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Les actions repartent à la baisse, les taux d’intérêt inquiètent

par Claude Chendjou

PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en baisse mardi et les Bourses européennes, à l’exception de Londres, évoluent dans le rouge à mi-séance, le rebond de la veille, né des nouvelles rassurantes en provenance de Chine, commençant à s’estomper pour laisser place aux inquiétudes sur l’inflation et les taux d’intérêt, deux facteurs qui pèsent sur les marchés depuis le début de l’année.

Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,60% pour le Dow Jones, de 0,98% pour le Standard & Poor’s 500 et de 1,26% pour le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 abandonne 0,86% à 6.492,77 vers 11h10 GMT. À Francfort, le Dax cède 1%. À Londres, le FTSE grignote 0,04%.

L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 reflue de 0,47%, l’EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,97% et le Stoxx 600 de 0,64%.

Le regain d’appétit pour le risque, qui a porté lundi les valeurs de croissance à la faveur notamment de l’envolée en Bourse du géant chinois des VTC Didi et d’un nouvel allègement des restrictions sanitaires à Pékin et à Shanghaï semble avoir fait long feu, les investisseurs jouant la carte de la prudence avant une série de grands rendez-vous cette semaine.

Jeudi se tiendra la réunion du conseil des gouverneurs de Banque centrale européenne (BCE) et vendredi seront publiées les statistiques des prix à la consommation aux Etats-Unis pour le mois de mai.

Sujet de préoccupation sur les marchés, la crainte d’une accélération du resserrement monétaire s’est confirmée mardi. La banque centrale australienne a surpris en relevant son principal taux d’intérêt d’un demi-point, une hausse plus forte qu’anticipé, et elle a prévenu que le mouvement pourrait se poursuivre dans les mois à venir pour juguler l’inflation.

Aux Etats-Unis, les marchés anticipent des hausses de taux d’un demi-point ce mois-ci et en juillet et de près de 200 points d’ici la fin de l’année, tandis qu’en zone euro, une augmentation de 133 points est attendue d’ici la fin de l’année.

« Il y a actuellement pas mal d’incertitudes en termes d’inflation et de perspectives de croissance et tant que les investisseurs n’auront pas une idée un peu plus précise de la trajectoire de la hausse des taux d’intérêt, les actions risquent de souffrir », a expliqué Raffi Boyadjian, analyste spécialisé dans les investissements chez XM.

Côté indicateurs économiques, les craintes d’une baisse de l’activité ont été ravivées par les commandes à l’industrie en Allemagne, qui ont accusé un recul surprise en avril, la troisième baisse depuis février, avec une contraction de 2,7%, dans un contexte d’incertitudes liées à la guerre Ukraine.

En Grande-Bretagne, où le Premier ministre Boris Johnson a sauvé lundi son poste après une motion de défiance de son parti, les entreprises souffrent de la hausse des prix puisque la croissance de l’activité du secteur privé a ralenti en mai, avec un indice PMI composite à 53,1, au plus bas depuis février 2021. LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

Target chute de 5,3% en avant-Bourse et pèse sur les contrats à terme sur indices à Wall Street après une nouvelle révision à la baisse par la chaîne de supermarchés américaine de ses prévisions de marge d’exploitation.

Kohl’s bondit de 15,3% en avant-Bourse, l’enseigne de grands magasins ayant entamé des négociations exclusives avec l’opérateur de boutiques Franchise Group en vue d’un possible rachat sur la base d’une valorisation de près de huit milliards de dollars (7,49 milliards d’euros), ont annoncé les deux sociétés lundi soir.

VALEURS EN EUROPE

En Europe, hormis l’énergie (+0,09%), tous les grands compartiments du Stoxx 600 évoluent dans le rouge, la plus forte baisse étant à l’actif des nouvelles technologies qui sont pénalisées à la fois par des prises de bénéfices au lendemain de leur envolée et la remontée des rendements obligataires.

Leur indice Stoxx cède 1,24%, tandis que Worldline, STMicroelectonics, SAP, Capgemini ou encore ASML abandonnent de 0,2% à 1,26%.

Dassault Systèmes perd 2,5%, pénalisé par l’abaissement de la recommandation de Jefferies, qui exprime des doutes sur la capacité de l’éditeur de logiciels à tenir ses objectifs dans l’informatique dématérialisée (« cloud ») sans recourir à des acquisitions.

SAS chute de 11,95%, le gouvernement suédois ayant décidé de ne plus injecter de capitaux dans la compagnie aérienne scandinave.

TAUX

Les rendements obligataires, qui ont atteint des niveaux records en début de séance, fléchissent à la mi-journée, certains analystes estimant que les hausses de taux sont déjà bien intégrées.

Le taux du Bund allemand à dix ans, qui a touché brièvement en début de séance un sommet de huit ans à 1,343%, cède trois points de base à 1,298%. Celui à deux ans est monté à un pic de 11 ans et celui à cinq ans à un plus haut de neuf ans, à respectivement 0,697% et 1,079%.

Aux Etats-Unis, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans se maintient au-dessus de 3%, un niveau franchi lundi pour la première fois depuis près d’un mois.

CHANGES

L’indice dollar, qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de grandes devises, évolue à un sommet de deux semaines, soutenu par la remontée des rendements obligataires. Il gagne 0,21% et face au yen, il a inscrit un nouveau plus haut de 20 ans, la devise nippone étant tombée à 133 pour un dollar au lendemain des propos du gouverneur de la banque centrale japonaise Haruhiko Kuroda, sur l’engagement inébranlable de l’institution en faveur d’une « puissante » relance monétaire.

L’euro, en repli de 0,14%, souffre moins que le yen et se traite à 1,0677.

La livre sterling, elle, est tombée à un creux de près de trois semaines face au dollar à 1,2433, après le vote serré des députés conservateurs sur la confiance au Premier ministre britannique.

PÉTROLE

Les cours pétroliers, globalement stables à la mi-séance, évoluent au gré des tensions sur l’approvisionnement, de la perspective d’une hausse de la demande avec l’assouplissement des restrictions sanitaires en Chine et du regain d’appétit pour le risque.

Le baril de Brent cède 0,14% à 119,35 dollars et celui du brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,05% à 118,44 dollars.

(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)

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