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L’Ukraine dit entraîner l’armée russe dans une bataille urbaine à Sievierodonetsk

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par Pavel Polityuk et Abdelaziz Boumzar

KYIV/SLOVIANSK, Ukraine (Reuters) – Les forces ukrainiennes ont déclaré jeudi être parvenues à entraîner l’armée russe dans une intense bataille de rue à Sievierodonetsk, ville stratégique de l’est de l’Ukraine, tout en jugeant que leur seul espoir résidait dans la fourniture de pièces d’artillerie face à la puissance de feu ennemie.

Dans le sud de l’Ukraine, où la Russie s’est emparée de vastes pans de territoires depuis le début de son offensive militaire le 24 février, le ministère ukrainien de la Défense a affirmé que ses troupes avaient encore gagné du terrain dans la contre-offensive lancée la semaine dernière dans la province de Kherson.

La bataille dans les ruines de Sievierodonetsk semble être devenue l’une des plus sanglantes depuis le début du conflit, chaque camp affirmant avoir infligé de lourdes pertes à l’ennemi.

Cette cité industrielle et la ville voisine de Lyssytchansk sur la rive opposée de la rivière Donets sont les dernières zones tenues par les Ukrainiens dans la province de Louhansk, dont la prise est désormais l’un des principaux objectifs de guerre de la Russie.

L’armée russe y concentre toute sa puissance, a dit Oleksiy Danilov, secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien, dans une interview à Reuters jeudi.

« Ils n’épargnent pas leurs troupes, ils envoient juste leurs hommes comme de la chair à canon », a-t-il ajouté. « Ils bombardent notre armée jour et nuit. »

Le commandant du bataillon Svoboda (Liberté) de la Garde nationale ukrainienne a pour sa part déclaré que les troupes ukrainiennes entraînaient les Russes dans une guerre urbaine pour neutraliser leur avantage sur le plan de l’artillerie.

« ORDRE DE TENIR » À SIEVIERODONETSK

« La journée d’hier a été fructueuse pour nous, nous avons lancé une contre-offensive et dans certains secteurs nous sommes parvenus à les repousser d’une ou deux rues. Dans d’autres, ils nous ont repoussés, mais seulement d’un bâtiment ou deux », a dit Petro Kouzyk dans une interview télévisée permettant d’obtenir un rare compte rendu en provenance de Sievierodonetsk même.

« Hier, les occupants ont subi de lourdes pertes. Si chaque journée était comme hier, tout serait bientôt fini. »

Il a toutefois ajouté que ses troupes souffraient d’un manque « catastrophique » de pièces d’artillerie et que de telles armes lui permettraient d’inverser le cours de la bataille.

« Même malgré ces systèmes, nous tenons bien. Il y a l’ordre de tenir nos positions et nous les tenons », a-t-il dit.

Le maire de Sievierodonetsk, Oleksandr Striouk, a déclaré jeudi que 10.000 civils restaient piégés dans la ville prise sous un déluge de feu, soit environ un dixième de sa population avant la guerre.

A l’ouest de Sievierodonetsk, les Russes tentent de percer depuis le Nord et le Sud pour piéger les forces ukrainiennes dans le Donbass, composé des provinces de Louhansk et Donetsk, bombardant les villes tenues par les Ukrainiens sur leur passage.

A Soledar, cité minière proche de Bakhmout près de la ligne de front, les immeubles ont laissé place à des cratères et les habitants qui sont restés, souvent âgés, s’abritent dans des caves bondées.

« Nous restons. Nous vivons ici. Nous sommes nés ici », dit entre deux sanglots Antonina, 65 ans, qui s’est aventurée dehors pour voir son jardin. « Quand tout cela va-t-il s’arrêter ? »

Dans le sud de l’Ukraine, le ministère ukrainien de la Défense n’a pas fourni de précisions sur l’avancée qu’il revendique dans la province de Kherson. Il a affirmé que les forces russes avaient « subi des pertes en hommes et en équipements » et qu’elles posaient des mines et érigeaient des barricades là où elles reculaient.

La Russie dit mener une « opération militaire spéciale » pour désarmer et « dénazifier » l’Ukraine. Cette dernière et ses soutiens occidentaux parlent d’une guerre d’agression non provoquée.

(Avec les rédactions de Reuters, rédigé par Peter Graff, Alexandra Hudson, version française Bertrand Boucey, édité par)

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