Le retour de Trump profite aux obligations européennes, pas à l’euro
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Yoruk Bahceli et Lucy Raitano
LONDRES (Reuters) – Les investisseurs anticipent de nouvelles difficultés économiques en Europe qui pourraient accentuer les pertes de l’euro et nuire aux marchés actions alors qu’une deuxième présidence de Donald Trump augmente les perspectives de tarifs douaniers élevés.
Les obligations européennes pourraient quant à elles tirer leur épingle du jeu car la probabilité que la Banque centrale européenne (BCE) baisse ses taux d’intérêt pour contrer un potentiel ralentissement économique augmente. Mais les investisseurs, évaluant la mise en œuvre des promesses de Donald Trump après sa victoire électorale mercredi, modèrent toutefois encore leurs anticipations.
Les enjeux sont importants pour une région qui a dû faire face à la pandémie, à la guerre en Ukraine et aux tensions commerciales mondiales ces dernières années. D’autant que l’élection de Donald Trump intervient à un moment d’incertitude politique en France mais aussi en Allemagne, où le chancelier Olaf Scholz a jeté l’incertitude sur l’avenir du gouvernement allemand mercredi en limogeant le ministre des Finances Christian Lindner.
Donald Trump a promis d’imposer des tarifs douaniers de 10% sur les importations en provenance de tous les pays, ce qui constitue un coup dur pour l’Union européenne (UE) dont le déficit commercial avec les États-Unis est le deuxième plus important au monde et qui est le plus grand exportateur vers les États-Unis, selon JPMorgan.
L’UE risque même de souffrir davantage en raison de ses liens étroits avec la Chine, Donald Trump s’étant engagé à appliquer des droits de douane de 60% sur ses importations, et pourrait devoir augmenter ses dépenses de défense si les Etats-Unis retirent leur soutien à l’Ukraine.
Dans ce contexte, marqué par des anticipations de réductions de taux de la BCE, les rendements des obligations allemandes à court terme ont baissé alors que les prix ont augmenté. Les obligations à plus long terme ont quant à elles résisté à la hausse des rendements du Trésor américain.
« Le marché obligataire européen a réagi en anticipant une croissance plus faible, ce qui peut être compensé par des réductions de taux de la part de la BCE, sans que cela ne soit assez agressif pour nous entraîner dans une grave récession », a déclaré Nick Hayes, responsable du Total Return & Fixed Income chez AXA Investment Managers, qui privilégie les obligations européennes.
La réaction a d’abord été positive sur les marchés boursiers européens, portés par la hausse de leurs homologues américains et le soulagement d’un résultat électoral clair, avant de revenir en territoire négatif et de clôturer mercredi en nette baisse.
« La certitude est qu’il (Donald Trump, NDLR) est de retour, l’incertitude réside dans ce qu’il va faire », a résumé Nick Hayes.
Dans un signe clair d’inquiétude, l’euro a plongé d’environ 2% par rapport au dollar mercredi, s’approchant de sa plus forte baisse quotidienne depuis la crise du COVID en 2020.
JPMorgan, ING et ABN AMRO estiment qu’une chute à la parité pourrait se répéter sous une présidence Trump en fonction de l’ampleur des tarifs douaniers, ainsi que des réductions d’impôts qui pourraient alimenter l’inflation américaine et limiter les réductions de taux de la Réserve fédérale américaine.
INCERTITUDES
La suite dépendra de l’ampleur et du rythme des droits de douane et des réductions d’impôts, de la mesure dans laquelle ils relanceront l’inflation américaine et des contre-mesures prises par l’Europe et la Chine, estiment les investisseurs.
La prise de contrôle du Congrès par les Républicains de Donald Trump déterminera la part de son programme qu’il pourra mettre en œuvre.
Goldman Sachs a déclaré mercredi s’attendre à des droits de douane plus limités sur l’Europe, prévoyant un impact de 0,5% sur le produit intérieur brut (PIB) de la zone euro.
L’euro, retombé à environ 1,07 dollar, est loin du niveau de parité qu’il a atteint pour la dernière fois lors de la crise énergétique de 2022. Deutsche Bank s’attend à ce qu’il tombe à 1,05 dollar d’ici la fin de l’année.
« Oui, les droits de douane sont une préoccupation majeure, mais il faut tenir compte de la croissance relative », a rappelé Arun Sai, stratège principal en gestion multi-actifs chez Pictet Asset Management, qui parie sur une stabilisation de la croissance dans la zone euro et un ralentissement de la croissance aux États-Unis.
Pour Arun Sai, Donald Trump ne mettra pas immédiatement en œuvre tous ses engagements en matière de droits de douane.
Federico Cesarini, responsable du marché des changes des marchés développés chez Amundi Investment Institute, estime que les opérateurs de marché devraient complètement exclure les baisses de taux de la Fed pour pousser l’euro à la parité.
Ceux-ci s’attendent toujours à une baisse des taux de la Fed jeudi et à un assouplissement de plus de 100 points de base d’ici la fin de l’année 2025.
GAGNANTS ET PERDANTS
Alors que leur reprise s’essouffle, les marchés boursiers européens ont vu un indicateur clé de la volatilité,, s’acheminer vers sa plus forte baisse journalière en sept semaines.
Les actions des secteurs de la défense et de l’aérospatiale ont surperformé, augmentant tous deux de 2%, aidées par les prévisions de hausse des dépenses de défense eu Europe.
Pour Hani Redha, gestionnaire de portefeuille multi-actifs chez PineBridge Investments, la réaction du marché boursier européen mercredi doit être considérée « dans le contexte d’une performance assez abyssale des actions européennes par rapport à pratiquement toutes les autres régions au cours des trois derniers mois ».
« Beaucoup de mauvaises nouvelles sont déjà intégrées dans le prix », a-t-il ajouté.
Les investisseurs estiment toutefois que les gains éventuels pourraient être de courte durée à mesure que les conséquences des politiques de Donald Trump sont appréhendées.
Les énergies renouvelables, menacées par les politiques énergétiques du magnat de l’immobilier, ont fortement chuté, tout comme les actions du secteur automobile, qui devraient être les plus touchées par les nouveaux tarifs douaniers.
Les constructeurs automobiles Porsche, BMW et Volkswagen ont chuté de 5,4% à 7,7% mercredi.
« L’Europe subit le pire des deux mondes et ce, à un moment où l’économie est en difficulté », a déclaré Seema Shah, stratège en chef chez Principal Asset Management, qui sous-pondère les actions européennes.
(Reportage de Yoruk Bahceli et Lucy Raitano ; avec Samuel Indyk et Dhara Ranasinghe ; version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)
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