L’UE accuse la Biélorussie d’instrumentaliser les migrants « comme un voyou »
par Alan Charlish et Felix Hoske
NAREWKA, Pologne (Reuters) – Des centaines de personnes étaient massées mardi dans des campements de fortune en Biélorussie dans l’espoir de franchir la frontière avec la Pologne, victimes selon l’Union européenne de l’instrumentalisation de la question des migrants par les autorités biélorusses.
Un porte-parole de la Commission européenne a accusé le président biélorusse Alexandre Loukachenko de se comporter « comme un voyou » en jouant avec la vie des migrants, acheminés selon Bruxelles dans son pays pour faire pression sur l’UE après l’adoption de sanctions contre Minsk pour violations des droits de l’homme.
L’UE, qui refuse de céder au chantage de Minsk, menace d’imposer de nouvelles sanctions à la Biélorussie en réponse à la « guerre hybride » qu’elle a déclenché.
Trois diplomates européens ont déclaré mardi à Reuters que des sanctions visant 30 individus et entités biélorusses, dont le ministre des Affaires étrangères Vladimir Makeï et la compagnie aérienne Belavia, pourraient être approuvées dès la semaine prochaine.
Le prochain Conseil des Affaires étrangères de l’UE est prévu le 15 novembre.
L’UE a aussi durci symboliquement mardi les conditions d’octroi de visas aux responsables biélorusses.
Les autorités polonaises, qui disent avoir empêché des milliers de migrants de traverser la frontière lundi, ont fermé mardi matin le poste-frontière de Kuznica, situé près du lieu où sont rassemblés les migrant dans un froid glacial.
Varsovie s’attend à de nouvelles tensions à la frontière après les heurts qui ont éclaté lundi. Sept migrants ont péri en tentant d’entrer en Pologne depuis le début de cette crise inédite il y a un mois.
SOUTIEN RUSSE
« Le régime biélorusse attaque la frontière polonaise, l’UE, d’une manière sans précédent », a déclaré le président polonais, Andrzej Duda, pendant une conférence de presse.
« Il y a un camp dans lequel les migrants sont bloqués du côté biélorusse de la frontière. Ils sont environ un millier, en majorité des hommes jeunes. Nous nous devons de repousser ces agressions », a-t-il ajouté.
Fort du soutien inconditionnel de la Russie, Alexandre Loukachenko nie toute responsabilité dans cette crise.
Le président biélorusse et son homologue russe Vladimir Poutine se sont au contraire inquiétés lors d’un entretien téléphonique du déploiement de soldats polonais le long de la frontière, a rapporté mardi l’agence de presse biélorusse Belta.
Le ministère biélorusse des Affaires étrangères a accusé Varsovie de se livrer à des « provocations », tandis que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a suggéré que l’UE verse une aide financière à la Biélorussie pour gérer l’afflux de migrants, comme elle le fait avec la Turquie.
A Paris, le Quai d’Orsay a fait savoir dans un communiqué que Moscou avait parallèlement refusé la tenue d’une réunion ministérielle en « format Normandie » consacrée à l’Ukraine.
La Commission européenne accuse Minsk de faciliter l’arrivée de migrants originaires principalement du Moyen-Orient et de les pousser à se rendre à la frontière.
« C’est un exemple du comportement de voyou et inhumain du régime Loukachenko, qui ment aux gens, manipule les gens et les attire en Biélorussie avec la fausse promesse de les aider à entrer facilement dans l’Union européenne », a déclaré un porte-parole de la Commission.
« Au contraire, dès leur arrivée en Biélorussie, ils sont poussés vers la frontière et forcés à entrer illégalement dans l’Union européenne. »
SEMER LA PANIQUE
Selon la Commission, quelque 2.000 migrants sont massés du côté biélorusse de la frontière. L’exécutif européen s’est dit prêt à fournir une aide à la Pologne.
