La police française évacue 1600 migrants à Paris et Saint-Denis
PARIS (Reuters) – Plus de 1.600 migrants ont été évacués jeudi matin par les forces de l’ordre de deux campements, dans le nord-est de Paris et en Seine-Saint-Denis, lors d’une opération d’ampleur qui fait suite aux annonces du gouvernement sur la politique migratoire.
Les clandestins, en majorité des hommes, vivaient sous des tentes ou des abris de fortune près du périphérique. Les camps évacués étaient situés porte de la Chapelle, à Paris, et avenue du président Wilson à Saint-Denis, a précisé le préfet de police Didier Lallement.
Ils ont été conduits par bus dans des centres d’accueil en Ile-de-France. Il s’agit « principalement de migrants originaires de l’Afrique subsaharienne, mais également provenant du Moyen-Orient », a précisé le préfet.
Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a déclaré sur franceinfo que les pouvoirs publics veilleraient à « empêcher toute réinstallation » sur ces sites.
« Il n’est pas possible que l’espace public se remplisse progressivement de tentes et d’hébergements provisoires », a dit pour sa part Didier Lallement à la presse.
La police procédera dorénavant à des patrouilles et au contrôle « des personnes qui tenteraient de s’installer », a-t-il ajouté.
Christophe Castaner a défendu une opération de « mise à l’abri de personnes en situation de détresse ».
« Sur Paris, nous avions un point de tension particulièrement important qui se développait malgré des mises à l’abri hebdomadaires », a-t-il expliqué sur franceinfo, précisant qu’un troisième site, porte d’Aubervilliers, était concerné.
« Nous traiterons aussi du sujet de la ‘colline du crack’ d’ici Noël où là il nous faut des places d’hébergement sanitaire », a-t-il ajouté.
Ce bidonville de toxicomanes, situé également porte de la Chapelle, dans le XVIIIe arrondissement de Paris, suscite les inquiétudes des riverains.
Didier Lallement précise dans l’arrêté préfectoral que des solutions d’hébergement seront proposées aux personnes évacuées par la préfecture de la région Ile-de-France et la préfecture de Paris, « ainsi qu’un accompagnement de ceux qui souhaiteront entamer une procédure de demande d’asile ou l’auront fait en lien avec les associations ».
La maire de Paris Anne Hidalgo et le préfet de région Michel Cadot étaient présents lors de l’évacuation.
La situation des exilés qui dorment dans la rue à Paris et sa périphérie oppose de longue date la mairie de Paris au gouvernement, Anne Hidalgo accusant l’Etat de « laisser prospérer l’indignité et le chaos » par son inaction.
« C’était la 59e opération de mise à l’abri et notre crainte, c’est une reconstitution de campements », a réagi sur BFM TV le premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire.
« S’ils ne sont pas hébergés de façon pérenne, ils iront s’installer ailleurs », a-t-il poursuivi, soulignant que parmi les personnes évacuées, « il n’y pas que des illégaux et des clandestins, il y a des titulaires du droit d’asile ».
Christophe Castaner a assuré mercredi que 16.000 places d’hébergement supplémentaires seraient ouvertes en France en 2020.
(Sophie Louet avec Jean Terzian et Simon Carraud, édité par Jean-Michel Belot et Henri-Pierre André)