Volkswagen et les syndicats concluent un accord au bout de longues négociations
par Christina Amann
HANOVRE, Allemagne (Reuters) – La direction de Volkswagen a annoncé vendredi une vaste réorganisation de ses activités en Allemagne, qui conduira à plus de 35.000 suppressions de postes et à une réduction des capacités de production du constructeur automobile allemand, dans le cadre d’un accord avec les syndicats.
IG Metall, le puissant syndicat allemand de la métallurgie, a souligné de son côté que le groupe s’était engagé à ne pas fermer d’usines et à ne pas procéder à des licenciements économiques ni à des baisses de salaires dans un proche avenir.
« Avec ce triple accord, nous sommes parvenus à une solution extrêmement solide dans un contexte économique très difficile », a estimé la présidente du comité d’entreprise du groupe et élue d’IG Metall Daniela Cavallo, qui menait les négociations au nom des salariés.
Volkswagen était en pourparlers depuis septembre avec les représentants syndicaux pour qu’ils valident un programme de réduction des coûts présenté par la direction comme indispensable pour faire face à la concurrence des constructeurs chinois, à une faible demande en Europe et à une expansion bien moins rapide que prévu des véhicules électriques.
Le mois dernier, quelque 100.000 salariés du groupe – sur près de 300.000 en Allemagne – ont cessé le travail à deux reprises pour protester contre des projets de baisse des salaires et des capacités, voire de fermeture d’usines.
« Après des négociations longues et intenses, cet accord est un signal important pour la viabilité future de la marque Volkswagen », a déclaré le président du directoire de VW, Oliver Blume, dans un communiqué.
Volkswagen a déclaré que l’accord conclu, sans impact financier significatif sur ses objectifs 2024, permettrait d’économiser à moyen terme 15 milliards d’euros par an.
Il a précisé qu’il cherchait des options alternatives pour son usine de Dresde, où la production de véhicules devrait cesser d’ici la fin 2025, et une reconversion pour son site d’Osnabrück. Une partie de la production sera délocalisée au Mexique, a ajouté le constructeur.
IG Metall a déclaré qu’une hausse de 5% des salaires acceptée en novembre dernier serait suspendue.
« Aucun site ne sera fermé, personne ne sera licencié pour des raisons opérationnelles et notre accord salarial de groupe sera préservé sur le long terme », a déclaré Daniela Cavallo.
Cet accord est l’aboutissement de 70 heures de négociations depuis lundi dans un hôtel proche de Hanovre, les plus longues dans l’histoire de Volkswagen, créé il y a 87 ans.
La direction de Volkswagen doit obtenir l’approbation d’une majorité des deux tiers du conseil de surveillance, qui compte 20 membres, pour toute décision concernant la construction ou le déplacement d’une usine. Le comité d’entreprise, qui détient la moitié des sièges du conseil, peut donc mettre son veto à tout projet d’envergure.
(Reportage Christina Amann ; rédigé par Matthias Williams ; version française Etienne Breban et Jean-Stéphane Brosse)