Les actions européennes devraient tenter un rebond
PARIS (Reuters) – Les principales Bourses européennes sont attendues en hausse mardi, la pression vendeuse semblant refluer au moins temporairement après la séance agitée de la veille, dominée par la révision accélérée des anticipations de hausse des taux américains.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une progression de 1,04% pour le CAC 40 à Paris, de 1,22% pour le Dax à Francfort, de 0,83% pour le FTSE 100 à Londres et de 1,11% pour l’EuroStoxx 50.
Le marché parisien vient de perdre 8% en cinq séances, ce qui l’a ramené à son plus bas niveau depuis le 8 mars. Quant à l’indice large européen Stoxx 600, il a inscrit lundi sa pire clôture depuis mars 2021 après une chute de 7,12% sur les cinq dernières séances.
Ce repli brutal s’explique avant tout par la révision rapide à la hausse des anticipations de remontée des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, conséquence des chiffres supérieurs aux attentes de l’inflation aux Etats-Unis.
Le Standard & Poor’s 500 américain, lui, a rejoint lundi le Nasdaq en « bear market », soit plus de 20% en dessous de son record de janvier.
« La dernière fois que le S&P 500 a connu quatre jours consécutifs de baisse d’une telle ampleur, c’était en mars 2020 », note John Plassard, directeur de Mirabaud Securities.
Goldman Sachs a par exemple annoncé lundi soir tabler désormais sur des hausses de taux de 75 points de base mercredi et le mois prochain et la probabilité estimée d’une hausse de trois quarts de point de l’objectif de taux des « fed funds » est passée de 30% à 96% en moins de 24 heures selon le baromètre FedWatch de CME.
« Si tout se passe comme prévu, cela signifie que le principal taux d’intérêt de référence de la Fed aura augmenté de 1,5 point de pourcentage en l’espace de trois mois seulement », souligne John Plassard.
Or pour les investisseurs, une remontée aussi rapide du coût du crédit risque de faire basculer la première économie mondiale dans la récession et de dégrader la rentabilité des sociétés cotées.
Autre perspective défavorable pour les marchés: celle d’une nouvelle dégradation de la situation sanitaire en Chine, où les autorités ont décidé de tester plusieurs millions de personnes à Pékin après la découverte d’un cluster dans un bar.
TAUX
Les rendements des emprunts d’Etat américains varient peu dans les échanges en Asie mais conservent l’essentiel des hausses spectaculaires enregistrées lundi: le dix ans a atteint son plus haut niveau depuis 2011 à 3,381%, le deux ans est monté au plus haut depuis décembre 2007 à 3,283% et le cinq ans a atteint 3,489%, au plus haut depuis juillet 2008.
La portion deux ans-dix ans de la courbe des rendements, qui s’était brièvement inversée, est toutefois redevenue positive.
Le degré très inhabituel d’incertitude sur les décisions de la Fed a perturbé l’adjudication de 45 milliards de dollars de papier à trois mois du Trésor qui a eu lieu lundi, qualifiée d' »historiquement horrible » par les économistes de Jefferies.
En Europe, le rendement à dix ans allemand est en légère hausse dans les tout premiers échanges à 1,606% après la confirmation d’une inflation à 8,7% sur un an en Allemagne en mai.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini en très forte baisse lundi et repoussé l’indice Standard & Poor’s 500 dans la très redoutée zone de « bear market » tandis que les rendements obligataires faisaient le chemin inverse et s’adjugeaient des hausses spectaculaires.
L’indice Dow Jones a cédé 2,79%, ou 876,05 points, à 30.516,74, le S&P-500 perdu 151,23 points, soit 3,88%, à 3.749,63 et le Nasdaq Composite a reculé de 530,8 points (-4,68%) à 10.809,23.
A ce niveau, le S&P 500 accuse une baisse de près de 22% par rapport à son pic de clôture du 3 janvier (4.976,56 points) et entre officiellement dans une zone de « bear market » ou marché baissier. L’indice de volatilité du CBOE, également appelé « indice de la peur », a terminé à son plus haut niveau depuis le 9 mai.
Les principaux compartiments du S&P 500 ont tous fini dans le rouge et seules une dizaine des valeurs qui le composent ont terminé dans le vert. Au sein du Dow, les baisses les plus spectaculaires ont touché Boeing, qui a chuté de 8,75%, Salesforce (-6,89%) et Dow (-5,3%).
Les contrats à terme indiquent pour l’instant une ouverture en hausse de plus de 1%.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a fini en baisse de 1,32%, pénalisé à la fois par la perspective du resserrement accéléré de la politique de la Fed et par la crainte de nouvelles restrictions sanitaires en Chine.
Les marchés chinois, eux, réduisent leur perte à l’approche de la clôture: le SSE Composite de Shanghai ne cède plus que 0,39% et le CSI 300 abandonne 0,81%.
CHANGES
Le dollar est pratiquement inchangé face aux autres grandes devises, tout près du plus haut de 20 ans inscrit lundi grâce au double effet porteur des anticipations de hausse des taux américains et du repli sur les valeurs refuges.
Le yen, qui progressait en début de séance, est reparti à la baisse après l’annonce par la Banque du Japon d’une nouvelle enveloppe de 800 milliards de yens d’achats d’obligations d’Etat, destinée à faire baisser les rendements.
L’euro regagne un peu de terrain à 1,0438 dollar après un bref passage sous 1,04, au plus bas depuis le 16 mai.
Les principales cryptomonnaies remontent, à 22 502,39 dollars pour le bitcoin (+0,23%) et 1 222,38 dollars pour l’Ether (+1,13%).
PÉTROLE
Le marché pétrolier, après un début de journée hésitant entre les craintes de récession et les signes tensions sur l’offre, est désormais clairement orienté à la hausse.
Le Brent gagne 0,73% à 123,16 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,69% à 121,76 dollars.
(Rédigé par Marc Angrand)