France: Joséphine Baker, artiste et résistante, entre au Panthéon
PARIS (Reuters) – L’artiste franco-américaine Joséphine Baker a fait mardi son entrée au Panthéon lors d’une cérémonie célébrant son statut d’icône jazz des années 1920 et son engagement au côté de la France libre et dans la lutte antiraciste, de « femme défendant le genre humain » selon les mots d’Emmanuel Macron.
« Elle fit à chaque tournant de l’histoire les justes choix, distinguant toujours les lumières des ténèbres », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une allocution d’une trentaine de minutes, voyant en elle une « incarnation de l’esprit français ».
Un cénotaphe représentant l’ancienne vedette du music-hall a été transporté jusqu’à la crypte du monument parisien, sa famille n’ayant pas souhaité déplacer son corps, qui repose à Monaco.
Six membres de l’armée de l’air, que Joséphine Baker avait rejointe en 1944, ont porté le cercueil vide de sa dépouille, drapé des couleurs tricolores, sur un long tapis rouge déployé sur la rue Soufflot, au son du jazz et des plus belles chansons de l’interprète de « J’ai deux amours », entrecoupées d’un « Chant des partisans » entonné par le Choeur de l’armée française.
« In Nomine Lucis », oeuvre chorale du compositeur contemporain Pascal Dusapin, a accompagné l’entrée du cénotaphe dans la nécropole républicaine où Emmanuel Macron a rendu hommage aux multiples combats de l’artiste.
Née à Saint-Louis, dans le Missouri, en 1906, Joséphine Baker est arrivée en France à l’âge de 19 ans, où son talent l’a très vite rendue célèbre. Elle est morte à Paris en 1975.
Chanteuse, danseuse, célèbre meneuse de revue pendant les « Années folles », elle a obtenu la nationalité française après son mariage en 1937 avec l’industriel Jean Lions. Elle s’est engagée activement dans la Résistance au côté de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale, puis en faveur de la lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis.
« Sa cause était l’universalisme, l’unité du genre humain, l’égalité de tous avant l’identité de chacun, l’hospitalité pour toutes les différences réunies par une même volonté, une même dignité, l’émancipation contre l’assignation », a déclaré Emmanuel Macron.
« Que nul aujourd’hui ne fasse mentir ou ne détourne son combat universel, ce n’était pas un combat pour s’affirmer comme Noire avant de se définir comme Américaine ou Française, ce n’était pas un combat pour dire l’irréductibilité de la cause noire, non, mais bien pour être citoyenne libre, digne, complètement, résolument », a ajouté le président de la République.
Joséphine Baker est la sixième femme et la première femme noire à entrer dans la nécropole laïque, où reposent déjà Sophie Berthelot, inhumée à la demande de son époux, le chimiste Marcellin Berthelot, qui la voulait à ses côtés, la physicienne Marie Curie depuis 1995, les résistantes Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz (2015), ainsi que l’ancienne ministre Simone Veil (2018).
Si le fronton du Panthéon arbore les mots « Aux grands hommes la patrie reconnaissante », un rapport du Centre des monuments nationaux avait recommandé en 2013 d’élargir les hommages aux femmes du XXe siècle s’étant illustrées par leur courage et leur engagement républicain. Les hommes inhumés au Panthéon restent quinze fois plus nombreux que les femmes.
(Rédigé par Jean-Stéphane Brosse, édité par Matthieu Protard)
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