L’aversion au risque domine encore avec les doutes sur la dette américaine
par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en baisse mardi et les Bourses européennes, hormis Londres, poursuivent leur repli à mi-séance dans un contexte d’aversion au risque alimentée par les incertitudes sur le plafond de la dette américaine, par la publication d’indices PMI en Europe mitigés et par la remontée des rendements obligataires et du dollar.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,13% pour le Dow Jones, de 0,14% pour le Standard & Poor’s 500 et de 0,12% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 fléchit de 0,85% à 7.414,49 vers 11h35 GMT, pénalisé essentiellement par les valeurs du luxe et Vivendi. À Francfort, le Dax abandonne 0,22%. À Londres, le FTSE avance de 0,27%, tiré par le compartiment de l’immobilier et celui de l’énergie.
L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 reflue de 0,27%, l’EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,52% et le Stoxx 600 de 0,27%.
Alors que plane de plus en plus le spectre d’un défaut de paiement des Etats-Unis à l’approche de la date du 1er juin, Joe Biden et le « speaker » de la Chambre des représentants, le républicain Kevin McCarthy, ont dit lundi avoir eu une réunion « productive » sans toutefois parvenir à un accord sur le relèvement du plafond de la dette du pays.
« Les négociations sur le plafond de la dette avancent lentement (…) et avec l’incertitude qui plane, les gains sur les marchés boursiers sont freinés », souligne dans une note Susannah Streeter, responsable changes et marchés financiers chez Hargreaves Lansdown.
Concernant les indicateurs de conjoncture, les PMI pour le mois de mai aux Etats-Unis sont attendus à 13h45 GMT. En zone euro, ils ont montré que la croissance de l’activité s’essoufflait avec un indice PMI composite tombé ce mois-ci à 53,3 contre 54,1 en avril. Au Royaume-Uni, l’activité des services a également ralenti en mai à 55,1 contre 55,9, tandis que celle de l’industrie s’est à nouveau contractée, à 46,9 après 47,8. Le FMI estime cependant que le Royaume-Uni devrait échapper à une récession cette année.
Lowe’s reculait d’environ 2% en avant-Bourse après l’abaissement par le groupe de ses prévisions annuelles de ventes à périmètre comparable et de bénéfice.
VALEURS EN EUROPE
Vivendi chute de 6,78%, accusant la plus forte baisse du CAC 40, en raison de la cession de titres du groupe de médias par l’homme d’affaires Vincent Bolloré, selon des traders.
Les valeurs du luxe comme LVMH, Hermès et Kering, sensibles aux variations sur les taux d’intérêt, reculent de 2,10% à 4,37% alors que les rendements des emprunts d’Etat en zone euro se tendent.
Rallye (-1,75%), la maison mère de Casino, dont l’action est suspendue, est délaissé malgré l’annonce de l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers.
Ailleurs en Europe, la banque suisse Julius Baer plonge de 8,44%, s’acheminant vers sa pire séance en trois ans, en raison d’une déception sur ses flux de capitaux sur les quatre premiers mois de l’année.
BT Group est dans le rouge alors que Patrick Drahi, le fondateur d’Altice, a annoncé mardi avoir porté sa participation dans l’opérateur télécoms à 24,5% et réaffirmé n’avoir pas l’intention de procéder à une prise de contrôle totale du groupe.
TAUX
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour l’ensemble de la zone euro, prend plus de quatre points de base à 2,494% alors que les marchés monétaires tablent sur au moins deux autres hausses de taux de la Banque centrale européenne cette année, ce qui porterait son taux de dépôt à 3,75%.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans avance d’environ trois points à 3,7476%, plusieurs responsables de la Fed, à l’image de James Bullard et de Neel Kashkari, ayant plaidé la veille pour une poursuite du resserrement monétaire, même en cas de pause en juin.
CHANGES
Le dollar s’apprécie pour la deuxième séance consécutive, de 0,3%, face à un panier de devises de référence, porté par les propos « hawkish » de plusieurs responsables de la Fed. Le billet vert se rapproche de son pic de deux mois touché la semaine dernière à 103,63 points.
L’euro se traite à 1,0783 dollar (-0,26%) et accuse à ce stade un repli de plus de 2% depuis le début du mois.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont soutenus par une hausse de la demande d’essence aux Etats-Unis et la baisse de la production de l’Opep+, ce qui permet de reléguer au second plan les inquiétudes sur le plafond de la dette américaine.
Le Brent gagne 0,79% à 76,59 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 0,82% à 72,64 dollars.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)