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Les communications interceptées par l’Ukraine montrent colère et désarroi des soldats russes

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par Tom Balmforth et Filipp Lebedev

(Reuters) – La contre-offensive ukrainienne était entrée sans son deuxième mois quand Andreï, un soldat russe, a téléphoné à sa femme pour se plaindre des lourdes pertes subies par son unité.

Les soldats russes sont si mal équipés, lui a-t-il dit, qu’ils ont l’impression d’être revenus à l’époque des combats de la Seconde Guerre mondiale.

« Ils nous défoncent », se plaint Andreï dans l’extrait de cet échange intercepté par les services de renseignement ukrainiens (SBU) le 12 juillet. « On n’a pas de putain de munitions, rien… est-ce qu’on doit se servir de nos doigts comme des baïonnettes ? »

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le SBU intercepte régulièrement des communications entre les soldats russes et leurs familles.

Une source au sein des services de renseignement ukrainiens a transmis à Reuters 17 extraits de conversations enregistrées pendant la première quinzaine de juillet, qui donnent un aperçu de la situation sur le front, même si ceux-ci sont passés par le filtre de la propagande de guerre ukrainienne.

Si la Russie a jusqu’ici largement freiné la contre-offensive ukrainienne lancée début juin grâce à un impressionnant réseau défensif, les appels des soldats russes laissent entendre que c’est aussi au prix de lourdes pertes dans leurs rangs, dans un contexte de manque de munitions, d’équipement, de formation et avec un moral en berne.

Ni Moscou, ni Kyiv ne communiquent sur leurs pertes.

Selon des experts interrogés par Reuters, les communications interceptées, dont la source n’a pas précisé comment elles avaient été sélectionnées et dont il est impossible de dire si elles sont représentatives de l’état de l’ensemble de l’armée russe le long de la ligne de front, confirment a minima des difficultés dont les blogueurs militaires russes qui couvrent le conflit se sont aussi fait l’écho.

MANQUE DE FORMATION ET D’ÉQUIPEMENT

Pour Neil Melvin, directeur des études internationales au Royal United Services Institute (RUSI), les échanges montrent que des soldats russes mobilisés ont été envoyés au front sans pratiquement aucune formation et ont subi de lourdes pertes, ce qui crée des tensions entre les soldats du rang et leurs officiers.

Le ministère russe de la Défense n’a pas répondu aux questions de Reuters. En décembre, le président Vladimir Poutine avait reconnu que l’armée devait régler les « problèmes rencontrés en Ukraine. La Russie a depuis doublé ses dépenses militaires qui représentent désormais un tiers du budget de l’Etat.

Sur les 17 extraits de conversations transmis à Reuters, seuls ceux qui émanaient de soldats dont l’identité a pu être vérifiée grâce à leur présence sur des plateformes de messagerie comme Telegram ou sur les réseaux sociaux ont été utilisés pour la rédaction de cet article.

Les épouses de trois soldats ont aussi confirmé leur présence sur le front mais elles n’ont souhaité faire aucun autre commentaire. Reuters a fait le choix de ne pas divulguer l’identité complète des soldats concernés.

Maxime, un soldat originaire d’Irkoutsk, en Sibérie, a dit à sa femme que son unité engagée près de Lyman, dans le nord-est de l’Ukraine, avait légèrement progressé début juillet dans ce secteur où l’armée russe est encore à l’offensive, au prix de lourdes pertes.

« Et voilà. Il n’y a plus de deuxième bataillon. Ils l’ont taillé en pièces », dit-il à sa femme Anna dans une conversation datée du 3 juillet. Un bataillon est normalement constitué de 500 soldats.

« TOUT LE MONDE A PEUR »

Reuters n’a pas pu vérifier dans quelle unité Maxime était engagé ni à quoi correspondait le « deuxième bataillon » auquel il fait référence. Selon le SBU, il s’agit du 52e régiment.

Pendant l’échange téléphonique, Maxime précise que faute de soutien, les soldats doivent abandonner leurs blessés sur le front, et que la plupart d’entre eux succombent à leurs blessures.

Après l’échec de son offensive éclair contre Kyiv et d’autres grandes villes ukrainiennes, comme Kharkiv, et en raison des pertes subies par les troupes russes, le Kremlin a ordonné en septembre 2022 la mobilisation de centaines de milliers de réservistes.

Grâce notamment à des messages publiés par sa famille sur les réseaux sociaux, Reuters a réussi à retracer le parcours d’un de ces soldats entre sa mobilisation, le 29 septembre, et un appel passé à sa mère, Elena, neuf mois plus tard.

« Ils se sont fait massacrer. Ils gisent sur le sol, on ne peut même pas récupérer certains corps. Ils sont déjà mangés par les vers », dit-il le 12 juillet à propos de soldats tombés au combat près de Roubijné, dans la région de Louhansk, selon le compte-rendu du SBU.

« Vraiment ? », demande sa mère. « Imagine ce que c’est d’être jeté en première ligne sans aucun équipement », lui répond-il.

Selon Maxime, les officiers russes ne font pas état de leurs pertes pour ne pas subir les reproches de leurs supérieurs.

« Tout le monde a peur », dit-il à sa mère. « Ils envoient des mobilisés au front », bien que Vladimir Poutine ait promis qu’à l’inverse des soldats qui s’engagent, les mobilisés resteraient à l’arrière. « Les généraux s’en foutent complètement », assure Maxim.

Le Kremlin n’a pas plus que le ministère de la Défense répondu aux sollicitations de Reuters à ce sujet.

(Version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)

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