21 mars 2025Reuters

L’aéroport de Londres-Heathrow fermé après un incendie, le trafic mondial perturbé

LONDRES (Reuters) – L’aéroport britannique de Heathrow, le plus fréquenté en Europe, est fermé toute la journée ce vendredi à cause d’une coupure de courant provoquée par un incendie survenu dans une sous-station électrique située à environ six kilomètres de l’aéroport.

Cet incident affecte les horaires des vols dans le monde entier, même si les pompiers ont indiqué que l’incendie, qui s’est déclenché vers 23h00 GMT jeudi, est désormais maîtrisé.

Alors qu’experts et compagnies aériennes se demandent comment un tel évènement a pu se produire et avoir de telles répercussions, la police a dit ne pas avoir pour le moment de raison de penser qu’il puisse s’agir d’un acte criminel.

Les services de contre-terrorisme ont néanmoins été chargés de l’enquête en raison, a dit la police, de leur expertise en la matière et du caractère critique de la station incendiée.

Les pompiers ont indiqué que la cause de l’incendie n’avait pas encore été établie et que quelque 25.000 litres de liquide de refroidissement du transformateur de la sous-station avaient pris feu.

Le gigantesque brasier, qui a également mis hors service le système d’alimentation de secours de la région, n’a été contrôlé qu’au petit matin par les dizaines de pompiers déployés sur place.

« Il y avait un générateur de secours, mais il a également été touché par l’incendie, ce qui donne une idée du caractère inhabituel et sans précédent de la situation », a déclaré le ministre britannique de l’Energie, Ed Miliband, sur Sky News.

Selon les experts du secteur aérien, les aéroports européens n’avaient pas connu de perturbations d’une telle ampleur depuis que le nuage de cendres d’un volcan islandais avait cloué au sol quelque 100.000 vols en 2010.

DES JOURS DE PERTURBATIONS EN VUE

Les perturbations provoquées par la fermeture de Heathrow devraient coûter des dizaines de millions d’euros aux compagnies aériennes et probablement déclencher une bataille judiciaire pour savoir qui devra assumer ce coût.

« On aurait pu penser qu’ils avaient des systèmes de secours plus importants », a déclaré avec amertume à Reuters le dirigeant d’une compagnie aérienne européenne.

L’aéroport de Heathrow, qui devait accueillir ce vendredi 1.351 vols et jusqu’à 291.000 passagers, a annoncé qu’il resterait fermé au moins jusqu’à minuit.

Des vols court et moyen-courrier ont été déroutés vers d’autres aéroports en Grande-Bretagne et en Europe, tandis que de nombreux vols long-courrier ont été contraints à faire demi-tour.

Il va falloir plusieurs jours pour absorber les conséquences de ces perturbations sur le trafic aérien, ce qui promet de nouvelles galères aux passagers concernés, notamment ceux qui ont été contraints à une escale imprévue en Europe et qui ne disposent pas des documents nécessaires pour sortir de l’aéroport.

Plus généralement, l’ensemble du trafic aérien mondial est affecté par l’indisponibilité des avions immobilisés par la fermeture Heathrow dans les aéroports où ils devaient effectuer leur vol suivant.

Heathrow a appelé les passagers à ne pas se rendre à l’aéroport jusqu’à nouvel ordre. British Airways, qui avait 341 vols prévus à l’atterrissage vendredi à Heathrow, a fait de même.

ALTERNATIVE DÉFAILLANTE

Ed Miliband a indiqué que le gestionnaire de réseau de transport britannique, la National Grid, travaillait à rétablir l’électricité en utilisant un autre système de secours et que le gouvernement avait à coeur de déterminer les causes de l’incendie, tout en tirant des leçons pour l’avenir sur les infrastructures britanniques.

Willie Walsh, directeur de l’IATA (International Air Transport Association) et ancien directeur de British Airways, a reproché à Heathrow d’avoir « laissé tomber » les passagers.

« Comment se fait-il qu’une infrastructure critique, d’importance nationale et mondiale, dépende totalement d’une seule source d’énergie, sans alternative ? », s’est-il interrogé. « Si tel est le cas, comme cela semble l’être, il s’agit d’une erreur de planification manifeste de la part de l’aéroport. »

Les spécialistes des réseaux électriques soulignent que de tels incendies sont rares et soulignent qu’il devrait être assez simple de rétablir l’alimentation de l’aéroport en raccordant le réseau à d’autres sources d’énergie.

« Nous pouvons être relativement confiants quant au fait que l’électricité devrait être rétablie d’ici demain », a déclaré Nicholas Rigby, ingénieur commercial chez NRG Management Consultancy.

National Grid a fait savoir en début d’après-midi qu’une solution intérimaire avait pu être trouvée pour rétablir le courant dans une partie de l’aéroport mais que les travaux se poursuivaient pour trouver une solution durable.

En Bourse, les titres des compagnies aériennes européennes reculaient nettement vendredi face aux perturbations importantes du trafic.

A la Bourse de Londres, IAG, la maison mère de British Airways, reculait de 2,3%, EasyJet de 1,2% et Wizz Air de 2,8%. Ryanair perdait 2,2% à Dublin.

A Francfort, Lufthansa abandonnait 2,1%, tandis qu’à Paris, Air France-KLM était en repli de 2,8%. Le compartiment du transport et loisirs perdait 1,88% contre un repli de 0,82% au même moment pour l’indice paneuropéen Stoxx 600.

(Angela Christy, Jamie Freed; avec la contribution de Sarah Young et Gnaneshwar Rajan à Bangalore, rédigé par Kate Holton ; version française Jean Terzian, Blandine Hénault, Claude Chendjou et Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)