Cyclisme/Tour de France: L’exode des sprinteurs, exceptionnellement privés des Champs-Élysées
par Vincent Daheron
SUPERDÉVOLUY, Hautes-Alpes (Reuters) – Continuer la course ou abandonner, tel est le dilemme qui se posait mercredi aux sprinteurs au lendemain de la dernière arrivée jugée au sprint, remportée mardi par Jasper Philipsen (Alpecin-Deceuninck) à Nîmes (Gard).
Pour la première fois de l’histoire, et avec l’imminence des Jeux olympiques de Paris 2024, Nice (Alpes-Maritimes) accueillera l’arrivée de la Grande Boucle, privant ainsi les sprinteurs de leur traditionnelle dernière opportunité sur les Champs-Élysées, à Paris.
« Ils vont avoir besoin de survivre », prévenait mardi le maillot jaune Tadej Pogacar (UAE Team Emirates). « C’est un peu dommage qu’il n’y ait pas de sprint dans le final pour eux. J’espère que la majorité ne va pas abandonner après aujourd’hui. »
Au premier des cinq derniers jours accidentés et montagneux, ils sont trois à avoir quitté l’épreuve : l’Allemand Phil Bauhaus (Bahrain-Victorious) n’a pas pris le départ tandis que l’Espagnol Fernando Gaviria (Movistar) et l’Irlandais Sam Bennett (Decathlon AG2R La Mondiale) ont abandonné pendant la journée. Ce dernier disait la veille vouloir « [s]’accrocher jusqu’à l’arrivée pour terminer ce Tour de France et aider [ses] coéquipiers ».
Certains de leurs homologues ont décidé de continuer avec des objectifs divers dont, en premier lieu, la lutte pour le maillot vert de leader du classement par points, dont le vainqueur final doit forcément avoir terminé la compétition.
« Je dois trouver de la motivation. Être encore assez proche du maillot vert me donne une motivation supplémentaire pour rester sur le Tour », a admis mardi le Belge Jasper Philipsen, qui accuse désormais 33 points de retard sur le leader de ce classement annexe, l’Érythréen Biniam Girmay (Intermarché-Wanty).
« On se bat pour se maintenir en World Tour (la première division internationale), il y a 120 points UCI (en réalité 110) pour la troisième place du maillot vert donc ça va être l’objectif pour moi », expliquait de son côté Bryan Coquard (Cofidis), troisième du classement par points.
La formation nordiste est actuellement 17e du classement UCI dont les 18 meilleures équipes à l’issue de la saison 2025 courront en World Tour en 2026.
« Généralement, on se bat toujours pour les Champs-Élysées. Maintenant, c’est plus ou moins un stage d’entraînement pour les sprinteurs », a expliqué le Norvégien Alexander Kristoff (Uno-X Mobility) sur Cycling Weekly. « Habituellement, j’ai une bonne forme après un grand tour donc pour le reste de la saison, c’est une bonne idée pour moi de continuer. »
Chaque jour, les sprinteurs devront se battre pour rester dans les temps et ne pas arriver au-delà des délais fixés par le règlement.
Le Français Arnaud Démare (Arkéa-B&B Hotels) a par exemple sauvé sa place pour 45 secondes dimanche au plateau de Beille (Ariège) contrairement au Néerlandais Bram Welten (dsm-firmenich PostNL), arrivé hors délais le même jour.
« J’espère que les organisateurs vont mettre un délai important sur le dernier contre-la-montre pour que les sprinteurs n’aient pas à le faire à fond », a émis Tadej Pogacar, solidaire avec ses compagnons de peloton aux qualités différentes.
(Reportage de Vincent Daheron)