite des sources anonymes ayant assisté à une rencontre d’affaires privée avec Vladimir Poutine mardi, ce dernier veut que les États-Unis reconnaissent officiellement quatre régions ukrainiennes – Louhansk, Donetsk, Zaporijjia et Kherson – comme faisant partie de la Russie avec la Crimée, que Moscou a annexée en 2014.
La Russie et l’Ukraine ont par ailleurs signalé de nombreuses attaques de drones dans la nuit de mardi à mercredi.
Les autorités ukrainiennes affirment que des hôpitaux et des habitations ont été touchés dans la région de Soumy, au nord-est du pays, ainsi que dans la région de Kyiv, tandis que des bombardements ont atteint le réseau électrique alimentant les voies ferrées dans le sud.
Les autorités russes ont quant à elles indiqué qu’un terminal pétrolier avait été touché dans la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, provoquant un incendie.
À Soumy, les autorités régionales ont précisé que les attaques de drones russes avaient endommagé deux hôpitaux, ne faisant aucun blessé mais entraînant l’évacuation des patients et du personnel.
Selon Kyiv, la Russie a lancé 145 drones et les défenses aériennes ukrainienne en ont abattus 72. Le ministère russe de la Défense a de son côté déclaré que ses unités avaient détruit 57 drones ukrainiens pendant la nuit.
Les autorités de la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, ont également déclaré mercredi matin qu’une attaque de drones ukrainiens avait déclenché un petit incendie dans un dépôt de pétrole situé près du village de Kavkazskaya.
Voir aussi :
ENCADRE-Ukraine-Les enjeux des actifs énergétiques après l’appel Trump-Poutine
(Rédigé par Lidia Kelly à Melbourne, Pavel Polityuk à Kyiv, avec Dmitry Antonov à Moscou ; version française Jean Terzian, Nicolas Delame et Benjamin Mallet, édité par Blandine Hénault et Kate Entringer)
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