France et Allemagne contre l’émission d’obligations via les avoirs russes gelés
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVpar Julia Payne et Andrew Gray
BRUXELLES (Reuters) – Des Etats membres de l’Union européenne (UE), dont la France et l’Allemagne, sont opposés à l’idée d’émettre des obligations pour maximiser l’impact des revenus générés par les avoirs russes gelés afin d’aider l’Ukraine, ont déclaré des diplomates vendredi.
Les dirigeants européens ont discuté jeudi et vendredi à Bruxelles de la possibilité d’utiliser les milliards d’euros provenant des avoirs russes gelés afin d’apporter un soutien supplémentaire à l’Ukraine, notamment avec l’achat d’armes, dans sa guerre contre la Russie.
Cette dernière a dénoncé ce projet, qu’elle qualifie de vol aux « conséquences catastrophiques » pour les banques.
La volonté de l’Union européenne d’agir d’urgence pour aider Kyiv reflète une inquiétude croissante face aux difficultés ukrainiennes sur le terrain à contenir les troupes russes alors que l’aide des Etats-Unis est au point mort.
Les dirigeants européens ont accepté de travailler sur une proposition qui consisterait à canaliser les revenus des avoirs vers un fonds géré par l’UE pour l’achat d’armes.
La Belgique, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, souhaite cependant aller plus loin avec une nouvelle émission d’obligations européennes (« eurobonds ») pour la défense.
Les Etats-Unis sont également pour un mécanisme similaire, selon des diplomates.
« Les recettes dont nous disposons s’élèvent à environ 3 milliards (d’euros), c’est bien de les utiliser, mais on pourrait aussi les utiliser pour aller sur les marchés des capitaux et s’en servir comme paiement d’intérêts annuels, ce qui permettrait d’obtenir un volume beaucoup plus important », avait déclaré le Premier ministre belge, Alexander De Croo.
Il a cependant tempéré son propos vendredi admettant « qu’aujourd’hui, il est peut-être trop tôt pour le faire ».
Plusieurs diplomates européens ont confirmé que l’idée d’une émission d’obligations avait été lancée.
Mais elle pourrait avoir du mal à s’imposer car l’Allemagne, la France et d’autres pays ont exprimé leur opposition, ont déclaré les diplomates.
« Les Belges ont déjà lancé cette idée, mais elle n’a pas eu beaucoup de succès jusqu’à présent », a commenté un diplomate.
Dans le cadre actuel de l’UE, les revenus des actifs, tels que les paiements d’intérêts, iraient à la Facilité européenne pour la paix (FEP), un fonds hors budget qui fournit une aide militaire aux pays extérieurs à l’UE et qui a été utilisé principalement pour l’Ukraine.
Environ 70% de tous les actifs russes immobilisés en Occident sont déposés auprès d’Euroclear, en Belgique, qui dispose de l’équivalent de 190 milliards d’euros de titres et de liquidités de la banque centrale de Russie.
L’UE propose d’utiliser les revenus tirés des actifs détenus en Europe plutôt que les actifs eux-mêmes.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait savoir jeudi que l’UE serait prête à utiliser le premier milliard d’euros de revenus sur les actifs russes pour l’Ukraine dès le début du mois de juillet.
(Reportage Julia Payne, Gabriela Baczynska, Andreas Rinke, John Irish, Jan Strupczewski, rédigé par Ingrid Melander ; version française Kate Entringer)