Rechercher sur le site

Entrez les mots-clés dans la boîte ci-dessous :

Vous aimez nous lire?

Soutenez-nous !

Inscription à la newsletter

Le gouvernement Barnier face au spectre d’une censure rapide

À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) – L’avenir du gouvernement de Michel Barnier reste plus que jamais suspendu au budget 2025 dont l’adoption sans vote pourrait déboucher sur une censure de la part des oppositions de l’Assemblée, synonyme de chute du fragile attelage installé en septembre.

Une fenêtre de tir surgit la semaine prochaine avec le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale. L’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution en l’absence de majorité, envisagée par Michel Barnier, déclencherait le dépôt d’une motion de censure dont le vote par les détracteurs de l’équipe au pouvoir, des extrêmes en passant par le PS et les écologistes, ferait tomber le gouvernement.

« Le moment est très grave », a prévenu Michel Barnier mardi soir sur TF1 où il a notamment mis en garde contre des « turbulences graves sur les marchés financiers ».  

Une censure reviendrait à « affaiblir durablement » le pays sur les plans « économique, social et diplomatique », a renchéri la porte-parole du gouvernement, Maud Brégeon, mercredi lors du compte rendu du conseil des ministres.

La semaine dernière en marge du G20 de Rio, au Brésil, le chef de l’Etat Emmanuel Macron avait plaidé pour la « stabilité » afin de poursuivre les réformes et peser dans un monde bousculé par les guerres en Ukraine, au Proche-Orient et l’arrivée au pouvoir de Donald Trump à la Maison blanche.

« LANCER LA FRANCE DANS L’INCONNU »

Dans un contexte politique aussi incertain qu’éruptif, l’entourage de Michel Barnier en appelle en particulier aux socialistes mal à l’aise au sein de l’alliance avec la radicale France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, qui a lui-même prédit une chute du gouvernement « entre le 15 et le 21 décembre », à la fin de la séquence budgétaire au Parlement.

« Est-ce qu’un parti de gouvernement est prêt à lancer ainsi la France dans l’inconnu ? Les députés PS ont-ils intérêt à être la béquille de LFI ? », s’interroge un conseiller de Matignon.

Si LFI est claire dans son intention de censurer du gouvernement – « à chaque fois qu’il y aura un 49.3, nous déposerons une motion », répète la présidente du groupe Mathilde Panot – le débat existe parmi les 66 membres du groupe PS où certains prônent une distance avec le camp Mélenchon.

Interrogé par Reuters, l’ex-président redevenu député François Hollande met la balle dans le camp de Michel Barnier, qui poursuit ses consultations des forces politiques à Matignon.

« Le recours au 49.3 crée une présomption de censure, et c’est au Premier ministre de trouver les réponses aux propositions des présidents de groupe PS », a-t-il dit.

Longtemps désigné comme l’arbitre de cette séquence, le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen et ses 124 élus ont durci le ton ces derniers jours, l’ancienne candidate à l’Elysée minimisant même dans une tribune publiée dans Le Figaro les conséquences d’une chute du gouvernement.

« Non, il n’y a pas de risque de ‘shutdown’ à l’américaine en cas de censure du budget », écrit-elle, rejoignant sur ce point la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qui a évacué tout « scénario catastrophe. »

« Le gouvernement peut présenter au Parlement ce qu’on appelle une loi spéciale pour prélever les impôts à partir du 1er janvier, il peut y avoir reconduction des dépenses par décret pour pouvoir payer les fonctionnaires, les retraités, etc « , a-t-elle détaillé au micro de Sud Radio.

« ILS SONT PRÊTS À TOUT »

Au RN, l’idée d’une censure fait en tout cas son chemin. « Rien n’est impossible », a dit à Reuters un ténor du parti.

« Nous n’avons jamais pris la censure à la légère », a dit à Reuters le député RN Jean-Philippe Tanguy. « Ce sont eux qui refusent d’écouter le RN et toutes les oppositions ».

Son collègue Thomas Ménagé évoque pour sa part l’idée de donner le temps au gouvernement de répondre aux demandes du parti d’extrême droite, notamment hostile à la non-indexation immédiate des retraites et à une hausse du coût du travail.

« On laisse une chance au Premier ministre, on lui tend la main », a-t-il dit à Reuters. « Mais si mi-décembre il n’a pas entendu les 11 millions de Français qui ont voté pour nous [aux élections législatives-NDLR], nous censurerons. »

Pour le « socle commun », alliance entre la droite républicaine et le camp présidentiel, les choix du RN sont à rapprocher des déboires judiciaires de Marine Le Pen, menacée d’inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires de son parti.

« Le RN veut allumer un contre-feu pour éclipser cette histoire de procès. Ils sont prêts à tout », a dit à Reuters un proche de l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. « Marine Le Pen veut démontrer que ce n’est pas de sa faute si le gouvernement tombe, mais celle de Barnier et de son budget. »

Pour le député LR Yannick Neuder, cette censure est incompatible avec la stratégie de normalisation du RN.

« Marine Le Pen veut être présidente et elle organise le chaos ? C’est elle qui conduit le camion ? Renverser le gouvernement c’est donner plus de pouvoirs à Emmanuel Macron, ce n’est pas cohérent », dit-il.

(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)

tagreuters.com2024binary_LYNXNPEKAQ0P5-FILEDIMAGE

💟 Voici des exemples de vidéos produites grâce à vos dons.

"Sur les traces des dernières guerres de Religion", tel est le thème d'un colloque de trois jours pour tout comprendre sur la guerre des religions à La Rochelle.

Découvrez l'interview accordée à la chaîne Chrétiens TV par Joseph Moussio, responsable de louange de l'église Impact Centre Chrétien.

Les commentaires sont fermés.