La trêve au Liban fragilisée par des frappes israéliennes et des tirs du Hezbollah
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVpar Maya Gebeily et Adam Makary
BEYROUTH (Reuters) – Au moins neuf personnes ont été tuées et trois autres blessées lundi dans des bombardements israéliens sur deux villes du sud du Liban, Talloussa et Haris, a annoncé le ministère libanais de la Santé, alors que l’armée israélienne a dit avoir frappé des dizaines de cibles liées au Hezbollah à travers le Liban.
Les autorités libanaises avaient auparavant signalé la mort de deux personnes supplémentaires dans des frappes israéliennes sur d’autres secteurs du Sud-Liban, dont un membre des services de sécurité tué en service.
Le Hezbollah a dit pour sa part avoir effectué une « frappe défensive d’avertissement » contre une position de Tsahal dans la zone disputée des fermes de Chebaa.
Ces échanges fragilisent déjà le cessez-le-feu entré en vigueur mercredi entre Israël et le mouvement chiite libanais, après médiation des Etats-Unis et de la France, chaque partie accusant l’autre de violations répétées de la trêve.
Des habitants de Beyrouth ont dit entendre des drones voler à basse altitude dans le ciel de la capitale libanaise tard dans la soirée.
Parmi ses dispositions, l’accord de cessez-le-feu interdit à Israël de mener des actions offensives au Liban tandis que les autorités libanaises doivent empêcher les groupes armés, dont le Hezbollah, d’attaquer l’Etat hébreu.
L’armée israélienne a fait état du tir de deux missiles par la milice chiite libanaise sur Har Dov (nom israélien des fermes de Chebaa), qui n’a pas fait de blessés. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dénoncé une « violation sérieuse » du cessez-le-feu et annoncé une réponse « puissante ».
Le Hezbollah a présenté ces tirs de roquettes, les premières actions qu’il revendique depuis l’entrée en vigueur de la trêve, comme des représailles aux multiples violations de l’accord par Israël.
Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, allié du Hezbollah qui a négocié l’accord de cessez-le-feu au nom des autorités libanaises, a déclaré lundi que Beyrouth avait recensé au moins 54 violations de la trêve par Israël depuis mercredi.
Outre les neuf morts à Talloussa et Haris, une personne a notamment été tuée lundi à Marjayoun, à environ 10 km de la frontière avec Israël, a déclaré le ministère libanais de la Santé.
ISRAËL SE DIT ATTACHÉ À LA RÉUSSITE DU CESSEZ-LE-FEU
Les services de sécurité libanais ont pour leur part déclaré qu’un drone israélien avait tué un de leurs membres alors qu’il était en service à Nabatieh, à 12 km de la frontière. Ils ont dénoncé une « violation flagrante » de la trêve.
Un drone israélien a aussi pris pour cible un bulldozer de l’armée libanaise utilisé pour des travaux de fortification à l’intérieur de la base militaire d’Al-Abbara, près de la frontière du Liban avec la Syrie, a déclaré l’armée libanaise
L’agence de presse libanaise NNA a quant à elle rapporté que l’armée israélienne avait tiré deux obus d’artillerie contre le village de Beit Lif, au Sud-Liban, et visé la localité de Yaroun avec des tirs de mitrailleuse.
L’armée israélienne n’a pas répondu aux questions au sujet de Marjayoun et Nabatieh mais a dit avoir visé des véhicules militaires près d’installations du Hezbollah dans la plaine de la Bekaa et près de la frontière syrienne.
Nabih Berri a exhorté le comité chargé de veiller au respect du cessez-le-feu à faire en sorte « de manière urgente » qu’Israël cesse ses atteintes à l’accord.
« Nous nous engageons via un mécanisme avec la France, Israël et le Liban à enquêter et à réagir aux signalements de violations » du cessez-le-feu, a dit Matthew Miller, porte-parole du département d’Etat à Washington, ajoutant que les premiers jours d’une trêve sont souvent des moments fragiles mais permettent généralement de réduire les violences.
Selon les termes de l’accord, les forces israéliennes ont jusqu’à 60 jours pour se retirer du sud du Liban. L’armée libanaise reprendrait ensuite le contrôle de cette zone, au sud du fleuve Litani.
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a démenti toute violation de l’accord par Israël et a accusé le Hezbollah de déplacer des armes au sud du Litani.
« Israël est attaché à la réussite de la mise en oeuvre du cessez-le-feu mais nous n’accepterons pas un retour à la situation telle qu’elle était » avant le début du conflit, a-t-il dit dans un communiqué.
La chaîne de télévision publique israélienne Kan a rapporté que l’émissaire américain Amos Hochstein, qui a servi de médiateur pour la conclusion du cessez-le-feu, avait mis en garde Israël contre d’éventuelles violations de l’accord.
(Adam Makary et Jaidaa Taha au Caire, Maya Gebeily et Tala Ramadan à Beyrouth et Maayan Lubell à Jérusalem; version française Mara Vîlcu, Sophie Louet et Bertrand Boucey)