L’emballage de Christo transformera l’Arc de Triomphe en oeuvre d’art
Surprise en vue pour les promeneurs de l’avenue des Champs-Elysées à partir du mois prochain : l’Arc de Triomphe sera entièrement emballé selon les instructions de feu l’artiste Christo, spécialiste de ce genre d’installation aussi spectaculaire qu’éphémère.
Des grues et un échafaudage annoncent déjà l’oeuvre qui consiste à recouvrir l’arche de 50 mètres de haut érigée au XIXe siècle d’un immense morceau de polypropylène recyclable bleu argenté retenu par des cordes rouges. Elle sera visible du 18 septembre au 3 octobre.
Imaginé dès 1961 par l’artiste d’origine bulgare Christo et son épouse Jeanne-Claude, le projet baptisé « L’Arc de Triomphe, Wrapped » va finalement voir le jour sous la houlette du neveu de Christo, Vladimir Yavatchev.
« Il s’agit simplement de tenir une promesse qui lui a été faite. C’est aussi simple que cela », a déclaré ce dernier en anglais à Reuters.
Quelques années avant sa mort, Christo, qui a passé une partie de sa vie à Paris et à New York, où il est décédé le 31 mai 2020 à l’âge de 84 ans, avait fait savoir combien ce projet était pour lui une priorité.
La mort de l’artiste est survenue quelques jours avant une rétrospective du centre Georges Pompidou retraçant les années parisiennes de l’artiste, arrivé dans la capitale en 1958 où il a tôt eu l’idée d’emballer des objets comme des caisses et des barils, longtemps avant l’empaquetage du Pont-neuf qui fit sensation en 1985.
Christo et Jeanne-Claude, décédée en 2009, ont, entre autres nombreux ambitieux projets, emballé le Reichstag à Berlin en 1995 et une partie de la côte australienne de Little Bay, au sud de Sydney.
Le projet de l’Arc de Triomphe, l’un des monuments les plus emblématiques de Paris, n’empêchera pas les visiteurs d’accéder au site surmonté d’une terrasse panoramique, sous l’arche duquel repose le Soldat inconnu, dont la flamme est ravivée chaque jour.
Aux yeux de Vladimir Yavatchev, le plus important est de rester fidèle à l’idée du maître pour cette oeuvre posthume.
« Je pense que Christo serait très heureux si quelqu’un la regardait et disait ‘cela ressemble aux dessins' », a-t-il dit.
Le projet est entièrement financé par la vente de dessins préparatoires et d’oeuvres de l’artiste.
(Reportage Léa Guedj, rédigé par Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)