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L’Europe boucle une semaine agitée dans le désordre

par Claude Chendjou

PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes ont terminé en ordre dispersé vendredi et Wall Street évoluait également de manière irrégulière à mi-séance au lendemain de la lourde chute des marchés actions, consécutive aux craintes sur l’inflation et à la remontée rapide des taux d’intérêt, qui fait redouter un plongeon de l’économie en récession.

À Paris, le CAC 40 a fini en repli de 0,06% à 5.882,65 points. Le Footsie britannique a cédé 0,41%. Le Dax allemand a résisté à la baisse des autres places en gagnant 0,67%.

L’indice EuroStoxx 50, pour sa part, a avancé de 0,31% et le Stoxx 600 de 0,09% mais le FTSEurofirst 300 a reculé de 0,05%.

Sur l’ensemble de la semaine, l’indice parisien a perdu à 4,92% et le Stoxx 600 paneuropéen 4,60%.

Le tour de vis opéré cette semaine par les banques centrales américaine, suisse et britannique face à une inflation galopante a précipité plusieurs indices en zone de « bear market » (marché baissier), soit un repli de plus de 20% par rapport au dernier point haut.

Si la Banque du Japon a, comme prévu, choisi vendredi de laisser ses taux d’intérêt inchangés, mais elle a souligné la nécessité de surveiller l’impact économique des fluctuations du yen.

En zone euro, où les marchés monétaires anticipent une hausse de 190 points de base des taux de la Banque centrale européenne (BCE) d’ici décembre, l’inflation a été confirmée vendredi à 8,1% en mai sur un an, son plus haut niveau historique, selon les chiffres publiés par Eurostat.

« Les marchés ne se stabiliseront pas tant qu’il n’y aura pas le sentiment que les mesures prises par la Fed et les autres banques centrales réussiront non seulement à juguler l’inflation, mais aussi à tenter d’éviter une récession mondiale », a déclaré Kenny Polcari, associé chez Kace Capital.

Signe de la volatilité, l’indice CBOE aux Etats-Unis reste bien ancré au-dessus des 30 points et son équivalent européen a fini à 30,8 points malgré la tentative de rebond des marchés d’actions.

VALEURS

En Europe, la tendance positive a été tirée essentiellement par le compartiment défensif, l’immobilier (+2,2%) et les achats à bon compte sur les hautes technologies (+1,3%), tandis que les baisses les plus notables ont été à l’actif des matières premières (-2,7%) et de l’énergie (-4,03%), pénalisées par le repli des cours pétroliers sur fond de craintes sur la demande.

TotalEnergies et BP ont cédé respectivement 5,06% et 6,1%.

Dans l’actualité des entreprises, ABN Amro a bondi de 5,6% après des informations de Bloomberg selon lesquelles BNP Paribas (+0,4%) a exprimé son intérêt pour un rachat du groupe néerlandais. Une source a confirmé à Reuters que la banque française avait contacté le gouvernement néerlandais à ce sujet.

Le fabricant finlandais de pneus Nokian Tyres a avancé de 10,2% à la faveur du relèvement de sa prévision de chiffre d’affaires annuel. Dans son sillage, Michelin a pris 2,1%.

Le groupes britannique Tesco (+0,8%) a été soutenu par la confirmation de ses prévisions, tandis qu’EssilorLuxottica (+3,8%) a bénéficié de l’annonce du lancement d’un programme de rachat d’actions.

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,47%, le Standard & Poor’s 500 de 0,24%, tandis que le Nasdaq prend 0,77%. Les trois indices s’acheminent sur l’ensemble de la semaine vers une troisième perte hebdomadaire consécutive.

Aux valeurs, les groupes de croissance sont soutenus par des achats à bon compte. Apple et Amazon gagnent respectivement 1,2% et 1,5%, mais Adobe perd 2,3%, ses prévisions étant jugées décevantes.

Revlon s’envole de 80,5% après une information selon laquelle le conglomérat indien Reliance Industries envisage un rachat du groupe américain de cosmétiques, qui a déposé le bilan mercredi.

Côté baisse, le compartiment de l’énergie, qui accuse un repli de près de 15% cette semaine, recule vendredi de 5% et se dirige vers la mauvaise performance sectorielle.

LES INDICATEURS DU JOUR

La production industrielle aux Etats-Unis a enregistré en mai un ralentissement plus marqué que prévu avec une hausse de seulement 0,2% après 1,4% en avril.

TAUX

Les taux en Europe ont été volatils vendredi au lendemain des propos de Christine Lagarde. Selon des sources, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), a déclaré jeudi que le mécanisme anti-fragmentation en cours d’élaboration pour éviter des écarts de rendements trop importants entre les obligations du bloc pourrait être activé en cas de dépassement de seuils prédéterminés, sans toutefois préciser le niveau de ces seuils.

« Au regard de la très faible visibilité des perspectives à court terme sur les marchés, nous nous attendons à ce qu’une volatilité élevée persiste », a déclaré Piet Christiansen, analyste chez Danske Bank.

Alternant hausse et baisse, le rendement du Bund allemand à dix ans a fini en repli de 2,7 points de base à 1,669%. Son équivalent français de même échéance a abandonné 5,1 points à 2,211%.

En Italie, la baisse a été plus marquée avec un repli de 18,3 points à 3,675%.

L’écart de rendements entre les obligations allemandes à dix ans allemand et celles italiennes de même échéance est tombé sous les 200 points de base, contre plus de 250 points au plus haut jeudi.

Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans, lui aussi volatil, cédait 7,4 points à 3,231% à la clôture des Bourses en Europe après être monté en séance à 3,292%.

CHANGES

Aux changes, l’indice mesurant les fluctuations du dollar face à un panier de devises de référence, rebondit de 1,23% et s’achemine vers un gain d’environ 0,75% sur l’ensemble de la semaine. Contre le yen le billet vert a pris vendredi jusqu’à 1,6% à 134,14 après la décision de politique monétaire sans surprise de la Banque du Japon.

L’euro, en repli de 0,7%, se traite à 1,0473 dollar après être monté jeudi à 1,0601.

PÉTROLE

Le pétrole recule nettement en raison des craintes d’une récession et d’une baisse des contrats à terme sur l’essence aux Etats-Unis, les analystes estimant que la flambée des prix à la pompe pourrait décourager la demande des ménages, les tarifs du diesel ayant atteint un record à 5,798 dollars le gallon vendredi, tandis que ceux de l’essence sont ressortis à 5,016 dollars le gallon cette semaine.

Le Brent reflue de 4,74% à 114,13 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 5,47% à 111,26 dollars.

Sur l’ensemble de la semaine, le Brent se dirige vers sa première perte hebdomadaire en cinq semaines et le WTI vers sa première en huit semaines.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Sophie Louet)

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