La France veut accélérer sur l’union des marchés de capitaux
GAND, Belgique (Reuters) – La France a proposé vendredi que les pays membres de l’Union européenne qui soutiennent la création d’une union des marchés de capitaux constituent dès maintenant un groupe pionnier afin de faire avancer ce projet qui piétine depuis dix ans.
S’exprimant avant une réunion des ministres des Finances de l’UE à Gand, en Belgique, Bruno Le Maire a estimé que cette union était indispensable pour mobiliser des capitaux privés afin d’investir massivement dans la transition écologique et l’intelligence artificielle.
« Je ne peux plus accepter que les choses continuent de traîner de cette manière-là. Je lance donc ce matin, à Gand, un appel à tous les Etats européens qui le souhaitent pour lancer l’union des marchés de capitaux sur une base volontaire. Ce sera peut-être deux, trois, quatre, cinq Etats, peu importe (…) et nous verrons quand nous serons à 27 », a déclaré le ministre français de l’Economie et des Finances.
« Démarrons à quelques-uns sur la base de trois propositions concrètes, d’abord une supervision européenne volontaire (…). Deuxième proposition très concrète, je propose que nous mettions en place un produit d’épargne européen avec les Etats qui le souhaitent (…). Troisième proposition : mettons en place une garantie pour la titrisation », a précisé Bruno Le Maire.
La France et l’Allemagne estiment que l’économie européenne a besoin de 500 milliards d’euros d’investissements privés supplémentaires chaque année pour faire face à la transition écologique et à la révolution numérique, des capitaux mobilisables à condition qu’il soit plus facile d’investir sur des marchés européens des capitaux très fragmentés.
« Il n’y a pas assez d’argent disponible, l’argent des Européens, il dort, au lieu de travailler. Et si nous voulons que l’argent des Européens travaille au lieu de dormir, il faut mettre en place l’union des marchés de capitaux sans délai. Dès 2024, il doit y a avoir des progrès sur l’union des marchés de capitaux », a encore souligné Bruno Le Maire.
Son homologue allemand des Finances, Christian Lindner, a dit espérer des progrès sur le projet tout en souhaitant qu’il continue de faire l’objet de discussions à 27.
« Les initiatives bilatérales ou en petits cercles sont possibles, ce n’est pas exclu, mais le but doit être d’avancer tous ensemble », a-t-il dit avant la réunion de l’Eurogroupe.
Le projet d’une union des marchés de capitaux a été lancé en 2014 avec l’objectif de faciliter les investissements au sein de l’UE en unifiant les règles sur les faillites, la taxation des revenus du capital, etc.
(Jan Strupczewski, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, avec Benoît Van Overstraeten et Piotr Lipinski, édité par Sophie Louet)