Les droits de douane sur les véhicules électriques sont « un piège », prévient le DG de Stellantis
(Reuters) – Stellantis s’attend à une bataille majeure avec ses concurrents chinois sur le marché européen des véhicules électriques (VE), mettant en garde contre les conséquences importantes sur l’emploi et la production, a déclaré mercredi le directeur général du groupe, Carlos Tavares.
Les droits de douane sur les véhicules chinois importés en Europe et aux États-Unis constituent « un piège majeur pour les pays qui s’engagent dans cette voie », a-t-il déclaré dans une interview accordée à Reuters.
Ces tarifs douaniers ne permettront pas aux constructeurs automobiles occidentaux d’éviter une restructuration pour relever le défi des constructeurs chinois à moindres coûts, a ajouté le dirigeant.
Les autorités américaines ont déclaré mercredi qu’elles prévoyaient d’imposer des droits de douane allant jusqu’à 100% sur les VE et les matériaux destinés aux VE fabriqués en Chine d’ici le 1er août.
De son côté, la Commission européenne (CE) dévoilera le 5 juin une première décision sur les droits de douane potentiels sur les importations chinoises de véhicules électriques. La Chine a menacé d’imposer des droits de douane en contrepartie.
« Lorsque vous luttez contre la concurrence pour absorber 30% de l’avantage de compétitivité en faveur des Chinois, il y a des conséquences sociales. Mais les gouvernements, les gouvernements européens, ne veulent pas faire face à cette réalité maintenant », a déclaré Carlos Tavares.
Le dirigeant estime que les droits de douane ne feront qu’alimenter l’inflation dans les régions où ils sont imposés, ce qui pourrait avoir un impact sur les ventes et la production.
« Nous ne parlons pas d’une période darwinienne, nous y sommes », a ajouté Carlos Tavares lors de la conférence Reuters Events Automotive Europe à Munich, ajoutant que la bataille des prix avec ses concurrents asiatiques sera « très dure ».
« Cela ne va pas être facile pour les concessionnaires. Cela ne va pas être facile pour les fournisseurs. Cela ne va pas être facile pour les équipementiers. Comme nous le savons en Europe, tout le monde parle de changement tant que le changement est pour quelqu’un d’autre », a-t-il dit.
Les constructeurs automobiles chinois sont déjà en passe de vendre 1,5 million de véhicules en Europe, ce qui équivaut à une part de marché de 10% et à une production pouvant atteindre 10 usines d’assemblage, a déclaré Carlos Tavares.
« Si nous laissons croître la part des équipementiers chinois, il est évident que nous allons créer une surcapacité, à moins que nous ne luttions contre cette concurrence », a-t-il précisé.
Carlos Tavares a indiqué que Stellantis menait des « discussions très enrichissantes » avec les syndicats de ses opérations en Europe.
La semaine dernière, Stellantis a annoncé le début des ventes des VE de son partenaire chinois Leapmotor en dehors de la Chine au cours de cette année, en commençant par l’Europe en septembre.
La coentreprise Stellantis-Leapmotor – la première entre un constructeur automobile occidental et chinois conçue pour vendre et produire des VE d’un constructeur chinois hors de Chine – aidera le groupe franco-italien à élargir son offre mondiale de véhicules à bas prix.
« Nous essaierons d’être chinois nous-mêmes, ce qui signifie qu’au lieu d’être purement défensifs face à l’offensive chinoise, nous voulons faire partie de l’offensive chinoise », a déclaré Carlos Tavares.
(Reportage Joseph White et Christoph Steitz, avec la contribution de Giulio Piovaccari à Milan ; version française Lina Golovnya, édité par Blandine Hénault)