Un porte-parole de l’armée polonaise a accusé les garde-frontières biélorusses de tirer des coups de feu en l’air pour semer la panique parmi les migrants et les inciter à franchir les barbelés érigés par la Pologne. Il les a aussi accusés de sectionner les barbelés pour faciliter le passage des migrants.
Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki s’est rendu sur place mardi pour apporter son soutien aux milliers de soldats et de policiers envoyés en renfort.
La police polonaise a indiqué mardi sur Twitter que la nuit avait été calme, à l’exception d’un jet de pierre sur une voiture de police, après les affrontements de lundi. Elle a également diffusé des images des tentes et des feux de camp dressés par les migrants du côté biélorusse de la frontière, pour lutter contre les températures nocturnes glaciales.
Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, Pawel Jablonski, a répété mardi à la radio Zet que pour l’instant, la Pologne n’avait pas besoin de renforts de la part de Frontex, l’agence de contrôle des frontières extérieures de l’UE.
Selon le représentant de la Pologne auprès des Nations unies, cité par l’agence de presse publique polonaise PAP, les ambassadeurs des pays de l’UE auprès des Nations unies doivent se réunir ce mardi pour aborder ce dossier.
Egalement membre de l’UE et frontalière de la Pologne et de la Biélorussie, la Lituanie a de son côté déclaré l’état d’urgence à sa frontière avec la Biélorussie.
(Reportage Alan Charish et Felix Hoske à Narewka, avec Joanna Plucinska et Pawel Florkiewicz à Varsovie, Matthias Williams à Kiev, Polina Devitt et Mark Trevelyan à Moscou, Robin Emmott à Bruxelles, John Irish à Paris ; écrit par Matthias Wiliams ; version française Myriam Rivet et Tangi Salaün, édité par Jean-Stéphane Brosse)
Faites un don maintenant pour nous aider à poursuivre notre mission !
Les chrétiens protestants et évangéliques ont longtemps sous-estimé le pouvoir des médias. Les récentes polémiques concernant des reportages à charge contre les plus grandes églises évangéliques françaises pose la question des intentions des patrons des médias, de ces milliardaires qui ont surinvesti ce champ de bataille idéologique.
Ne perdons pas la bataille idéologique
Les achats de médias par des milliardaires ne sont pas toujours motivés par la rentabilité financière, mais plutôt par des intérêts idéologiques. Ils achètent les médias pour influencer l'opinion publique, mener des batailles culturelles et maintenir leur pouvoir économique et social.Les évangéliques pris pour cible
L’influence grandissante des évangéliques gêne certains patrons des médias qui, disons-le, sont engagés dans des loges ou des sectes pernicieuses. Très puissante aux États-Unis, où de nombreuses personnalités ont renoncé à l'occultisme et à la débauche pour se convertir à la foi évangélique, la percé de cette frange chrétienne de plus en plus présente en France fait trembler le monde des ténèbres.Faire contrepoids
A l'heure actuelle, les chaînes d’info font l’agenda, nourrissent les réseaux sociaux, orientent les débats publics. Le Journal Chrétien et sa chaîne Chrétiens TV veulent aller sur leur terrain en investissant la sphère politique et médiatique pour y proposer une autre hiérarchie de l’information. Il est question de mener la bataille culturelle pour faire contrepoids aux groupes de médias hostiles aux Evangéliques.A quoi serviront vos dons ?
Nous avons l’ambition de développer une plateforme de médias suffisamment compétitive. Vos dons nous permettront de créer des émissions chrétiennes de qualité, de réaliser plus d’investigation, de reportages et d’enquêtes de terrain, d'organiser des débats sur des sujets de société, et de recruter du personnel compétent.Il nous faudra également développer davantage notre présence sur le terrain, produire plus de reportages, investir dans du matériel.
Le Journal Chrétien est un média libre, indépendant, sans publicité, accessible à tous grâce à la fidélité et à la générosité de ses lecteurs.
Votre don (défiscalisable à 66%), petit ou grand, est plus qu’un geste. C’est un acte militant et chrétien !

