Stellantis s’adaptera à la politique de Trump, dit Tavares
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.RENNES (Ille-et-Vilaine) (Reuters) -Stellantis s’adaptera aux décisions futures de Donald Trump, hostile à la voiture électrique, a déclaré lundi Carlos Tavares, grâce à sa stratégie de plateformes de véhicules multi-énergie, dont une nouvelle destinée notamment aux Etats-Unis sera présentée mardi.
Le directeur général de Stellantis s’exprimait en marge d’une visite sur le site du groupe automobile à Rennes (Ille-et-Vilaine).
Interrogé sur la politique à venir de Donald Trump, qui entrera en fonctions le 20 janvier prochain, Carlos Tavares a répondu lors d’un point de presse: « On va respectueusement attendre que M. Trump prenne les décisions qu’il juge bonnes pour son pays, puis nous nous adapterons à ce contexte. »
« Notre mission est simple: offrir une mobilité propre, sûre et abordable. Et on le fera avec un dosage qui correspondra aux attentes des communautés et des pays dans lesquels nous opérons », a-t-il ajouté.
Donald Trump ne fait pas mystère de ses fortes réserves sur la voiture électrique, qualifiée volontiers d' »arnaque », et pourrait revenir sur les aides à l’achat ou renforcer les taxes sur les importations de VE dans le cadre d’une politique protectionniste.
Selon des analystes et des dirigeants du secteur, la suppression des aides pourrait favoriser les spécialistes de l’électrique déjà établis, comme Tesla, et pénaliser les nouveaux programmes des « big 3 » historiques américains.
Carlos Tavares, fragilisé au cours des derniers mois par des difficultés opérationnelles en Amérique du Nord qui ont contraint Stellantis à un « profit warning » spectaculaire, a toutefois noté qu’au-delà de la position de Donald Trump, « il y a aux Etats-Unis des sensibilités très différentes, ne serait-ce que géographiques, dans les différents Etats sur la question de l’environnement. »
Il s’est dit par ailleurs confiant dans la capacité de Stellantis à pouvoir répondre aux différents scénarios grâce à ses plateformes flexibles – qui peuvent servir de base indifféremment à des motorisations essence, hybrides ou électriques – comme la nouvelle STLA Frame, qui sera détaillée mardi et servira surtout aux pick-up très populaires aux Etats-Unis.
DE L’ACTIVITE AU MOINS JUSQU’EN 2030
L’usine de Rennes prépare quant à elle la production du nouveau Citroën C5 Aircross, un SUV familial dévoilé le mois dernier au Mondial de l’automobile de Paris et qui sera disponible en motorisations thermique, hybride et électrique.
Il est basé sur la plateforme de taille moyenne « STLA Medium », dont l’installation sur le site breton a représenté un investissement de 160 millions d’euros.
L’usine de Rennes a fait l’objet d’un profond « compactage » sur les dix dernières années, avec une réduction de moitié de sa superficie et de plus de moitié de ses effectifs, qui atteignent 1.800 personnes.
Bonne nouvelle pour le site, régulièrement inquiet pour son avenir à cause notamment de sa position géographique excentrée en Europe, le nouveau C5 Aircross sera disponible au second semestre 2025.
Selon le groupe, la voiture offre à l’usine « des perspectives d’activité au moins jusqu’en 2030 », mais les syndicats se méfient du monoproduit.
« Avec un seul véhicule, Rennes est en sursis, il faut un complément au C5 Aircross », a dit à Reuters Christine Virassamy, secrétaire CFDT au CSE.
Interrogé sur le sujet, Carlos Tavares a répondu que ce n’était pas prévu pour l’instant. « Mais dans la mesure où la future C5 Aircross est basée sur la plateforme Medium, il peut y avoir d’autres opportunités, voire besoin de pontage entre différentes usines pour faire face au succès commercial de nos modèles », a-t-il ajouté.
Le directeur général, qui prendra sa retraite au terme de son mandat début 2026, a précisé par ailleurs aux journalistes que le processus de désignation de son successeur commencerait à la fin de l’année et durerait toute l’année 2025.
(Reportage Gilles Guillaume, édité par Sophie Louet)