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France: La sûreté nucléaire doit être revue de manière globale, déclare l’ASN

PARIS (Reuters) – La sûreté nucléaire en France doit être revue de manière globale et systémique pour mieux anticiper les effets du vieillissement des installations et du changement climatique dans le cadre de la prolongation des centrales d’EDF et de la construction de nouveaux réacteurs, a déclaré lundi l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

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Le gouvernement prévoit de présenter l’été prochain une nouvelle loi de programmation sur l’énergie et le climat qui servirait de base au projet d’Emmanuel Macron, annoncé en février 2022, de lancer la construction d’au moins six nouveaux réacteurs de type EPR 2 et de prolonger toutes les centrales qui peuvent l’être.

« Dans le cadre du débat actuel sur le nucléaire, les questions de sûreté et de radioprotection doivent être selon l’ASN revues globalement, par anticipation et de manière systémique, pour l’ensemble des installations nucléaires », a déclaré Bernard Doroszczuk, le président de l’ASN, lors d’une présentation des vœux à la presse de l’autorité.

EDF envisageant de prolonger son parc actuel jusqu’à 60 ans et au-delà, l’ASN a précisé qu’elle demandait au groupe de lui présenter ses hypothèses sur le sujet avant fin 2024 afin de pouvoir formuler une première position d’ici fin 2026.

« En parallèle du travail que nous allons faire avec EDF sur la question du passage de 50 à 60 ans, nous engageons un travail en profondeur sur les perspectives pour aller au-delà de 60 ans (…). Il s’agit d’identifier quelles sont les parties sensibles des installations pour lesquelles il pourrait y avoir une limitation dans la durée d’exploitation », a indiqué Bernard Doroszczuk.

« Il y a des composants non remplaçables, comme la cuve du réacteur ou l’enceinte et il y a des composants difficilement remplaçables (…) », a-t-il ajouté.

« Ce n’est pas un travail de coin de table, ce n’est pas une question de décider en quelques mois s’il est envisageable d’aller au-delà de 60 ans. Nous demandons à ce que EDF fasse un travail en profondeur à partir des quelques sujets sensibles que nous avons identifiés avec eux pour que, d’ici fin 2024, nous puissions avoir de la visibilité sur ce qui est possible (…) »

Notant qu’un épisode de canicule l’a conduite l’an passé à accorder des dérogations au fonctionnement de certains réacteurs d’EDF, pour la première fois depuis 2003, l’ASN a estimé que les conséquences à long terme du changement climatique pour le parc actuel et futur devaient être davantage anticipées.

L’ASN souhaite aussi que le principe d’une réflexion sur l’avenir du traitement et du recyclage des combustibles nucléaires usés soit inscrit dans la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui devra préciser la mise en oeuvre de la loi prévue l’été prochain, avant une prise de décision qui interviendrait dans les années suivantes.

L’autorité a en outre fait savoir que Framatome, filiale d’EDF, lui avait demandé de reporter le remplacement du couvercle de la cuve de l’EPR de Flamanville (Manche), programmé pour le moment fin 2024, afin de ne pas avoir à anticiper le premier arrêt du réacteur par rapport à la date programmée de premier remplacement de son combustible.

La sûreté des installations nucléaires françaises s’est maintenue à « un niveau satisfaisant » en 2022, malgré des « fragilités » et des difficultés liées au problème inédit de « corrosion sous contrainte » détecté sur certains réacteurs, a également indiqué l’ASN.

(Reportage de Benjamin Mallet, édité par Kate Entringer)

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