Des experts de l’UE contre le classement du gaz et du nucléaire comme énergie verte
par Kate Abnett et Simon Jessop
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BRUXELLES (Reuters) – Un groupe d’experts conseillant l’Union européenne sur ses règles d’investissements « verts » va demander à Bruxelles d’adopter une approche plus restrictive concernant le gaz naturel et d’exclure l’énergie nucléaire, montre un document consulté vendredi par Reuters.
Les experts doivent remettre dans la journée à la Commission européenne leurs conclusions sur la « taxonomie verte », la liste des activités pouvant bénéficier d’investissements considérés comme respectueux de l’environnement.
Dans leur rapport, les experts soulignent que la réglementation que la Commission propose d’adopter reviendrait à attribuer un « label vert » à des investissements qui ne participent pas de manière significative à la lutte contre le dérèglement climatique.
Ils se montrent particulièrement sévères sur l’addition de l’énergie nucléaire, défendue notamment par la France au nom de l’impératif de réduction des émissions de dioxyde de carbone, et demandent à l’exécutif européen de « ne pas aller de l’avant » sur ce sujet.
A l’appui de leur demande, les experts soulignent que les propositions actuelles de la Commission ne garantissent pas que les centrales nucléaires ne vont pas avoir un effet nuisible sur l’environnement, en évoquant notamment la question des déchets nucléaires.
Les experts recommandent également une révision des règles pour les centrales électriques fonctionnant au gaz naturel.
Les propositions actuelles de Bruxelles prévoient que les centrales à gaz bénéficieront d’un label vert jusqu’en 2030 si elles respectent certains critères, comme le plafonnement des émissions à 270 grammes équivalent CO2 par kWh, ou si la moyenne de leurs émissions annuelles n’a pas dépassé 550 kg équivalent CO2 par KW pendant 20 ans.
L’AUTRICHE MENACE D’ALLER EN JUSTICE
Le gaz naturel utilisé dans les centrales électriques émet environ moitié moins de CO2 que le charbon, mais il est aussi associé à des fuites de méthane, un redoutable gaz à effet de serre.
Pour les experts, seules les centrales à gaz dont les émissions ne dépassent pas 100 g équivalent CO2 par kWh – un plafond proposé de longue date – devraient être considérées comme respectueuses de l’environnement. Les autres devraient recourir à des technologies de capture de carbone pour respecter la taxonomie.
« C’est une approche basée sur la science », souligne le rapport, qui peut encore être modifié d’ici à sa publication. Le président du groupe d’experts n’a pas répondu aux sollicitations de Reuters.
La Commission, qui s’apprête à publier la version définitive de sa taxonomie verte, n’est pas obligée de tenir compte des remarques des experts. Une majorité de députés pourrait ensuite bloquer les nouvelles régulations au Parlement européen, mais pas les modifier.
L’exécutif européen est cependant dans une position délicate sur ce sujet, quatre pays – Autriche, Danemark, Espagne et Luxembourg – ayant publié jeudi une lettre dans laquelle ils lui demandent de ne pas inclure le gaz et le nucléaire dans la liste des investissements verts.
A son arrivée vendredi à une réunion des ministres européens de l’Environnement à Amiens, l’Autrichienne Leonore Gewessler a rappelé que son pays contesterait en justice la taxonomie prévue par la Commission européenne si elle restait en l’état.
(Reportage de Kate Abnett et Simon Jessop, version française Tangi Salaün, édité par Bertrand Boucey)
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