LVMH: La menace de droits de douane américains pèse sur Alexandre Arnault, nouveau DG adjoint de la division alcool
par Mimosa Spencer et Tassilo Hummel
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PARIS (Reuters) – Récemment nommé directeur général adjoint de Moët Hennessy, Alexandre Arnault, fils de Bernard Arnault, a pris ses fonctions dans la division vins et spiritueux de LVMH lundi, alors que plane la menace d’une guerre commerciale avec les Etats-Unis qui pourrait compliquer les efforts de redressement de la branche en difficulté.
La division alcool de LVMH, qui pèse 5,86 milliards d’euros, commercialise entre autres le champagne Moët & Chandon et le cognac Hennessy et a vu son chiffre d’affaires chuter pendant deux années consécutives et son bénéfice d’exploitation plonger de plus d’un tiers en 2024.
Ses performances ne feront que s’aggraver si les droits de douane nouvellement imposés par Donald Trump à la Chine aggravent le ralentissement économique dans ce pays, et s’il met à exécution ses menaces contre l’Europe.
Alexandre Arnault, âgé de 32 ans, aspire comme le reste de sa fratrie à plus de responsabilités dans l’empire de son père et pourrait voir son avenir évoluer en fonction des performances de Moët Hennessy ces prochaines années.
Il a déclaré à Reuters avoir besoin de temps pour élaborer un plan.
« Laissez-nous 100 jours pour vraiment mettre la tête dedans et comprendre le business et comment il est articulé (…) parce qu’il y’a beaucoup de choses à restructurer », a-t-il dit à Reuters en marge de la publication des résultats annuels du groupe la semaine dernière.
Les États-Unis représentent le plus grand marché de la division en termes de ventes, avec un peu plus d’un tiers de ses cognacs et champagnes haut de gamme vendus dans ce pays.
Représentant moins de 10% des ventes du groupe LVMH, l’unité est vulnérable aux tensions commerciales.
Les données commerciales montrent notamment que l’activité cognac de LVMH a augmenté ses livraisons aux États-Unis en décembre, les distributeurs ayant rempli leurs stocks.
Les groupes de luxe français ont également été touchés lors du premier mandat de Donald Trump en 2016, lorsqu’il a ciblé le champagne et les sacs à main en réponse à une taxe française sur les services numériques qu’il estimait comme préjudiciable aux entreprises américaines.
« Alors que nous continuons à croire que le marché américain des spiritueux se redressera davantage, les droits de douane apportent une incertitude à court terme », ont écrit les analystes de Barclays dans une note mardi.
PROCHE DE TRUMP
La famille Arnault entretient cependant d’étroits lien avec le nouveau locataire de la Maison blanche. Le directeur général de LVMH a même assisté à l’investiture de Donald Trump le 7 janvier à Washington D.C en compagnie de sa femme Hélène Mercier-Arnault, de leur fille Delphine Arnault, directrice générale de Dior, et d’Alexandre Arnault.
Saluant un « vent d’optimisme » aux États-Unis, Bernard Arnault a déclaré la semaine dernière que LVMH envisageait d’augmenter ses capacités de production dans ce pays.
Alexandre Arnault a pris ses fonctions de directeur général adjoint de Moët Hennessy lundi, aux côtés de Jean-Jacques Guiony, directeur financier de LVMH de longue date.
Répondant aux récentes spéculations sur le fait que LVMH pourrait revoir ses liens avec Diageo, qui détient une participation minoritaire dans la division alcool du groupe, Bernard Arnault a déclaré la semaine dernière que la cession de certaines parties de l’entreprise en difficulté n’était « pas à l’ordre du jour ».
Il a également déclaré qu’il suivrait de près les prochaines actions de son fils et de Jean-Jacques Guiony.
« Je suis sûr qu’ils vont remettre tout ça sur rail vers la croissance, laissons leurs deux ans pour montrer ce qu’ils savent faire », a-t-il ajouté.
Alexandre Arnault devrait notamment s’appuyer sur son expérience acquise lors de ses précédents postes chez Rimowa et Tiffany & Co, où sa mission était de redonner vie à des marques vieillissantes, fraîchement acquises par LVMH.
Chez Tiffany & Co, le succès de la campagne publicitaire mettant en scène Beyonce et Jay-Z et le slogan controversé « Not Your Mother’s Tiffany » (Pas le Tiffany de votre mère) ont contribué à bousculer l’image de la marque vieille de presque 200 ans.
Les performances de Tiffany & Co en fin d’année ont par ailleurs montré quelques signes d’amélioration, ont souligné les analystes.
LVMH a également eu du mal à trouver le succès avec ses vins et spiritueux haut de gamme en raison de l’inflation dans les économies occidentales et du délaissement des vins et spiritueux traditionnels par les plus jeunes.
« Il s’agit d’une activité dont les perspectives de croissance sont moindres que celles d’autres parties de l’entreprise ; les difficultés sont là pour durer », a déclaré à Reuters Carole Madjo, analyste chez Barclays.
(Reportage Tassilo Hummel et Mimosa Spencer ; version française Etienne Breban ; édité par Kate Entringer)