Israël continue de bombarder la bande de Gaza, les tensions se propagent
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVpar Nidal al-Mughrabi et Emily Rose
GAZA/JÉRUSALEM (Reuters) – Israël a rasé vendredi un quartier d’une ville du nord de la bande de Gaza et détruit une église orthodoxe dans l’enclave palestinienne, poursuivant son offensive contre le Hamas alors même que le conflit menace de se propager à la Cisjordanie et à la frontière avec le Liban.
À Zahra, des habitants ont déclaré qu’un quartier entier de quelque 25 immeubles à plusieurs étages avait été rasé.
Ils ont dit avoir reçu des messages d’avertissement israéliens sur leurs téléphones portables à l’heure du petit-déjeuner, suivis dix minutes plus tard par une petite frappe de drone. Une demi-heure après ce premier avertissement, des avions de combat F-16 ont détruit les bâtiments, provoquant d’énormes explosions et des nuages de poussière.
« Tout ce dont j’ai toujours rêvé et pensé avoir réalisé a disparu. Dans cet appartement se trouvait mon rêve, mes souvenirs avec mes enfants et ma femme, il y avait une odeur de sécurité et d’amour », a déclaré par téléphone à Reuters Ali, un habitant du quartier, refusant de donner son nom complet par crainte de représailles.
Selon le Patriarcat orthodoxe de Jérusalem, les forces israéliennes ont également frappé l’église Saint-Porphyre dans la ville de Gaza, où des habitants chrétiens et musulmans avaient trouvé refuge.
Selon le Hamas, qui dirige la bande de Gaza, 18 personnes ont été tuées.
L’armée israélienne a déclaré qu’une partie de l’église avait été endommagée lors d’une frappe sur un centre de commandement militant et dit examiner l’incident.
NOUVEAUX FRONTS
Les autorités israéliennes se sont engagées à détruire le Hamas après l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le groupe islamiste sur le territoire israélien et qui a fait 1.400 morts, en majorité des civils.
Depuis, Israël mène d’intenses frappes aériennes sur la bande de Gaza, peuplée de 2,3 millions d’habitants, et a imposé un blocus total sur l’enclave, interdisant les expéditions de nourriture, de carburant et de fournitures médicales. Environ 3.500 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza et plus d’un million sont sans abri.
Israël a demandé à tous les civils d’évacuer la moitié nord de la bande de Gaza, qui comprend la ville de Gaza, laissant planer la perspective d’une offensive terrestre.
« Vous voyez aujourd’hui Gaza de loin, vous la verrez bientôt de l’intérieur », a déclaré jeudi le ministre de la Défense Yoav Gallant aux troupes rassemblées à la frontière de l’enclave.
Alors qu’Isräel masse des troupes près de la bande de Gaza, le conflit s’étend à deux autres fronts : la Cisjordanie et la frontière nord avec le Liban.
Le ministère de la Défense a ordonné vendredi l’évacuation de plus de 20.000 habitants de Kiryat Shmona, une ville du nord de l’Etat hébreu située à deux kilomètres de la frontière libanaise, au lendemain d’un échange de tirs transfrontalier entre les forces israéliennes et le Hezbollah libanais.
En Cisjordanie, le ministère palestinien de la Santé a déclaré que 13 personnes, dont cinq enfants, avaient été tuées dans un raid des forces israéliennes sur un camp de réfugiés palestinien proche de Toulkarem.
Les diplomates redoutent que le conflit ne s’étende encore davantage. Jeudi, les Etats-Unis ont annoncé qu’un navire de guerre de la marine américaine avait intercepté trois missiles de croisière et plusieurs drones lancés par le mouvement Houthi au Yémen, potentiellement vers Israël.
Les Houthis, comme le Hamas et le Hezbollah sont soutenus par l’Iran. Téhéran a salué les attaques du Hamas contre Israël tout en niant une implication directe.
L’Egypte accueillera samedi au Caire un « sommet pour la paix » auquel participera notamment la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna.
L’AIDE À GAZA TOUJOURS ATTENDUE
La plupart des pays occidentaux ont jusqu’à présent apporté un soutien sans réserve à l’offensive israélienne contre le Hamas, mais le malaise est croissant quant au sort des habitants de la bande de Gaza, qui n’ont pas reçu l’aide humanitaire promise.
« Nous ne pouvons pas ignorer l’humanité des Palestiniens innocents qui veulent seulement vivre en paix et avoir des opportunités », a déclaré le président Joe Biden jeudi soir dans une rare allocution télévisée en « prime time ».
Joe Biden, qui s’est rendu mercredi en Israël, a obtenu l’engagement de l’Etat hébreu d’autoriser l’entrée d’un convoi humanitaire dans la bande de Gaza depuis l’Égypte, à condition qu’il soit surveillé pour garantir qu’aucune aide ne parvienne au Hamas.
Pour l’instant, les camions sont bloqués à la frontière égyptienne, où s’est rendu vendredi matin le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
Le bureau humanitaire des Nations Unies a déclaré vendredi être en pourparlers avancés avec toutes les parties au conflit afin d’assurer le démarrage rapide d’une opération d’aide pour la bande de Gaza.
(Reportage Nidal al-Mughrabi à Gaza avec les bureaux Washington et Jérusalem ; rédigé par Cynthia Osterman et Stephen Coates, Blandine Hénault pour la version française)