Le Nobel de la paix pourrait récompenser les défenseurs de l’environnement, des femmes et des indigènes
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVOSLO/STOCKHOLM (Reuters) – Le président ukrainien Volodimir Zelensky et l’opposant russe Alexeï Navalny figurent parmi les favoris pour le prix Nobel de la paix de cette année, mais les experts estiment que les défenseurs des droits des femmes, des peuples indigènes ou de l’environnement pourraient finalement décrocher la prestigieuse récompense.
Le Comité Nobel norvégien, qui décerne le prix, est également capable de créer la surprise lors de son annonce du 6 octobre prochain, ce qu’il a déjà fait par le passé.
Bien que les bookmakers considèrent Volodimir Zelensky comme l’un des principaux candidats pour rejoindre l’illustre liste des lauréats, qui va de Nelson Mandela à Martin Luther King, les spécialistes du prix Nobel estiment qu’en tant que dirigeant en temps de guerre, le président ukrainien a peu de chances d’être nommé.
Les chances de Navalny, actuellement emprisonné, sont pour leur part amoindries par le fait que des dissidents russes ont été honorés du prix en 2022 et 2021.
Le troisième favori est l’universitaire ouïghour Ilham Tohti, mais cela exaspérerait la Chine, qui a gelé les relations diplomatiques avec Oslo pendant six ans lorsque le dissident Liu Xiaobo a reçu le prix de la paix en 2010.
Henrik Urdal, directeur de l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo, a déclaré qu’en cette année marquant le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Comité pourrait décider de mettre en lumière la contribution des activistes pour la paix.
L’attribution d’un prix à Tohti ou à un autre activiste en Chine permettrait de mettre l’accent sur le régime de plus en plus autoritaire de Pékin, a-t-il ajouté.
Urdal a également cité la militante iranienne des droits de la femme et de la lutte contre la peine de mort Narges Mohammadi, actuellement en prison, ainsi que l’Afghane Mahbouba Seraj qui, malgré l’interdiction des taliban au pouvoir, continue de militer pour le droit des filles à l’éducation et d’autres droits des femmes, et qui demeure à Kaboul.
UNE PAIX EN VOIE DE DÉSINTÉGRATION
Le prix Nobel de la paix de 2022 a été décerné au militant biélorusse emprisonné Ales Bialiatski, au groupe russe de défense des droits Memorial et au Centre ukrainien pour les libertés civiles, ce qui a été considéré par beaucoup comme une gifle pour le président russe Vladimir Poutine.
Le comité Nobel pourrait également vouloir mettre l’accent sur le changement climatique, un sujet qu’il a abordé pour la dernière fois en 2007 en récompensant le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec) et l’ancien vice-président des États-Unis, Al Gore.
« Nous vivons une période de désintégration de la paix. En même temps, c’est une période où la pression d’une crise écologique massive pèse sur nous », a déclaré Dan Smith, directeur de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.
Smith cite notamment le mouvement « Fridays for Future », lancé par la jeune activiste suédoise Greta Thunberg, ainsi que le chef du peuple autochtone Kayapo au Brésil, Raoni Metuktire, qui fait campagne depuis des décennies pour la protection de la forêt amazonienne.
Urdal dit pour sa part que les droits des peuples autochtones pourraient être au centre des préoccupations, citant l’ancienne rapporteure spéciale sur les droits des peuples autochtones, la Philippine Victoria Tauli-Corpuz, et le leader autochtone équatorien Juan Carlos Jintiach.
Parmi les autres lauréats potentiels figurent la Cour internationale de justice (CIJ), l’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), son fonds pour l’enfance (Unicef) ou le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
(Reportage Gwladys Fouche à Oslo et Ilze Filks à Stockholm ; version française Diana Mandiá)