Critiqué sur la rigueur du budget, le gouvernement se défend de toute austérité
PARIS (Reuters) – Le gouvernement a présenté un budget pour 2025 de « redressement » et non d’austérité, a défendu vendredi le ministre de l’Economie Antoine Armand, alors que l’effort budgétaire demandé de 60,6 milliards d’euros suscite des critiques de la gauche et des syndicats.
« Vous savez ce qu’est un budget d’austérité ? C’est un budget dans lequel on coupe les salaires des fonctionnaires de 25% », a déclaré le ministre sur France 2.
« Ce n’est pas comparable de baisser les salaires de l’ensemble des fonctionnaires (…) et de dire ‘oui, nous n’allons pas embaucher plus de fonctionnaires alors qu’on essaie de faire des économies' ».
« Mais c’est un budget de redressement car nous allons stabiliser, baisser la dépense de 40 milliards d’euros pour se redonner de l’air », a-t-il fait valoir.
Le gouvernement prévoit d’augmenter les recettes de 19,3 milliards d’euros l’an prochain et de réduire les dépenses publiques de 41,3 milliards, notamment en réduisant le nombre de postes dans la fonction publique d’Etat et les opérateurs étatiques.
Ces suppressions de 2.201 postes concernent en particulier l’Education nationale (2.030 postes), ce qui a suscité la colère des syndicats d’enseignants.
Sur RTL, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, s’est défendu vendredi de toute « cure d’austérité » dans l’Education nationale.
« A la rentrée 2025, on estime qu’il y aura à peu près 100.000 élèves en moins. Qu’est-ce que la bonne gestion de l’argent du contribuable ? Est-ce que c’est considérer que le budget d’un ministère doit être constamment en hausse ? (…) Ou est-ce que c’est celui de s’adapter aux besoins du service public ? »
UN BUDGET QUI « TAPE DUR », POUR LA CFDT
L’examen au Parlement du projet de loi de finances (PLF) pour 2025, présenté jeudi en conseil des ministres, débute ce vendredi en commission.
Le gouvernement se dit ouvert à des évolutions du texte, élaboré en urgence et qu’il qualifie lui-même de « perfectible ».
Dénonçant un projet de budget « absolument inégalitaire », le député La France insoumise (LFI) et président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale Eric Coquerel a dit vouloir « se battre sur nos amendements ».
« Dans les mesures annoncées, on a plus de 41 milliards d’euros de baisses des dépenses qui vont impacter surtout les classes populaires. Deux milliards d’euros d’impôts pour les plus riches. On va prendre 40 milliards aux plus pauvres et seulement deux milliards aux plus riches », a-t-il dénoncé sur TF1.
Le projet de budget 2025 « tape dur », a reconnu sur RMC/BFMTV la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon. « Ma question c’est : ‘c’est quoi la justice sociale ?’ Comment fait-on en sorte que les efforts soient partagés et que ce ne soient pas les plus fragiles qui en payent le prix le plus cher ? ».
Du côté du syndicat patronal Medef, on s’inquiète plutôt du projet visant à la refonte du système d’allègements généraux de cotisations. Avant même la présentation du budget, son président Patrick Martin s’est inquiété d’une mesure affectant la compétitivité des entreprises et qui pourrait détruire « plusieurs centaines de milliers d’emplois ».
Le budget pour 2025 est un « budget de rigueur sans doute (…). D’austérité, je ne crois pas », a estimé vendredi le premier président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici.
« Mais la rigueur, ce n’est pas un défaut, c’est une vertu », a-t-il plaidé, rappelant la forte dégradation des finances publiques cette année.
(Rédigé par Blandine Hénault)
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