France: Dixième acte de la mobilisation contre la réforme des retraites
PARIS (Reuters) – La France connaît ce mardi une nouvelle journée de mobilisation nationale contre la réforme des retraites alors que le gouvernement comme les organisations syndicales, opposées au projet, campent sur leurs positions respectives malgré un durcissement du conflit.
Des perturbations sont à nouveau attendues dans les transports et des manifestations sont prévues dans toute la France pour ce dixième acte de la contestation menée par l’intersyndicale depuis le début de l’année.
La précédente journée de mobilisation, jeudi, a connu un net regain de participation mais aussi de nombreuses violences dans plusieurs villes du pays, notamment à Paris où de nombreux feux de poubelles ont été recensés et à Bordeaux, où la porte de la mairie a été incendiée.
Syndicats et opposants politiques à la réforme rejettent la responsabilité des violences sur le président Emmanuel Macron et le gouvernement, restés sourds jusqu’à présent aux appels au retrait de la réforme ou à une pause sur le texte, qui est en cours d’examen par le Conseil constitutionnel.
Le chef de l’Etat répète vouloir respecter « le chemin démocratique » de la réforme, en dépit de la colère suscitée par le recours à l’article 49.3 de la Constitution qui a permis de faire adopter le projet de loi sans vote à l’Assemblée nationale.
Emmanuel Macron s’est dit vendredi disposé à recevoir l’intersyndicale pour discuter de plusieurs sujets liés au travail, mais pas des retraites.
La Première ministre Elisabeth Borne, qui a été reçue lundi à l’Elysée, a assuré de son côté vouloir « apaiser le pays » en consultant dans les semaines à venir les parlementaires, les syndicats et le patronat pour « accélérer sur les priorités des Français ».
Le dialogue reste néanmoins rompu avec les syndicats, qui rejettent unanimement la mesure-phare de la réforme sur le report de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
NOUVELLES PERTURBATIONS
« Nous, on veut venir parler du travail, mais on veut aussi parler des retraites ! », a expliqué lundi le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.
« Il faut un bougé très fort du gouvernement sur la question des retraites. Il faut qu’ils disent : ‘les 64 ans ne s’appliqueront pas et on rediscute des retraites et du travail' », a-t-il ajouté.
Faute de discussions, le climat dans les manifestations pourrait rester tendu mardi alors que le week-end a été marqué par ailleurs par des affrontements violents entre forces de l’ordre et opposants au projet de vaste réservoir de rétention d’eau à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres.
Citant des « risques très importants » de troubles à l’ordre public, le ministre de l’Intérieur a annoncé lundi qu’un dispositif de sécurité qualifié de « sans précédent » serait en place ce mardi, avec 13.000 policiers et gendarmes mobilisés à travers le pays, dont 5.500 à Paris.
« Des éléments radicalisés issus de la gauche et ultra-gauche tentent de prendre en otages les cortèges syndicaux », a dit Gérald Darmanin lors d’une conférence de presse au ministère de l’Intérieur, dénonçant la volonté de ces éléments de « pousser la France à feu et à sang ».
Alors que des violences policières ont été dénoncées depuis le début du mouvement de contestation contre la réforme des retraites, il a appelé les forces de l’ordre à « ne répondre à aucune provocation » et à faire preuve d’un « usage proportionné de la force ».
Outre les manifestations, des mouvements de grève continuent de mettre les transports publics au ralenti, avec un trafic annoncé « très perturbé » mardi à la SNCF comme à la RATP et un trafic aérien réduit de 20% sur les aéroports de Paris-Orly, Marseille, Toulouse et Bordeaux.
La grève se poursuit aussi dans les raffineries et dépôts de carburant, ce qui a obligé le gouvernement à décider la semaine dernière de premières réquisitions de personnels, ainsi que chez les éboueurs. Via Twitter, la mairie de Paris a indiqué lundi que 7.300 tonnes d’ordures étaient non-ramassées dans la capitale, contre près de 8.000 tonnes la veille.
(Rédigé par Blandine Hénault, édité par Jean Terzian)
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