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La ville de Gaza « encerclée » par Israël, qui opère en son coeur

par Nidal al-Mughrabi et Emily Rose

GAZA/JERUSALEM (Reuters) – Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mardi que les soldats israéliens opéraient au coeur de la ville de Gaza, bastion du Hamas encerclé par l’armée israélienne, dans le cadre de l’offensive sans précédent menée dans la bande de Gaza en réponse à l’attaque du Hamas un mois plus tôt.

« Nous n’arrêterons pas », a assuré le dirigeant israélien dans des commentaires télévisés, répétant sa position selon laquelle aucun cessez-le-feu ne serait possible sans la libération de l’ensemble des otages détenus dans la bande de Gaza depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre.

L’armée israélienne avait de nouveau demandé, plus tôt dans la journée, aux civils de la ville de Gaza de se déplacer vers le sud de l’enclave en leur garantissant un passage sécurisé.

Cet appel a été répété par le ministre de la Défense, Yoav Gallant, lors d’une conférence de presse télévisée durant laquelle il a déclaré que Tsahal opérait « au coeur » de la ville de Gaza.

« Les troupes de l’armée sont au coeur de la ville de Gaza. Elles sont arrivées par le nord et par le sud. Elles sont entrées en totale coordination avec les forces terrestres, aériennes et navales », a-t-il dit.

Yoav Gallant a ajouté que les soldats israéliens « opèrent à pieds, avec des véhicules blindés et des chars (…) depuis toutes les directions et ils ont un objectif: les terroristes du Hamas dans Gaza, leurs infrastructures, leurs commandants, bunkers, salles de communication ».

Il a indiqué que le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, était « isolé » dans son bunker.

Le ministre israélien de la Défense a déclaré par ailleurs que la bande de Gaza ne serait gouvernée ni par Israël, ni par le Hamas à l’issue de la guerre. Benjamin Netanyahu a annoncé lundi dans un entretien à la chaîne de télévision américaine ABC News que l’Etat hébreu aurait la « responsabilité sécuritaire » de l’enclave palestinienne pendant une durée indéterminée.

« UN MOIS COMPLET DE CARNAGE »

Densément peuplée, la ville de Gaza abrite en temps normal un tiers des quelque 2,3 millions d’habitants de l’enclave palestinienne. Nombre d’entre eux ont fui les bombardements intensifs menés par Israël en représailles à l’attaque du Hamas qui a fait 1.400 morts sur son territoire.

Mais beaucoup de civils ont trouvé refuge dans les hôpitaux et les écoles de la ville, alors que le bilan côté palestinien a dépassé les 10.000 morts, dont 40% d’enfants, selon les chiffres du ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas.

Face à ces lourdes pertes, en grande partie corroborées par les ONG et les agences des Nations unies présentes sur place, le commissaire aux droits de l’Homme de l’Onu a dénoncé mardi un « carnage ».

« Cela a été un mois complet de carnage, de souffrances incessantes, d’effusion de sang, de destruction, d’indignation et de désespoir », a déclaré Volker Türk à son arrivée dans la région pour une tournée qui le mènera notamment à Rafah, le point de passage entre l’Egypte et Gaza par lequel transite l’aide humanitaire.

« Les violations des droits de l’homme sont à l’origine de cette escalade et les droits de l’homme jouent un rôle central pour trouver une issue à ce tourbillon de douleur », a-t-il ajouté.

Israël avait accordé ce mardi aux habitants de Gaza une fenêtre de quatre heures, entre 10h00 et 14h00 (8h00 GMT et 12h00 GMT) pour évacuer la ville en sécurité.

L’armée israélienne a intensifié ses bombardements ces derniers jours en prévision d’un probable assaut terrestre dans la bande de Gaza, et des civils qui ont réussi à fuir ont dit avoir vu de nombreux chars en position de combat.

« Le voyage le plus dangereux de ma vie. Nous avons vu des chars de bout en bout. Nous avons vu des corps décomposés. Nous avons vu la mort », a écrit sur les réseaux sociaux Adam Fayez Zeyara, en légende d’un selfie le montrant sur la route qui quitte la ville de Gaza vers le Sud.

Si l’armée israélienne concentre ses opérations dans le nord de la bande de Gaza, le Sud n’est cependant pas épargné par les bombardements, qui ont fait 23 morts mardi près de Khan Younès et Rafah, selon les services médicaux.

NETANYAHU ÉVOQUE DES « PAUSES TACTIQUES »

Benjamin Netanyahu a dit lundi qu’Israël allait envisager des « petites pauses tactiques » dans les affrontements à Gaza afin de permettre l’arrivée d’aide humanitaire dans l’enclave ou l’évacuation des otages détenus par le Hamas depuis l’attaque du 7 octobre.

Mais dans un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine ABC News, le Premier ministre israélien a rejeté une nouvelle fois l’idée d’un cessez-le-feu et ajouté qu’Israël entendait avoir la « responsabilité sécuritaire » de Gaza une fois la guerre terminée.

« Je pense qu’Israël aura la responsabilité générale de la sécurité à Gaza pour une période indéterminée parce que nous avons vu ce qui se passe quand nous n’avons pas cette responsabilité sécuritaire », a-t-il répondu à la question de savoir qui devait gouverner Gaza à l’issue de la guerre.

Israël et le Hamas ont jusqu’à présent rejeté les appels internationaux à un cessez-le-feu. L’Etat hébreu demande au préalable la libération de tous les otages détenus par le Hamas, une hypothèse que le groupe palestinien a dit écarter tant que Gaza serait pris d’assaut.

L’option de « pauses tactiques » a fait l’objet de discussions lundi soir entre Benjamin Netanyahu et le président américain Joe Biden, qui a réaffirmé le soutien de Washington à Israël tout en lui demandant de protéger la population civile palestinienne, a déclaré la Maison blanche.

Appelant à un cessez-le-feu urgent, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a déclaré lundi que la bande de Gaza devenait un « cimetière pour les enfants ».

Les dirigeants de plusieurs organes majeurs des Nations unies (Onu) ont également lancé un appel commun en faveur d’un cessez-le-feu humanitaire à Gaza.

Le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni à huis clos lundi. L’instance des Nations unies n’est toujours pas parvenue à se mettre d’accord sur une résolution. Quatre textes ont été rejetés en deux semaines. Les désaccords portent principalement sur le fait de savoir si les Quinze doivent appeler à un cessez-le-feu, une cessation des hostilités ou des pauses humanitaires.

(Nidal al-Mughrabi à Gaza, Emily Rose à Jérusalem, Maayan Lubell à Tel Aviv, Patricia Zengerle à Washington et Michelle Nichols aux Nations unies; version française Jean Terzian, Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün, édité par Kate Entringer et Nicolas Delame)

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