La France, au prix fort, tient l’inflation à distance… pour l’instant
par Leigh Thomas
PARIS (Reuters) – Aux stations-services françaises proches de la frontière, les voitures immatriculées en Belgique peuvent faire le plein d’essence en profitant du bonus financé par le budget français, l’un des instruments qui permet à l’Hexagone de limiter l’impact l’envolée de l’inflation sur les ménages.
Le plafonnement des prix de l’énergie et l’amortissement des prix à la pompe a ainsi permis de limiter la dégradation de la confiance des ménages et celle de la croissance économique.
Mais le coût de ces mesures augmente de jour en jour, ce qui rend leur prolongation de plus en plus difficile à justifier politiquement et certains économistes craignent qu’elle ne fasse que reporter des hausses de prix inévitables.
« Au bout du compte, c’est l’Etat qui paye, donc on a fait le choix d’avoir un peu moins d’inflation et plus de dette publique, résume Sylvain Bersinger, économiste au cabinet de conseil Asteres . Le consommateur y gagne, mais le contribuable y perd, il n’y a pas de baguette magique. »
En présentant lundi le projet de budget 2023, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a déclaré qu' »une inflation trop forte est un poison pour les démocraties » et déclaré que la lutte contre la hausse des prix était le principal défi du moment pour la France comme pour l’Europe.
Si la France n’est pas le pays qui a le plus dépensé pour limiter l’impact de l’inflation, elle a été l’un des premiers à le faire en gelant les prix du gaz il y a près d’un an et en limitant la hausse de ceux de l’électricité à 4% cette année, des décisions dont l’Etat limite les effets sur les fournisseurs en les indemnisant.
« Depuis l’automne 2021, nous avons adopté un bouclier énergétique qui a maintenu les prix de l’électricité et du gaz à des niveaux raisonnables. Cela nous a permis de conserver le niveau d’inflation le plus faible des pays de la zone euro », a rappelé Bruno Le Maire.
L’Insee estime que sans ce plafonnement, l’inflation française aurait été supérieure de 3,1 points de pourcentage à son niveau actuel (6,6% sur un an en août contre 8,8% en Allemagne et 9,9% en Grande-Bretagne).
JUSQU’À 3,5% DU PIB DÉPENSÉS POUR FREINER L’INFLATION EN 2023 ?
En incluant ce plafonnement, les « chèques énergie » distribués à des millions de foyers à bas revenus, la revalorisation du Smic et des traitements des fonctionnaires et celle des prestations sociales et des pensions de retraite, les dépenses publiques supplémentaires liées à l’inflation depuis le début de la crise devraient dépasser 85 milliards d’euros en 2023, soit 3,5% du produit intérieur brut (PIB), selon les calculs de Reuters.
Au ministère des Finances, on souligne toutefois que limiter l’inflation permet aussi de réduire la dépense publique puisqu’une grande partie des prestations sociales sont indexées sur la hausse des prix.
Plus le coût de cette politique augmente, néanmoins, et plus la crise internationale se prolonge, plus la marge de manoeuvre du gouvernement pour réduire la portée de son dispositif se réduit.
Pour 2023, Bercy prévoit de limiter à 15% la hausse des prix du gaz et de l’électricité, un plafonnement qui coûtera à lui seul 16 milliards d’euros à l’Etat.
Le rabais sur les prix à la pompe, lui, doit en principe disparaître le 1er janvier mais Bruno Le Maire n’a pas totalement exclu de le réactiver (de manière plus ciblée) en cas de nouvelle flambée des prix du pétrole.
L’approche française, massive et large, est très loin des recommandations du Fonds monétaire international (FMI) et de la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, sur la nécessité de mesures anti-inflation aussi ciblées et temporaires que possible.
Le cercle de réflexion Terra Nova estime que pour 100 euros dépensés pour limiter la hausse des prix de l’énergie, huit euros seulement bénéficient aux 10% des ménages les plus modestes alors que 13 euros vont aux 10% les plus riches.
Réduire les aides publiques risque aussi de provoquer une flambée inflationniste, en quelque sorte un rattrapage de l’écart avec les pays voisins, comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne.
« Il y a un arbitrage déficit-inflation en France. Il y a le choix de maintenir un bouclier tarifaire », explique Mathieu Plane, économiste à l’OFCE, l’Office français des conjonctures économiques, mais en matière de hausse de prix, « il n’est pas du tout évident qu’on soit en dessous d’autres pays en 2023: cela dépendra des mesures prises dans d’autres pays. »
(Reportage Leigh Thomas, version française Marc Angrand, édité par Matthieu Protard)
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