Iran: L’UE pourrait désigner comme « terroristes » les Gardiens de la révolution, dit Paris
par John Irish
PARIS (Reuters) – Le ministère français des Affaires étrangères a indiqué mardi qu’il n’avait pas exclu l’idée que l’Union européenne désigne comme organisation terroriste le corps des Gardiens de la révolution iranienne, après que l’Allemagne a déclaré qu’une telle mesure ferait sens et serait politiquement importante.
Ce commentaire intervient alors que les relations entre Paris et Téhéran se sont détériorées au cours des derniers mois, du fait notamment de l’impasse dans les négociations destinées à raviver l’accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, dont la France est signataire et toujours partie prenante.
La France dénonce aussi la détention jugée illégale de plusieurs de ses ressortissants en Iran, la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna ayant ainsi de nouveau appelé, en marge de la conférence « Bagdad II » le mois dernier, à la « libération immédiate des otages » détenus par Téhéran et le respect du droit international.
Dans le cadre de discussions au sein de l’UE sur un quatrième cycle de sanctions contre l’Iran pour sa répression des manifestations anti-gouvernementales, ainsi que pour ses livraisons d’armes à la Russie, des pays membres du bloc ont appelé à classer les Gardiens de la révolution iranienne comme organisation terroriste.
Il est attendu que la Grande-Bretagne prenne une décision en ce sens dans les prochaines semaines, imitant les Etats-Unis.
Jusqu’à présent, la France s’est abstenue de prôner la désignation des Gardiens de la révolution iranienne comme organisation terroriste. Mais elle n’a pas non plus fermé la porte à cette idée, alors que Téhéran a procédé cette semaine à de nouvelles exécutions de manifestants et a par ailleurs renforcé sa coordination militaire avec Moscou, avec l’envoi de drones utilisés par l’armée russe en Ukraine.
A la question de savoir si Paris soutenait le classement des Gardiens de la révolution iranienne comme organisation terroriste, la porte-parole du Quai d’Orsay a répondu lors d’un point de presse que, compte tenu de la poursuite de la répression, « la France travaille avec ses partenaires européens sur de nouvelles mesures de sanction, sans en exclure aucune ».
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré lundi qu’un nouveau train de sanctions contre l’Iran ne serait pas suffisant, écrivant sur Twitter que « lister les Gardiens de la révolution en tant qu’organisation terroriste est politiquement important et fait sens ».
Très puissant, le corps des Gardiens de la révolution a vu son influence en Iran s’accroître depuis l’arrivée à l’été 2021 d’Ebrahim Raïssi à la présidence, avec la nomination de dizaines de commandants des Gardiens au sein de son administration.
(Reportage John Irish; version française Jean Terzian)
Faites un don au Journal Chrétien avant le 31 décembre et bénéficiez de 66% de déduction fiscale