Le gouvernement réfléchit à un « cadre » face au format inédit de grève à la SNCF, dit Véran
PARIS (Reuters) – Le gouvernement français va réfléchir à un « cadre » permettant d’assurer la continuité des services publics, a annoncé jeudi son porte-parole Olivier Véran, alors qu’un mouvement de grève à la SNCF, de grande ampleur et d’un format inédit, risque de pénaliser de nombreux voyageurs pour les fêtes de Noël.
Constitués en collectif, des milliers de chefs de bord ont décidé de faire grève du 23 au 25 décembre pour réclamer des avancées salariales et un meilleur déroulement de carrière, entraînant l’annulation d’un train sur trois vendredi 23 décembre, journée de grand départ, et se poursuivre le week-end de Noël.
Selon la direction de la SNCF, un chef de bord sur deux devrait participer à ce mouvement qui pourrait se prolonger le week-end du 31-1er janvier.
Ce mouvement présente une grande difficulté pour la direction de la SNCF car il se tient en dehors du cadre syndical habituel. Les quatre syndicats représentatifs de la société ferroviaire n’ont pas appelé au débrayage pour ces week-ends de fête, estimant l’impact trop important pour les usagers.
Sud-Rail et la CGT Cheminots ont néanmoins maintenu leur préavis de grève pour permettre aux cheminots qui le souhaitent d’arrêter le travail.
« Nous faisons face à quelque chose qui n’existait pas dans notre pays. Une grève multi-individuelle, couverte par un préavis déposé par des centrales qui elles-même n’appellent pas à la grève », a dénoncé Olivier Véran lors du compte-rendu du conseil des ministres.
Dans ce contexte, « le président de la République a évoqué la nécessité pour l’avenir de tenir compte de ce nouveau type de mouvement de grève qui échappe au dialogue social » et « a invité la Première ministre et le gouvernement à réfléchir à la mise en place d’un cadre pour assurer la continuité des services publics en toutes circonstances », a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions sur le dispositif envisagé.
« Face à une situation qui est nouvelle, il faut avoir des modalités de réflexion qui sont nouvelles », a indiqué Olivier Véran.
« SAUVER » LE WEEK-END DU JOUR DE L’AN
« C’est une grève dont le moment est incompréhensible et injustifiable », a regretté pour sa part le ministre des Transports, Clément Beaune, sur franceinfo, en disant vouloir désormais « sauver le week-end du jour de l’an ».
« Il y a un combat qui doit être mené heure par heure, pour lequel je suis engagé avec la SNCF, c’est d’éviter qu’on ait des difficultés, de grosses perturbations le week-end suivant (celui de Noël), qui est un week-end très chargé aussi », a-t-il déclaré.
La direction propose en moyenne une augmentation de salaire de 5,9% pour l’ensemble des cheminots sur l’année 2023, à laquelle s’ajoute une prime de 600 euros bruts pour les contrôleurs, ainsi que des garanties d’embauche pour qu’il y ait toujours deux chefs de bords dans un TGV. Elle dit aussi avoir fait des concessions en termes de déroulement de carrière.
Mais pour un porte-parole du collectif qui s’est entretenu avec Reuters et qui n’a pas souhaité donner son nom, ces propositions sont loin d’être suffisantes au regard des années de « négligence » de la direction envers leur profession.
Interrogé sur RTL, le président directeur général de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a fait savoir qu’il était ouvert au dialogue et qu’il rencontrerait demain les organisations syndicales, seules instances légitimes, selon lui, pour tenter de trouver une issue à cette crise.
« On ne lâche pas l’affaire, je pense qu’il est encore possible d’éviter que le week-end de retour du jour de l’an soit gâché par ce mouvement social », a-t-il dit, en rappelant les efforts concédés par l’entreprise et en demandant aux grévistes à se ranger aux avis des syndicats qui estiment ces avancées suffisantes.
Pour Didier Mathis, secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire, qui avait décidé de lever son préavis de grève, les probabilités d’éviter un prolongement du mouvement social pour le week-end du 31-1er janvier sont faibles.
« Il faut se revoir l’année prochaine pour continuer à négocier et essayer d’obtenir les revendications au plus près des demandes des contrôleurs », a-t-il dit sur Franceinfo.
(Caroline Pailliez et Blandine Hénault, édité par Tangi Salaün)
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