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Le marché hypothécaire britannique est-il au bord de la catastrophe?

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Londres (Reuters) – La flambée des coûts hypothécaires inquiète en Grande-Bretagne, mais les banques semblent pour le moment optimistes quant aux capacités de remboursement des emprunteurs.

La forte hausse des taux directeurs de la Banque d’Angleterre (BoE), qui atteint 5% jeudi, risque de mettre cet optimisme à l’épreuve, d’autant que les consommateurs doivent déjà composer avec des prix toujours plus élevés.

Voici quelques outils dont disposent les banques pour limiter les turbulences sur le marché immobilier britannique, qui totalise 1.700 milliards de livres (1.974,53 milliards d’euros).

POURQUOI LES TAUX HYPOTHÉCAIRES ONT-ILS GRIMPÉ EN FLÈCHE?

Les prêts hypothécaires peuvent être à taux fixes ou variables, mais sont tous les deux exposés à la politique monétaire de la BoE. Les taux variables sont indexés sur le taux directeur de la BoE : à chaque fois que la banque centrale relève ses taux, la hausse est automatiquement répercutée sur les emprunteurs.

Les taux fixes ne le sont en réalité que sur une période de deux à cinq ans, et sont calculés sur la base des swaps sur les taux d’intérêts, des instruments qui reflètent les prévisions des investisseurs sur les taux directeurs futurs de la BoE.

Or, la persistance de l’inflation britannique a poussé à la hausse les anticipations des marchés : les swaps à deux ans et à cinq ans ont atteint respectivement 5,99% et 5,26% jeudi, selon des données de Refinitiv Eikon, un niveau record que les banques disent devoir répercuter sur les taux d’emprunts pour éviter d’enregistrer des pertes sur leurs prêts hypothécaires.

QUI EST À RISQUE ?

Les banques assurent que seul un petit nombre de clients sont confrontés à des difficultés de remboursement.

L’une des raisons de cette résistance tient à un marché de l’emploi solide, qui limite les pertes de revenus, mais toute hausse importante du chômage pourrait changer la donne.

Sur près de 9 millions de prêts hypothécaires résidentiels, 800.000 devraient cesser d’être remboursés à taux fixe au cours du second semestre 2023, et 1,6 million de ménages seront concernés en 2024, selon les données de UK Finance, une association du secteur bancaire.

Un sondage de l’association caritative StepChange, publié jeudi, montre par ailleurs que 45% des emprunteurs, soit 6,9 millions de personnes, ont eu du mal à honorer leurs factures et leurs prêts.

Y AURA-T-IL DES SAISIES MASSIVES ?

Selon UK Finance, environ 750 propriétés hypothéquées ont été saisies sur les trois premiers mois de l’année, une hausse de 50% sur un trimestre, mais ce nombre reste bien en deçà des niveaux observés lors des crises précédentes, tandis que seuls 0,8% des prêts hypothécaires en cours sont en retard de paiement.

Les banques affirment que des critères d’accessibilité plus stricts, des périodes de grâce flexibles pour les clients et un changement de culture, dans un secteur bancaire où se sont succédé les scandales, limitent les risques de saisies massives.

QUE FONT LES BANQUES POUR AIDER LEURS CLIENTS ?

Les grandes banques ont offert de l’aide aux clients qu’elles identifient comme ayant besoin d’un soutien, et qui peut prendre la forme d’un contrôle des capacités financières, de suspensions de paiement temporaires, de suspensions du remboursement du capital, ou une extension des périodes de remboursement.

QUE POURRAIT DEMANDER LE GOUVERNEMENT AUX BANQUES ?

Le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt, doit rencontrer les patrons des banques vendredi pour discuter du sujet.

Le ministre a déclaré que le gouvernement n’offrirait pas d’aide financière importante et que les banques devaient aider les emprunteurs confrontés à des taux d’intérêt plus élevés, conformément à leurs engagements.

Pendant la pandémie, le gouvernement avait ordonné aux banques de proposer des suspensions de remboursements aux emprunteurs, mais le secteur estime que de nouvelles suspensions pourraient avoir des conséquences inattendues.

L’allongement des durées pendant lesquelles les taux sont fixes pourrait être une piste, tout comme un retour des aides à l’achat pour les primo-accédants.

(Reportage Sinead Cruise, Iain Withers, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

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