La SNCF, cible de sabotages, renforce la sécurité sur le réseau ferroviaire
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVPARIS (Reuters) – La surveillance du réseau ferré en France a été renforcée vendredi à la suite d' »actes de sabotage » qui ont entraîné des perturbations massives pour des milliers de voyageurs, le jour de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris et du traditionnel chassé-croisé estival des vacanciers.
Le PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, et des membres du gouvernement ont dénoncé une « attaque » contre la France et les JO, dont la cérémonie d’ouverture devait débuter à 19h30 (17h30 GMT) à Paris.
« En coordination avec les forces de l’ordre, la surveillance du réseau a été renforcée au niveau terrestre et aérien avec des moyens humains et techniques », a fait savoir le groupe ferroviaire dans un communiqué.
Le ministre sortant de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré à la presse que ces actes d' »origine humaine » n’avaient pas de « conséquence directe sur l’organisation des Jeux olympiques » et la cérémonie d’ouverture.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « dégradations volontaires », notamment « détérioration de bien de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », un délit passible de 15 ans de prison.
Aucune interpellation n’a pour l’heure été effectuée, a-t-on appris de source proche du dossier.
Le Premier ministre sortant, Gabriel Attal, a fait état sur X d' »actes de sabotage », préparés et coordonnés, avec des conséquences « massives et graves » sur le réseau ferroviaire. Il dit partager « la colère » des Français et salue « leur patience ».
Quelque 250.000 passagers étaient concernés ce vendredi, et 800.000 devraient l’être durant le week-end, a déclaré le PDG de SNCF Voyageurs, Christophe Fanichet.
« L’attaque », selon le terme employé par la SNCF, a été détectée par les systèmes techniques du groupe ferroviaire « autour de 04h00 du matin ». Elle visait les lignes à grande vitesse (LGV) sur les axes Atlantique, Nord et Est.
INCENDIES CRIMINELS
Les faits – des « incendies d’armoires » qui restent à préciser – se sont produits dans quatre départements (Meurthe-et-Moselle, Yonne, Eure-et-Loir et Pas-de-Calais) au niveau de bifurcations ferroviaires stratégiques pour la circulation des trains, a-t-on dit de source proche de l’enquête.
« Les lieux ont été choisis pour avoir les conséquences les plus lourdes », a souligné Jean-Pierre Farandou sur BFMTV.
Les bifurcations concernées se situent à Courtalain en Eure-et-Loir, Pagny-sur-Moselle en Meurthe-et-Moselle et Croisilles (Pas-de-Calais). Un acte de malveillance visant la LGV Sud-Est a en revanche été « déjoué » dans l’Yonne, à Vergigny.
Des équipes de SNCF Réseau étaient à pied d’oeuvre pour les réparations nécessaires, qui demanderont du temps, a dit le groupe ferroviaire.
De premières interventions ont permis la reprise partielle du trafic sur la LGV Atlantique à partir de 13h00. Sur l’axe Nord, les TGV, dont certains ont été supprimés, circulaient avec des retards de 1h30 à 2h00. Sur l’axe Est, la circulation à destination de Metz-Nancy est revenue à la normale et au-delà, vers Strasbourg, les TGV maintenus circulaient avec des retards.
Samedi, le trafic sera normal à partir de 06h00 sur l’axe Est, annonce la SNCF. Sur l’axe Nord, 80% des trains vont circuler avec des retards de 1h00 à 2h00. Vers la Bretagne et le Sud-Ouest, deux trains sur trois sont prévus avec des retards de 1h00 à 2h00. Le trafic restera perturbé sur l’axe Nord et « devrait s’améliorer sur l’axe Atlantique pour les retours de week-end. »
« Il faut réparer câble par câble. C’est un travail très minutieux. (…) Tout cela prend du temps », a souligné Jean-Pierre Farandou, qui a fustigé une « bande d’illuminés, d’irresponsables ».
Les syndicats de cheminots ont dénoncé dans un communiqué commun un « coup porté au service public SNCF ».
« A travers la SNCF, c’est un bout de la France qu’on attaque et c’est les Français qu’on attaque », a jugé le PDG de la SNCF.
« JOUER CONTRE LES JEUX »
« Cela aurait dû être une fête. C’était aujourd’hui les grands départs, les départs en vacances, c’était aussi bien sûr l’ouverture des Jeux Olympiques avec aussi beaucoup de Français qui allaient monter à Paris (…) pour partager la joie des Jeux olympiques, tout ça c’est gâché », a-t-il déploré.
La ministre démissionnaire des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, a condamné ces actes, estimant sur BFMTV que c’était « jouer contre les Jeux ». « Jouer contre les Jeux, c’est jouer contre la France, c’est jouer contre son camp, c’est jouer contre son pays », a-t-elle déclaré.
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a dénoncé pour sa part une « volonté de déstabilisation de la France ».
Le trafic était aussi perturbé sur le réseau RATP en Ile-de-France. Sur X, le compte du RER D a annoncé que les trains en direction du nord de la ligne ne desservaient pas la gare de Stade de France à la suite d’une panne.
Sur les quais des gares parisiennes, où de nombreux voyageurs ont tenté de trouver des alternatives, notamment via le covoiturage, la confusion régnait.
« Moi j’ai envie de rentrer chez moi, c’est vendredi. J’espère que les gens ne sont pas assez bêtes pour faire des actes de malveillance le jour de l’ouverture des Jeux olympiques », a dit à Reuters, Xavier Hiegel, 39 ans, qui patientait gare de l’Est.
Gare Montparnasse, le désarroi dominait aussi.
« J’étais supposée aller à Biarritz. Je n’ai pas de plan B. Forcément, on se dit que c’est en lien avec les JO », témoigne Valérie Vidal, 59 ans.
Le trafic Eurostar est également perturbé, précise l’opérateur. Au total, 25% des trains entre Paris et Londres et Paris et Bruxelles ont été annulés. « Ce sera également le cas samedi 27 et dimanche 28 ».
(Rédigé par Sophie Louet et Zhifan Liu, avec Elizabeth Pineau, Juliette Jabkhiro, Sybille de La Hamaide, édité par Tangi Salaün et Blandine Hénault)