La chute du géant indien Adani, accusé de fraude, se poursuit en Bourse
par Chris Thomas et Aditya Kalra
NEW DELHI (Reuters) – La plupart des actions du groupe Adani ont creusé leurs pertes lundi en Bourse de Bombay, les dénégations du conglomérat indien aux accusations de fraude portées par une société américaine d’investissement n’ayant pas réussi à apaiser les craintes des investisseurs, ce qui porte à près de 70 milliards de dollars (64,2 milliards d’euros) de capitalisation boursière l’ampleur des pertes en trois jours.
Adani Enterprises, le fleuron du conglomérat présent dans les mines, les aéroports, l’électricité ou encore les médias, a gagné 4,76% au terme d’une séance en dents de scie, loin d’effacer la chute de 20,10% de la semaine dernière.
Le groupe Adani, dirigé par le milliardaire Gautam Adani, l’homme le plus riche d’Asie, a rejeté dimanche les informations d’Hindenburg Research – fruits de deux ans d’investigations – selon lesquelles le conglomérat a utilisé des entités fictives offshores dans des paradis fiscaux aux Caraïbes notamment « dans le but apparent de générer un chiffre d’affaires fictif ou illégitime et de détourner l’argent des sociétés cotées ».
Hindenburg Research, spécialisé dans la vente à découvert, ajoute entre autres dans son enquête que les principales entreprises cotées du groupe présentent une « dette substantielle » mettant l’ensemble de la structure dans une « situation financière précaire ».
Gautam Adani a déclaré que les informations d’Hindenburg avait pour but de permettre au vendeur à découvert basé aux Etats-Unis de réaliser des gains financiers massifs par des moyens illicites, sans avancer de preuves.
« Toutes les transactions que nous avons conclues avec des entités qualifiées de ‘parties liées’ en vertu des lois indiennes et des normes comptables ont été dûment divulguées de notre part », a déclaré Adani dans un communiqué de 413 pages.
Le groupe a fait savoir jeudi qu’il envisageait de prendre des mesures contre Hindenburg, qui a répondu le même jour en disant qu’elle accueillerait favorablement une telle démarche.
L’entreprise publique d’assurance-vie LIC, plus grand assureur d’Inde, a annoncé qu’elle examinait la réponse d’Adani aux critiques cinglantes du groupe américain.
« Actuellement, une situation est en train d’émerger et nous ne sommes pas sûrs de la situation réelle (…) Comme nous sommes un gros investisseur, nous avons le droit de poser des questions pertinentes et nous allons certainement nous entretenir avec eux », a déclaré à Reuters le directeur général du groupe.
Depuis sa publication mercredi, l’enquête d’Hindenburg a mené à un effondrement massif des sept sociétés cotées du groupe Adani qui ont effacé au total 66 milliards de dollars de capitalisation boursière.
Rien que ce lundi, Adani Transmission et Adani Total Gas ont plongé de 20%, Adani Green Energy de 18%. Adani Power et Adani Wilmar ont cédé 5% tandis qu’Adani Ports and Special Economic Zone a fini quasiment stable.
L’effondrement des titres Adani est un revers cinglant pour Gautam Adani, âgé de 60 ans. L’ascension fulgurante de l’homme d’affaires, issu de la classe moyenne, a vu certaines actions du conglomérat bondit de 1.500% en l’espace de trois ans seulement, ce qui a fait de lui le troisième homme le plus riche au monde avant qu’il ne soit rétrogradé lundi au huitième rang, selon le classement Forbes.
(Reportage Chris Thomas et Aditya Kalra; avec Gaurav Dogra, Bharath Rajeshwaran, Tanvi Mehta, Anshuman Daga, Aditi Shah, Jayshree Upadhyay and Anirudh Saligrama, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)