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Mayotte: Les opérations de secours se poursuivent, Bayrou face à la polémique

PARIS (Reuters) – Trois jours après le passage du cyclone Chido, les services de l’Etat se mobilisaient mardi pour fournir en urgence de l’eau et de la nourriture aux habitants de Mayotte où le bilan était encore incertain, alors que la réaction du nouveau Premier ministre François Bayrou suscitait la controverse.

Vingt tonnes d’eau et de nourriture devaient commencer à être acheminées mardi quotidiennement par avion et par bateau, selon les autorités.

Des recherches étaient par ailleurs prévues pour retrouver des victimes dans des zones dévastées et encore inexplorées du département français de l’océan Indien balayé ce week-end par des vents de plus de 200 km/h.

Interrogé mardi à l’Assemblée nationale, François Bayrou a évoqué un bilan provisoire de « plus d’une vingtaine de morts », 200 blessés graves et 1.500 blessés en urgence relative.

« Pour l’instant, le bilan est incertain (…) il n’est pas encore établi », a dit le chef du gouvernement. « Ce bilan peut s’alourdir ».

Le Premier ministre a aussi dû s’expliquer sur son choix de se rendre lundi après-midi à Pau, ville dont il est maire, pour présider une réunion du conseil municipal.

François Bayrou a assisté par liaison vidéo à la réunion d’une cellule interministérielle de crise dirigée par Emmanuel Macron, qui se rendra jeudi à Mayotte, a fait savoir l’Elysée dans la soirée. Le président français devrait y décréter un deuil national, selon une annonce qu’il avait effectuée lundi sur les réseaux sociaux.

« J’étais à la réunion de crise avec le président de la République, j’y ai participé de la première à la dernière minute », s’est défendu François Bayrou devant les députés.

« Simplement, j’y ai participé par visioconférence parce que je suis obligé de vous dire que Pau est en France », a-t-il ajouté, défendant son rôle de « citoyen » en province.

Le chef de file des députés socialistes, Boris Vallaud, a contesté cette position, jugeant que l’urgence « n’était pas au cumul des mandats ».

ZONES DÉVASTÉES

François Bayrou a indiqué qu’environ 50% du réseau électrique avait été rétabli à Mayotte et que cette proportion atteindrait 75% d’ici la fin de la semaine.

A peu près 80% du réseau routier est de nouveau accessible, a ajouté le Premier ministre.

Interrogé sur la reconstruction de Mayotte, François Bayrou a évoqué la mise en place d’une équipe spécialement dédiée ainsi que le lancement d’un appel à projets pour des conceptions d’habitation faciles à monter.

Il a ajouté que des fonds européens ainsi que la « solidarité nationale » pouvaient être activés, sans évoquer toutefois de montants précis.

A Mayotte, plus des trois-quarts des 321.000 habitants vivent sous le seuil de pauvreté national. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 100.000 migrants sans papiers vivent à Mayotte, le plus souvent dans des bidonvilles.

« Il y a des zones (…) totalement dévastées, notamment les hauteurs de Mamoudzou, des zones où vivaient un certain nombre [d’habitants] dans des bidonvilles où les fouilles n’ont pas encore débuté. Nous allons enclencher les fouilles à partir de ce matin. J’ai demandé aussi des brigades cynophiles pour repérer d’éventuels survivants », a dit mardi sur RFI Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou, la capitale mahoraise.

« La priorité aujourd’hui, c’est de l’eau et de la nourriture. Il faut à tout prix qu’on puisse éviter qu’il y ait la faim après cette crise d’une intensité incroyable ».

« La protection des biens et des personnes est aussi importante parce qu’on n’a pas d’électricité. Quand le soir tombe, forcément, il y a des gens qui profitent toujours de cette situation », a-t-il poursuivi.

COUVRE-FEU

Face à cette situation, le ministère de l’Intérieur a indiqué qu’un couvre-feu serait mis en place mardi soir entre 22h00 et 04h00 locales. Bruno Retailleau, qui s’est rendu lundi à Mamoudzou, a annoncé l’arrivée prochaine de 400 renforts de gendarmerie dans l’archipel, où 1.600 gendarmes et policiers sont déjà présents.

Le ministre de l’Intérieur a été vivement critiqué à gauche après avoir écrit sur X qu' »on ne pourra pas reconstruire Mayotte sans traiter, avec la plus grande détermination, la question migratoire ».

« Nous vous demandons de mettre en branle les moyens de l’État pour assister Mayotte dans cette catastrophe, pas de faire étalage de votre xénophobie », a réagi la présidente du groupe parlementaire de La France insoumise (LFI), Mathilde Panot.

(Rédigé par Jean-Stéphane Brosse, Blandine Hénault et Jean Terzian, édité par Tangi Salaün)

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