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France: Bayrou poursuit ses consultations en pleine crise à Mayotte

PARIS (Reuters) – Le Premier ministre français François Bayrou a invité mercredi les responsables du Parlement et des partis « de gouvernement » à participer jeudi à une nouvelle session de consultations en vue de constituer son équipe gouvernementale, alors qu’il est sous le feu des critiques pour sa gestion de la crise à Mayotte.

Nommé vendredi dernier à la place de Michel Barnier, François Bayrou a dit mardi à l’Assemblée nationale qu’il souhaitait présenter un gouvernement « dans les jours qui viennent ».

Alors que le président de la République, Emmanuel Macron, est arrivé mercredi à Bruxelles, avant de s’envoler pour Mayotte où il est attendu jeudi, le Premier ministre a multiplié depuis le début de la semaine les consultations avec l’ambition de sceller un « pacte de non-censure » qui permettrait à son gouvernement de durer alors que le précédent n’a tenu que trois mois.

Dans une lettre qu’il leur a adressée mercredi, François Bayrou a convié la présidente de l’Assemblée nationale, le président du Sénat et les présidents de partis politiques et de groupes parlementaires « qui ont eu la responsabilité des affaires du pays à une période ou à un autre de la Ve République » – ce qui exclut a priori le Rassemblement national et La France insoumise – à de nouveaux échanges jeudi à 14h00 (12h00 GMT) à Matignon.

Mercredi, François Bayrou a notamment reçu le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Bruno Retailleau, de retour de Mayotte.

Interrogé par BFMTV avant cet entretien, ce dernier s’est dit prêt à rester au gouvernement à condition d’être « en mesure de mener la politique que veulent la majorité des Français, c’est-à-dire restaurer l’autorité, la fermeté et l’ordre public dans la rue et aux frontières ».

La présence du très conservateur Bruno Retailleau au gouvernement fait figure d’épouvantail pour la gauche, qui a fustigé ses derniers propos relatifs à l’immigration illégale à Mayotte, archipel dévasté par le récent passage du cyclone Chido.

La gestion de la catastrophe par François Bayrou, qui a choisi de se rendre lundi à Pau, ville dont il est maire, pour présider une réunion du conseil municipal, crée aussi la polémique.

« On a besoin d’un Premier ministre à plein temps. Les Français ont besoin d’un pilote dans l’avion. Je pense qu’il a raté ses premières 48 heures », a estimé mercredi la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier sur Public Sénat.

« Les entrées en matière ratées ne se rattrapent pas », a-t-elle souligné.

Dans sa lettre, François Bayrou a une nouvelle fois cherché à faire taire la polémique, évoquant au sujet de Mayotte un « drame sans précédent » et la « catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles » qui contribue selon lui à placer les responsables politiques devant « des responsabilités inédites ».

INSTABILITÉ POLITIQUE

Entre deux consultations, François Bayrou a rencontré à plusieurs reprises le chef de l’Etat afin de lui faire des propositions avant son départ pour Mayotte.

Selon des sources parlementaires, le Premier ministre souhaite faire entrer des personnalités politiques de bords politiques divers et expérimentées dans le gouvernement, qu’il souhaite resserré.

« Le périmètre du gouvernement va être exactement le même que celui de Michel Barnier », a prédit mercredi Marine Tondelier, pour qui « les mêmes causes produiront les mêmes effets ».

Le temps est compté pour la formation de l’exécutif, alors que les vacances parlementaires sont pour l’heure programmées vendredi soir, jusqu’au 14 janvier.

Emmanuel Macron a quant à lui un agenda chargé, avec une réunion de l’Union européenne consacrée aux Balkans à Bruxelles mercredi soir, puis un déplacement à Djibouti et en Ethiopie vendredi et samedi, après Mayotte.

Dans ce contexte, la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, a fait monter la pression en jugeant « fragile » la situation dans laquelle se trouve Emmanuel Macron.

« Je me prépare à une présidentielle anticipée », a déclaré dans une interview publiée jeudi par Le Parisien celle qui a accédé à deux reprises au second tour de la course à l’Elysée.

L’instabilité politique et l’absence d’orientations budgétaires alimentent les inquiétudes des milieux économiques et financiers dans un contexte de nette dégradation des finances publiques.

Dans un rare communiqué commun publié mardi soir, les syndicats de salariés et patronaux mettent en garde contre le risque « d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques » provoquée par cette instabilité.

A défaut de budget pour 2025, un projet de loi spéciale visant à permettre à l’exécutif de percevoir l’impôt et d’emprunter sur les marchés a été voté lundi à l’Assemblée nationale puis ce mercredi au Sénat.

(Rédigé par Blandine Hénault et Tangi Salaün, édité par Elizabeth Pineau et Augustin Turpin)

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